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CAN 2015 : Le défi a été relevé, malgré tout


Les lampions se sont éteints, le 8 février 2015 à Bata, en Guinée équatoriale, sur la trentième édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), avec le sacre de la Côte d’Ivoire face au Ghana, à l’issue d’une crispante séance des tirs aux buts. Après 120 minutes de jeu, les deux équipes s’étaient  neutralisées sur un score nul et vierge. En réussissant 9 tirs contre 8, la Côte d’ivoire remporte le trophée et les Eléphants accrochent une deuxième étoile à leur maillot, 23 ans après la première, acquise en terre sénégalaise, dans des conditions presque similaires, et devant le même adversaire. Si les pachydermes  sont montés sur la plus haute marche du podium, leur adversaire du jour n’a pas démérité, et l’on comprend la douleur et les larmes  du capitaine ghanéen, André Ayew, qui rêvait, certainement avec son jeune frère Jordan, de venger  leur père Abédi Ayew Pelé, qui avait assisté, impuissant sur son banc de touche, à la défaite de son équipe en 1992, face à une autre génération d’Eléphants ivoiriens. La prochaine fois sera peut être la bonne pour le Ghana. Mais, pour cette finale, l’histoire s’est encore répétée avec d’un côté les mêmes Ivoiriens qui jubilent, et de l’autre les mêmes  Ghanéens qui pleurent. Toutefois, le Ghana peut être fier de ses Etoiles noires qui ont su briller dans le firmament équato-guinéen, avec une équipe fortement rajeunie. C’est le lieu de saluer le travail de son entraîneur Avram Grant, qui a su piocher la bonne graine et construire une équipe compétitive, malgré l’absence de certains cadors tels Mickael Essien, Prince Boateng et autre Souley Muntari. Cette équipe des Black stars a montré de belles choses, et il ne serait pas étonnant qu’on la retrouve, dans deux ans, à ce même niveau de la compétition. Cela dit, avec le sacre de la Côte d’ivoire pour succéder au Nigeria, l’Afrique de l’ouest confirme encore sa suprématie sur le football continental.

La Guinée équatoriale mérite d’être félicitée

Pour en revenir à la compétition dans son ensemble, l’on peut dire que le défi de l’organisation a été relevé, malgré tout. En dépit du temps relativement court suite au désistement du Maroc à moins de deux mois du début de la compétition, malgré la menace d’Ebola, malgré la crise financière générale, la Guinée Equatoriale a su relever le défi de l’organisation de cette CAN, nonobstant quelques imperfections.  Du reste, présent à la finale de cette compétition, le patron du football mondial, Sep Blatter, n’a pas manqué de relever la justesse de la décision de la Confédération africaine de football (CAF), d’organiser la compétition dans ce pays. C’est pourquoi la Guinée Equatoriale mérite, quoi qu’on dise, d’être félicitée. Car, il ne fait aucun doute que vu les délais courts, Issa Hayatou et son équipe avaient du souci à se faire, parce qu’un report de la CAN n’aurait pas été sans conséquences pour la CAF, surtout que les candidats ne se bousculaient pas au portillon pour l’organiser. Il faut bien se le dire, les autorités équato-guinéennes ont sauvé la mise pour la tenue de cette 30e  édition de la biennale du football africain. Et vu le déroulement de la compétition, l’on peut dire que la CAF s’en tire à bons comptes, même si tout n’a pas été rose.

 A l’heure du bilan, l’on retiendra que l’arbitrage, souvent décrié,  aura été l’une des taches noires de cette CAN, notamment celui criard en faveur du pays organisateur, vu comme une sorte de retour d’ascenseur à ce pays pour service rendu et qui est resté en travers de la gorge des Tunisiens et de beaucoup d’amoureux du ballon rond. Néanmoins, certains arbitres, à l’image du Gambien Gassama qui a officié la finale, ont plutôt bien tiré leur épingle du jeu. L’on retiendra aussi que la CAF doit revoir certains de ses textes pour éviter, autant que faire se peut, le cruel scénario du tirage au sort qui a vu l’élimination du Mali. Les incidents qui ont émaillé la demi-finale entre le Ghana et le pays organisateur, viennent aussi rappeler la nécessité pour la CAF, de ne pas lésiner sur les moyens sécuritaires, dans un sport où la passion prend souvent le dessus sur la raison. Heureusement que l’on n’a déploré aucune perte en vie humaine, suite à ces incidents.

Ceci dit, l’on a vu quand même de belles choses dans cette CAN. Tout d’abord, l’enthousiasme du public équato-guinéen, qui s’est traduit par une bonne affluence dans les stades, de même que le niveau de la compétition qui était relativement élevé, avec un certain nivellement des valeurs. Ensuite, la compétition s’est déroulée, globalement, dans un bon état d’esprit, avec très peu de cartons rouges, même si l’ambiance était véritablement électrique lors de certaines rencontres comme Tunisie # Guinée équatoriale ou encore Algérie # Côte d’ivoire.

Si certaines formations ont déçu, à l’image des vice-champions de l’édition précédente, les Etalons du Burkina Faso, des Lions de la Teranga, des Lions indomptables du Cameroun, et, dans une moindre mesure, des Fennecs d’Algérie qui étaient vus comme les favoris de fait, en raison de leur bon parcours à la Coupe du monde Brésil 2014, d’autres ont su tirer leur épingle du jeu quand elles n’ont pas simplement surpris agréablement, à l’image des deux finalistes, le Ghana et la Côte d’ivoire, mais aussi le pays organisateur, ainsi que les deux Congo.

L’histoire donne tort au Maroc

Par ailleurs, cette CAN a montré qu’il fallait non seulement de l’engagement et de l’efficacité pour s’en sortir, mais aussi de la vista et de la baraka, parce que les choses se sont quelquefois jouées sur des coups de dés. Et ce n’est pas le vainqueur final qui dira le contraire, lui qui a été sauvé par deux fois, au cours de la finale, par la barre et le poteau, lui qui a raté ses deux premiers tirs au but pendant que son adversaire réussissait les siens, et qui, au final, a remporté le graal.

Globalement, cette compétition a été positive, même si l’on peut déplorer, une fois de plus, la part belle faite aux entraîneurs étrangers au détriment des compétences locales. A cet effet, chapeau bas à l’entraîneur Florent Ibengué de la RDC, qui a su relever le défi, en terminant sur le podium.

Enfin, au moment où la Guinée équatoriale reçoit les félicitations du monde du football, l’histoire, malheureusement, donne tort au Maroc qui s’est désisté au dernier moment de l’organisation de ce tournoi, pour cause d’Ebola. Du coup, l’on comprend que la CAF ait eu la main lourde, en termes de sanctions contre ce pays, surtout qu’il abritait sans problème, au même moment, la coupe du monde des clubs et que sa Compagnie aérienne était l’une des rares à maintenir la desserte des pays touchés par la maladie.

Vivement la 31e édition, en 2017, dont le pays organisateur sera connu en avril prochain.

« Le Pays »


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