HomeA la uneCHANTIERS DU FUTUR PRESIDENT DE LA FIFA : Détruire méthodiquement la caverne d’Ali Baba  

CHANTIERS DU FUTUR PRESIDENT DE LA FIFA : Détruire méthodiquement la caverne d’Ali Baba  


 

C’est aujourd’hui dans la soirée qu’aura lieu à Zurich en Suisse, l’élection de celui qui présidera aux destinées de la Fédération internationale de Football Association (FIFA) durant les quatre prochaines années. Cette élection intervient au moment où l’instance faitière du football mondial essuie de vives critiques pour les comportements scandaleux de ses dirigeants, à commencer par son président Sepp Blatter contraint à la démission en juin dernier et couvert d’opprobre par la suite, avec sa suspension de toute activité liée au football pour « abus de position », « gestion déloyale » et « conflit d’intérêts ». Pour succéder à Sepp Blatter, cinq candidats sont en lice : le prince jordanien Ali ben Al-­Hussein qui avait mis Blatter en ballotage lors de la précédente élection en mai dernier,  le Français Jérôme Champagne, l’Italo-Suisse Gianni Infantino, le cheikh bahreïni Salman Bin Ebrahim al Khalifa et le Sud-Africain Tokyo Sexwale. Parmi ces 5 challengers, c’est le Cheick Salman qui fait figure de grandissime favori parce qu’il est non seulement à la tête de la Fédération asiatique de football qui regroupe 46 membres et dispose d’autant de voix, mais il est aussi soutenu par la Confédération africaine de football (CAF) qui, avec ses 54 fédérations nationales, dispose du plus gros réservoir de votants au congrès de la FIFA. Mais quel que soit le vainqueur à l’issue du scrutin de ce soir, il aura fort à faire pour redorer le blason de cette institution dont l’image a été sérieusement écornée ces dernières années par une série de scandales, allant des matches truqués à l’attribution controversée de l’organisation des coupes du monde 2010, 2018 et 2022 respectivement à l’Afrique du sud, à la Russie et au Quatar, en passant par les rétributions et les commissions sur fond de corruption des principaux dirigeants dont beaucoup ont été épinglés et sanctionnés.

Espérons que celui qui sera élu s’attèlera à nettoyer les écuries d’Augias

Le combat le plus rude que le futur président devrait mener, sera de détruire méthodiquement cette caverne d’Ali Baba que la FIFA a fini par devenir du fait de l’activisme de tous ces « dinosaures » véreux et cupides, pour la ramener aux fondamentaux de cette institution à but non lucratif née à Paris en 1904. La FIFA doit redevenir cet instrument sacré qui rapproche les peuples grâce à la magie du ballon rond. Mais disons-le tout net, il faut plus que du volontarisme pour relever cet immense défi, car la FIFA est décrite comme « une multinationale tentaculaire qui brasse des milliards » grâce à la vente des droits télévisés de la Coupe du monde et aux sponsors (Coca-cola, Adidas…). Elle est surtout minée de l’intérieur par des hommes aux appétits financiers gargantuesques, auxquels il serait périlleux voire suicidaire de s’attaquer. Et lorsque la gangrène de la corruption et de la cupidité gagne la tête, comme c’est le cas sous l’ère Blatter, c’est tout le système qu’il faut nécessairement détricoter à travers une véritable refondation qui mettra l’accent sur la personnalité et la moralité des candidats aux différents postes, et sur une plus grande orthodoxie dans la gestion des finances à travers une reddition sans complaisance des comptes. Il est incontestable, en effet, que la FIFA est toujours truffée de margoulins qui ont « diné avec le diable » Blatter, et il va falloir énergiquement secouer le cocotier pour éviter que les travers de l’équipe sortante ne lui survivent. Les salaires déjà mirobolants que Blatter et sa clique avaient fait un point de…déshonneur à augmenter, devraient être ramenés à des niveaux raisonnables, et les relations forcément compromettantes entre certains cadres de la FIFA et des bookmakers et autres parieurs impénitents, bannies à jamais. En un mot comme en mille, les chantiers qui attendent le futur président et son équipe sont énormes, et il faut que chaque candidat ait vraiment le profil de l’emploi afin de faire oublier cette image détestable d’ « association de magouilleurs » que la FIFA nous renvoie depuis plusieurs années. Espérons que pour une fois, il n’y aura pas d’erreur de casting à Zurich, et que celui qui sera élu à la tête de cette mégastructure (avec ses 209 membres, elle en compte plus que l’ONU qui n’en dispose que de 193) s’attèlera à nettoyer les écuries d’Augias, au lieu de succomber à la tentation de garder le statu quo en espérant garder ainsi ses chances de réélection en 2020. Car, s’il ne s’entoure pas d’une équipe compétente et honnête, il sera fatalement éclaboussé et sortira de l’histoire du football comme son prédécesseur, par la plus petite des portes.

Hamadou GADIAGA


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