HomeA la uneCENT PREMEIRS JOURS DU MPP AU POUVOIR : 6/10 pour Roch ; 5,6/10 pour Salif Diallo et 5,4 pour Kaba Thiéba

CENT PREMEIRS JOURS DU MPP AU POUVOIR : 6/10 pour Roch ; 5,6/10 pour Salif Diallo et 5,4 pour Kaba Thiéba


En 100 jours de gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré, les Burkinabè sont insatisfaits de leurs conditions de vie, mais optimistes quant à leur avenir. C’est ce que révèlent les résultats de l’évaluation des 100 jours de la gouvernance post-transition, présentés le 22 avril dernier à Ouagadougou. Réalisée par Think Tank Burkina international à travers deux sondages d’opinion auprès de citoyens ordinaires et d’observateurs de la scène politique nationale, cette évaluation porte sur l’appréciation des mesures gouvernementales, de la gestion des questions d’actualité, sur les principales priorités des populations, leur confiance aux institutions et organisations, etc.

Les bilans des 100 jours de la gouvernance de Roch Marc Christian Kaboré se suivent et se ressemblent. En dehors de l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle   qui a dressé un bilan positif, les autres structures estiment que les 100 jours du président Kaboré au pouvoir n’ont pas véritablement changé le vécu quotidien des Burkinabè. Les résultats livrés par Think Tank Burkina international sur les 100 jours de la gouvernance post-transition, le 22 avril dernier, confirment cette tendance. En effet, les Burkinabè estiment qu’ils sont dans de mauvaises conditions de vie, notamment ceux de Ziniaré, fief de l’ancien président Blaise Compaoré, où la note est inférieure à 4 sur 10, selon les résultats des sondages. Mais ils font partie des Burkinabè les plus optimistes quant à l’avenir avec une note supérieure à 7/10. Les citoyens ordinaires estiment également que le Burkina n’est ni dans la bonne direction ni dans la mauvaise direction. Cependant, les observateurs trouvent que le pays est dans la mauvaise direction.  Quant aux performances des trois personnalités de l’Etat, les sondés trouvent qu’elles sont à la hauteur de la tâche. Le président Roch Marc Christian Kaboré obtient la note de 6/10, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, 5,6/10 et le Premier ministre Paul Kaba Thiéba, 5,4/10. Selon les résultats des travaux de Think Tank Burkina international, le premier a accordé 51 audiences, le second 30 et le dernier 20, ce qui donne en moyenne, un ratio d’une audience par jour. Les représentations diplomatiques et les institutions financières ont le plus bénéficié d’audiences, respectivement 41 et 12. Quant aux sujets abordés au cours de ces audiences, on note ceux relatifs à la paix, la sécurité ainsi qu’aux questions d’ordre social. Concernant les mesures gouvernementales, les citoyens ordinaires et les observateurs apprécient positivement celles relatives à la gratuité des soins des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans, au recrutement des agents communautaires de santé. Les notes sont respectivement de 7,9/10 et 6,5/10,  6,9/10 et 6/10.  Par contre, ils sont divisés sur la réduction du train de vie de l’Etat et le recrutement des enseignants du post-primaire. Les citoyens ordinaires approuvent ces mesures avec les notes de 7,2/10 et 6,3/10, tandis que les observateurs les désapprouvent avec des notes  de  3,6/10 et 4,9/10. La mesure relative à l’accès à l’eau, notamment la construction de 1 000 forages est aussi bien appréciée par les citoyens ordinaires que par les observateurs qui la sanctionnent avec les notes de 7,6/10 et 6,9/10.

Santé, emploi et agriculture, les trois premières priorités des citoyens

Nonobstant ces appréciations positives, les citoyens estiment que le gouvernement doit se pencher davantage sur les mesures sociales, notamment la santé, l’emploi, l’agriculture, l’éducation et l’eau. Et pour la satisfaction de ces priorités, 51,3% des sondés estiment qu’il n’est pas opportun à l’étape actuelle, de suspendre les manifestations et grèves. Les sondages d’opinion ont aussi permis aux Burkinabè d’apprécier d’autres mesures gouvernementales, en l’occurrence l’annulation de la nomination de Yacouba Isaac Zida comme ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis pour laquelle le niveau de satisfaction se situe à 5,8/10. Mais les libertés provisoires accordées aux dignitaires de l’ancien régime et aux interpellés du putsch manqué du 16 septembre 2015, ne sont pas du goût des citoyens ordinaires. Et Leurs notes (3,8/10 et 4,8/10) le prouvent. Les travaux de Think Tank Burkina international ont aussi permis aux citoyens d’apprécier la façon dont les autorités ont géré les questions d’actualité. Et à ce niveau, les avis sont constants. Les citoyens ordinaires et les observateurs sont satisfaits de la liberté d’expression mais insatisfaits quant à la relance de l’économie et la lutte contre la corruption. La communication du gouvernement qui est aussi passée à la loupe est diversement appréciée. Si les citoyens ordinaires la créditent de la note de 5,1/10, les observateurs eux, la blâment avec la note de 3,9/10. C’est la même note qu’ils donnent à la gestion de la réconciliation et un peu moins à celle de la sécurité, 3,3/10.

