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CONDAMNATIONS TOUS AZIMUTS EN ALGERIE


Depuis la chute, en 2019, du régime du président Abdelaziz Bouteflika qui dirigeait le pays d’une main de fer, on assiste à des condamnations à la pelle d’anciens dignitaires. Pas plus tard que le 4 janvier dernier, l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été condamné à sept ans de prison ferme pour son implication présumée dans une affaire de corruption dans le secteur touristique. Cet homme, faut-il le rappeler, faisait l’objet de graves accusations, notamment de blanchiment d’argent et de népotisme. Accusés de corruption, les anciens ministres des Travaux publics et du tourisme, ont eux aussi écopé de trois ans de prison ferme. Avec ces condamnations tous azimuts, on est tenté de se demander si ces anciens dignitaires qui ont fait la pluie et le beau temps sous l’ère Boutef, ne sont pas rattrapés par leur passé. Tout porte à croire qu’ils paient pour leurs actes indélicats. Et comme le dit l’adage, « qui sème le vent récolte la tempête ». Ces hommes pouvaient-ils s’attendre à un autre traitement que celui qui leur est réservé ? Tout porte à croire que non. Cela dit, si des hommes qui étaient considérés comme intouchables, tremblent aujourd’hui devant des juges comme des feuilles mortes sous le vent, c’est bien grâce à la révolution qui a balayé tel un ouragan, le régime dictatorial de Bouteflika. Toutefois, l’on peut se demander si les nouvelles autorités n’en font pas trop. Ce d’autant que certains dignitaires de l’ancien régime sont condamnés en dehors du respect des droits des accusés. Alors, s’agit-il d’une volonté d’assainir et de rendre justice ou d’une volonté de régler des comptes avec d’anciens dirigeants ?

 

 

Le régime Tebboune gagnerait à revoir sa copie en matière de respect des libertés

 

 

 

La question est d’autant plus fondée que ces anciens dignitaires n’ont pas fait que des heureux. Loin s’en faut. En tout cas, il est difficile, pour le régime de Abdelmadjid Tebboune, de convaincre les Algériens, notamment les défenseurs des droits humains, que ces condamnations tous azimuts sont mues par la seule volonté de rendre justice. Le simple fait que des journalistes, des blogueurs et autres défenseurs des sans- voix ne sont pas épargnés par le rouleau compresseur du régime, laisse plus d’une personne perplexe. Et c’est peu de dire que la condamnation à trois ans de prison ferme, le 4 janvier dernier, de Walid Kechida, partisan du mouvement de contestation Hirak, a plus que renforcé ce sentiment des Algériens que le président Tebboune veut diriger l’Algérie d’une main de fer. L’on comprend donc pourquoi le Hirak qui est vent debout contre les pratiques de l’ancien régime, n’entend pas baisser la garde. Ce mouvement aspire à plus de démocratie et de liberté dont les Algériens ont été privés depuis plus d’un quart de siècle. Ces derniers ne veulent pas que leur révolution soit volée et utilisée à des fins personnelles. C’est dire si le régime Tebboune gagnerait à revoir sa copie en matière de respect des libertés. Et plus tôt il le fera, mieux cela vaudra. Car, à ce rythme, il faut craindre que les Algériens ne renouent avec les vieilles pratiques contestataires. Il est certes important de combattre l’impunité sous toutes ses formes. Mais il est aussi nécessaire de le faire dans le strict respect des droits humains.

DZ


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