HomeA la uneBURKINA FASO : Que plus rien ne soit comme avant !

BURKINA FASO : Que plus rien ne soit comme avant !


Surgie de la gigantesque Œuvre musicale du Temps, la partition 2014 tire à sa fin. Elle cède la place à la rapsodie 2015, dont on espère qu’elle s’achèvera sur des couplets moins assourdissants et des notes plus réjouissantes. La nature de l’espèce adamique est ainsi faite, qu’elle s’attend toujours à vivre dans l’espérance d’une vie meilleure. Sur le continent noir surtout, les années ont toujours leur part de dramaturgie, emplies de tintamarres et de tourments ravageurs. 2014 n’aura pas dérogé à la règle. En fait, il n’y a rien eu de vraiment nouveau sous le soleil ardent d’Afrique! L’année qui s’éteint, comme bien d’autres avant elles qui ont été aspirées par les abîmes du néant, aura vu passer sous ses yeux, un fil d’événements malheureux et de faits tragiques dont l’Afrique semble coutumière. Car, hélas, une fois encore, elle se sera montrée incapable de se débarrasser de ses tares qui n’en finissent pas d’exhaler les odeurs nauséeuses et répugnantes de la mal-gouvernance sur fond d’incurie des élites politiques. Que dire de la tragédie centrafricaine et de la gigantesque fournaise ardente libyenne? Que penser du drame nigérian  avec, dans le rôle des ogres déjantés, des illuminés prétendant  agir pour et au nom d’Allah, et face auxquels le pouvoir nigérian aura montré  toute sa veulerie ?  Que dire du Mali qui n’en a pas encore fini avec les démons de l’irrédentisme, et de sa gouvernance erratique qui lui a valu la bronca d’institutions financières internationales tels la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI) ?  Quid des nombreux périls qui se profilent à l’horizon, face à une météo politique qui annonce bien des périls ? De fait, année charnière s’il en est, 2015 marque, pour certains pays du continent noir, le dernier virage vers des présidentielles prévues pour 2016. Et pour d’autres, la course à l’échalote est annoncée dans le courant de cette année 2015. République démocratique du Congo (RDC), Congo Brazzaville, Burundi, Rwanda, Togo, etc. Des  pays où l’agenda électoral  est fort chargé, mais où la  pratique démocratique s’avère, en réalité, un écran de fumée. C’est à croire que la récente leçon burkinabè n’a, en rien, émoussé les lubies monarchiques de ces têtes couronnées qui éprouvent décidément de la peine à s’imaginer hors du pouvoir. Comme toujours, on pense que ça n’arrive qu’aux autres ! Et patatras ! On se voit brusquement poussé avec fracas à la sortie, sous les huées et quolibets d’un peuple excédé qui aura fini par crier son ras-le-bol ! Dommage que les dirigeants du continent, dans leur grand nombre, ne sachent pas quitter avec élégance la scène ! Une fois le vin de l’irréparable tiré, ils se voient contraints de  boire, cul sec, l’amère rasade du chemin de l’exil. Comme s’il était écrit que le destin de la plupart des princes qui nous gouvernent, devait s’inscrire dans ce  schéma tragique et implacable : après la gloire, les ors et les dorures du palais, c’est la décadence et les déboires! Y a-t-il finalement lieu de se laisser convaincre “qu’on n’échappe pas à son destin” ?