« Les FDS inspirent plus confiance que les partis politiques et la Justice »

Mais en termes de confiance, ce sont les Forces de défense et de sécurité (FDS) qui tiennent la tête du peloton, suivies des syndicats et des organisations de la société civile avec respectivement les notes de 6,4/10, 6,1/10 et 5,7/10. En revanche, les partis politiques et la Justice n’inspirent pas confiance aux Burkinabè qui les ont crédités respectivement des notes suivantes : 4,0/10 et 4,5/10. On note également que les Burkinabè ont légèrement plus confiance au gouvernement qu’à l’Assemblée nationale. Le capital de confiance du premier est de 5,5/10 contre 5,4/10. Sur un autre registre, les Burkinabè se sont prononcés sur les groupes d’autodéfense, Koglwéogo.  Et la perception qu’ils ont de ces derniers, se situe à un niveau moyen de 5,9/10. Toutefois, l’appréciation varie d’une ville à l’autre.  A Manga, ces Koglwéogo sont crédités de la note de 8,5/10 tandis qu’à Gaoua, ils n’obtiennent que la note 2,2/10. Les Burkinabè ont aussi donné leur perception sur les Forces de défenses étrangères auxquelles ils ont attribué les notes suivantes : 4,4/10 pour  l’armée française et 4,9/10 pour l’armée américaine. L’arrivée éventuelle du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale de la France (GIGN) est aussi mal perçue par les citoyens d’où la note de 4/10. Selon le directeur exécutif de Think Tank Burkina international, Roger H. Judicaël Bemahoun, expert en sondage d’opinion, qui a présenté ces résultats, le sondage des observateurs a été réalisé selon une procédure à choix raisonné et la collecte des données s’est faite par emailing du 13 au 20 avril 2016 et a permis à 24 observateurs de se prononcer. Quant au sondage auprès des citoyens ordinaires, l’enquête s’est faite face-à-face selon la méthode des quotas marginaux, avec la sélection aléatoire de la personne à interroger dans le ménage par l’usage de la grille de Kish. Selon ses explications, l’âge, le sexe et le niveau d’instruction ont constitué les variables de contrôle. 1 200 personnes au total ayant toutes au moins 18 ans et vivant dans les 13 chefs-lieux de régions, ont été touchées du 9 au 11 avril 2016, a-t-il précisé. Présent à la présentation des résultats des travaux de Think Tank Burkina international, le ministre de la Communication et des relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, s’est dit conscient des efforts à faire pour rehausser le niveau de la communication. Pour lui, l’essentiel était de pouvoir tracer les sillons au cours des 100 jours de la gouvernance du président Kaboré. Et c’est heureux que les Burkinabè aient compris que ce travail a été fait. Selon le ministre Dandjinou, ce sondage, tout comme ceux effectués par d’autres structures, est intéressant en ce sens qu’ils permettent de connaître les sentiments que les Burkinabè ont sur l’action gouvernementale. Quant aux attentes des citoyens malgré les mesures déjà prises, il a relevé que d’autres mesures seront mises en œuvre au profit de ceux-ci dans les mois à venir, notamment dans le domaine sanitaire car un certain nombre de spécialistes ont été recrutés.

« Il appartient à la Justice de travailler à redorer son blason »

Concernant le faible capital de confiance accordé à l’institution judiciaire, Remis Fulgance Dandjinou a estimé qu’il appartient à la Justice de travailler à redorer son blason et non au gouvernement de gérer les questions de justice. «  Nous avons voulu qu’il y ait une indépendance de la Justice et elle a été matérialisée par l’adoption d’un ensemble de décrets relatifs à son  statut. Donc, il est désormais du ressort du Conseil supérieur de la magistrature et des différentes cours de Justice de jouer leurs rôles », a-t-il soutenu. Le président du Conseil national de la Transition (CNT), Cherif Sy, et le député Bienvenue Ambroise Bakyono, représentant le président de l’Assemblée nationale, ont tous deux loué l’initiative de Think Tank Burkina international. Leur souhait est que ce travail puisse permettre aux gouvernants et aux gouvernés de comprendre que le Burkina est dans une phase de transition, laquelle phase a des exigences, notamment certaines valeurs que l’ensemble des composantes du pays doivent travailler à préserver.

A noter que la présentation des résultats des travaux de Think Tank Burkina international a été suivie de débats permettant ainsi aux invités de poser des questions auxquelles M. Bemahoun a apporté des éléments de réponse.

Dabadi ZOUMBARA

 

 

Quelques recommandations de Think Tank Burkina international

Optimiser la communication du gouvernement, relancer l’économie, redorer le blason de la Justice, réconcilier les Burkinabè avec la chose politique, faire du triptyque vérité, justice et réconciliation la clé de voûte de la réconciliation nationale, instaurer un dialogue avec les acteurs sociaux.  

 


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