HomeOmbre et lumièreCASEM DU MINISTERE DE LA DEFENSE : Diagnostiquer un mal est une chose, le combattre en est une autre

CASEM DU MINISTERE DE LA DEFENSE : Diagnostiquer un mal est une chose, le combattre en est une autre


Le ministère de la Défense nationale et des anciens combattants a procédé, le 16 février 2017 à Ouagadougou, à l’ouverture de son premier Conseil d’administration du secteur ministériel (CASEM) de l’année, sous la présidence du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, ministre en charge de la Défense. Cette rencontre avait pour but de permettre aux acteurs de l’armée de s’approprier le Plan stratégique 2017-2021 pour la réforme des Forces armées nationales (FAN). Il faut préciser que ce plan est le fruit d’une réflexion stratégique qui, elle-même, est une émanation d’une analyse diagnostique. Cette dernière a révélé des insuffisances liées à la gouvernance de l’armée et aux renseignements, entre autres. L’ultime objectif, et le président l’a rappelé, est de « construire une armée professionnelle, opérationnelle et républicaine, en phase avec les ambitions du Burkina Faso et les exigences de la démocratie ». Le paradigme est clairement défini et le diagnostic posé est pertinent. L’on peut donc rendre hommage à tous ceux qui ont fait le job. Leur mérite est d’autant plus grand qu’au nombre de ceux-ci figurent des hommes et des femmes qui ont choisi de faire le métier des armes et qui, nonobstant cela, n’ont pas voulu faire dans la complaisance. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers semblent s’être débarrassés de tout esprit corporatiste pour véritablement pointer du doigt les grands maux dont souffre l’armée burkinabè. Le premier de ces maux est relatif à la gouvernance au sein des forces armées. Et là, on peut être tenté de dire que l’on a enfoncé une porte déjà ouverte. En effet, il y a longtemps que la Grande muette porte ce boulet à ses pieds. Le problème s’est métastasé pour devenir une véritable gangrène depuis que « la morale », pour reprendre l’expression d’un responsable politique, Arsène Bongnessan Yé pour ne pas le nommer, « agonise », au pays des Hommes intègres. Cela naturellement a déteint sur la gouvernance des hommes  voire la gouvernance matérielle dans l’armée. De ce fait, certaines promotions et autres avancements se faisaient au sein de la Grande muette selon la tête du client et les humeurs des chefs.

 

Le pouvoir politique doit jouer sa partition

 

Le phénomène a été exacerbé avec la politisation qui s’est emparée de nos casernes, depuis que bien des militaires ont troqué le kaki contre la veste, la cravate et les voitures rutilantes. L’autre face de la médaille est que nombre de nos soldats, sous-officiers et officiers ont payé un lourd tribut de la politisation à outrance de la Grande muette. Combien sont-ils, en effet, qui ont été passés par les armes pour des motifs liés à la politique ? Il serait fastidieux et prétentieux  d’en dresser une liste. Bref, on sait seulement que la politisation de l’armée a fait trop de mal à la patrie. Toujours par rapport à la gouvernance de l’armée, l’on peut évoquer la gestion peu orthodoxe des subsides destinés à la troupe. Les puanteurs qu’elle exhale sont parfois si fortes qu’elles franchissent allègrement les enceintes militaires pour envahir l’atmosphère de la cité. Et c’est le soldat lambda qui trinque le plus dans cette situation. Pendant ce temps, ceux qui en sont à l’origine roulent carrosse. Autant de choses qui créent des

frustrations et qui contribuent à installer dans nos casernes, un climat peu propice à la cohésion et à la discipline au sein de l’armée. Ces spoliations doivent impérativement cesser pour toujours si nous voulons construire une armée exemplaire. L’autre mal qui a été diagnostiqué par les acteurs est en rapport avec le renseignement. Dans le contexte qui est le nôtre, toutes les intelligences doivent être mutualisées pour doter toutes les unités militaires de services de renseignements efficaces et opérationnels. Et nul ne doit faire insulte à notre vaillante armée pour dire qu’elle manque d’hommes et de femmes capables. Mais une chose est de diagnostiquer un mal, une autre est de se donner les moyens de le combattre. C’est à ce niveau véritablement que le pouvoir politique doit jouer sa partition, toute sa partition. A ce sujet, le président Roch Marc Christian Kaboré s’est voulu rassurant à l’ouverture du CASEM, en laissant entendre qu’un avant-projet de loi de programmation militaire sera bientôt introduit par le gouvernement auprès de l’Assemblée nationale pour solliciter les crédits nécessaires à la conduite des activités. Il  faut souhaiter que cela se fasse le plus vite possible et que les allocations qui seront dégagées à cet effet aillent là où elles devraient aller, car il y a péril en la demeure. Une des conséquences positives de l’insurrection est que tous les Burkinabè sont devenus des Saint-Thomas. De ce fait, ils attendent de voir avant de croire. En plus des subsides qui sont attendus dans l’urgence pour permettre à notre armée d’être à la hauteur des nouveaux enjeux sécuritaires du pays, il faut la nécessaire collaboration des populations avec la Grande muette. Mais le prérequis de cela, c’est la restauration de la confiance entre le peuple et l’armée. Sans cela, les moyens ne serviront à rien. Par ces temps qui courent où les guerres classiques sont en passe de disparaître pour céder la place aux guerres asymétriques, aucune armée, sur cette planète, ne peut se payer le luxe de tourner le dos à son peuple.

 

Sidzabda

 

 


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