A présent, braquons nos sunlights sur les événements au Burkina, tels qu’ils ont été livrés à nos yeux en 2014. Sans conteste, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers, qui aura vu la démission puis la fuite du président Blaise Compaoré, aura été l’événement politique phare de l’année au pays dit des Hommes intègres. Plus qu’un événement, un véritable tsunami politique qui aura lessivé les rivages souillés, encombrés et méconnaissables de la démocratie au Burkina, et dont la lame de fond commence à s’étendre au-delà de nos frontières. Une aube nouvelle se lève-t-elle sur  notre pays ? Il faut l’espérer.  Plaise au Ciel, en tout cas, que plus rien ne soit comme avant. Car, il faut le dire, vingt-sept ans de règne, à l’issue desquels le prince rêvait de remettre le couvert,  cela frisait le politiquement incorrect et le déni  démocratique. Une véritable claque à la démocratie s’il en est, qui a failli voir le peuple burkinabè porter, à son corps défendant, le bonnet d’âne en matière de pratiques démocratiques dans la sous-région.  Après avoir réussi l’exploit de briser, de ses mains nues,  la coque de la tyrannie, le peuple burkinabè pouvait à cet instant, s’enorgueillir d’avoir montré la voie à suivre à tous ces  peuples d’Afrique opprimés, dont l’aspiration profonde au changement est palpable.   Quant au grand perdant, Blaise Compaoré, il apprend, hélas, à ses dépens, qu’on ne triomphe jamais d’un bras de fer engagé contre son peuple. Il apprend à ses dépens qu’on ne fait pas un doigt d’honneur aux mises en garde du Clergé. Tous les dictateurs ainsi que les satrapes en herbe du continent sont prévenus ! Plutôt que de s’accrocher au socle du pouvoir comme le mollusque à son rocher, ils  devraient savoir quitter la scène avant qu’elle ne les quitte et cultiver l’art de la gouvernance vertueuse. Seule cette voie  offre une  garantie de sortie honorable et assure une retraite paisible. Joaquim Chissano, John Jerry Rawlings, Nelson Mandela, et bien d’autres encore sur le continent, ont montré qu’il y a bel et bien une vie après le pouvoir. Et que la sortie peut s’écrire en toutes autres lettres que celles de l’exil et de la risée. En ce qui concerne les Editions “Le Pays”, nous pensons avoir fait notre part de travail : rester droit dans nos bottes de  vigie de la démocratie et d’éveilleur des consciences. Ce faisant, nous ne saurions verser dans la flagornerie, la dithyrambe et le mensonge, juste pour plaire à des chapelles politiques.  Nous pensons au demeurant  que ce n’est pas la meilleure façon de leur rendre service. Et ce n’est pas l’ancien parti au pouvoir, CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès), contraint aujourd’hui à faire low profile, qui dirait le contraire. Encore moins son ancien mentor Blaise Compaoré, qui  aurait  probablement connu une sortie honorable, s’il avait médité les conseils du Fondateur des Editions “Le Pays“, Boureima Jérémie SIGUE dans son éditorial du 4 janvier 2010 (le premier avertissement public du genre),  qui l’adjurait de se garder de toute tentative de boucaner l’article 37 de la Constitution. Hélas, jusqu’au bout,  Blaise Compaoré se sera montré sourd à la clameur qui montait des entrailles d’une glèbe burkinabè assoiffée de changement.  En fonçant droit dans le mur, il l’a payé au prix fort. A trop jouer avec le feu, il a fini par se cramer les ailes. A présent qu’il réapprend  à vivre loin de  la “gloire du monde“, des voix s’élèvent déjà de ce qui reste de la foule des Raspoutine, pour crier : “On l’avait conseillé en vain...”. Cela dit, à nos nombreux lecteurs avec qui nous avons lié un pacte de confiance sur notre ligne éditoriale, nous réitérons notre engagement à ne jamais flancher. A nos  fidèles partenaires sans lesquels nous subirions le sort de l’arbuste sans ses racines, nous disons que nous travaillons à ce que le meilleur soit toujours à venir. Enfin, à tous les Burkinabè d’ici et d’ailleurs,  nous  adressons  nos vifs et chaleureux vœux de  Nouvel an. Bonne et heureuse année 2015 à toutes et à tous.

 

Cheick Beldh’or SIGUE, Directeur général, Directeur de publication des Editions “Le Pays”

 

 


Comments
  • Merci à vous le pays.
    Vous faites un très bon travail.
    Vous le journal que j’aime le plus et je pense que beaucoup de lecteurs sont de même avis.
    Bonne & Heureuse Année 2015.

    2 janvier 2015
  • bonjour mon frère bonne et heureuse année que le tout puissant vous couvre de sa grâce afin de vous donner la force de continuer votre noble mission,de rester toujours droit dans vos bottes pour ne point succomber a la tentation comme d autre l ont fait et ont paye cash mes respects a mon cher grand frère qui a su construire cette œuvre que nous respectons a l heure ou vous prenez la relève soyez digne et fier de le faire et servir a votre tour d’exemple pour les générations a venir.car ce métier la c est le respect c est la noblesse c est la grandeur et pas autre chose.

    3 janvier 2015
  • Bravo à tous les journalistes de ce journal, lesquels font un travail remarquable et merci.
    Je vous souhaite une bonne et heureuse année 2015.

    3 janvier 2015
  • Félicitation pour le pays qui fait du bon travail et qui a donné régulièrement des conseils gratuits à Blaise Compaoré. En effet, après avoir lu l’éditorial du 4 janvier 2010, j’ai apprécié le courage et la pertinence de la ligne du journal. J’ai également eu peur pour le journaliste. Mais après, je ne suis convaincu que Blaise Compaoré allait suivre les conseils au lieu de chercher à nuire au journaliste ayant fait preuve d’une témérité. Apparemment, il n’a fait ni l’un ni l’autre. En lisant votre article de la semaine dernière dans lequel vous affirmez que le peuple a raison d’exiger des dirigeants de la Transition la désignation de responsables propres, vous donnez là un conseil tout aussi gratuit. Il ne faut surtout pas que les dirigeants de la transition croient que le peuple ne va pas un jour leur demander des comptes sur leur gestion. La récente homélie de l’église catholique relative au bannissement du favoritisme fondé sur l’origine régionale, religieuse etc. n’est pas anodine. A bon entendeur salut!

    4 janvier 2015

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