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CONFIRMATION DE LA COMDAMNATION DE KHALIFA SALL


 Macky Sall peut manger tranquillement son tièp diène*

Coup de massue sur la tête de Khalifa Sall. En effet, hier, 30 juillet 2018, l’ancien maire de Dakar a vu la confirmation, en appel, de sa condamnation à cinq ans de prison ferme prononcée en première instance, en fin mars dernier, au terme d’un long marathon judiciaire qui a vu parfois le ton monter au point de friser le pugilat entre les différentes parties,  à savoir ses avocats et ceux de l’Etat et les représentants de la mairie de Dakar. Pire pour lui, la Cour a jugé recevable la constitution de l’Etat sénégalais en tant que partie civile et réclame de fait 1,230 milliards de francs CFA de dommages et intérêts, que doivent payer collectivement Khalifa Sall et deux de ses coaccusés.  En rappel, l’ex-édile de la capitale sénégalaise était poursuivi, entre autres, pour « association de malfaiteurs, escroquerie et détournement de deniers publics », dans le cadre de l’affaire dite de la « caisse d’avance » de la ville de Dakar. Son procès en appel s’était ouvert le 9 juillet dernier.

Au-delà de cette sentence, il se pose le problème de l’indépendance de la Justice

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce verdict n’a rien de surprenant. D’autant plus que toutes les démarches des avocats de l’accusé pour obtenir l’annulation de la procédure et l’élargissement de leur client, n’avaient pas abouti. Si fait que ces derniers, de guerre lasse, avaient décidé de boycotter les dernières audiences en signe de protestation, abandonnant pratiquement leur client à son sort. Pour autant, l’édile de la capitale sénégalaise n’est pas complètement hors course pour le fauteuil présidentiel puisqu’il lui reste une dernière carte, un ultime recours juridique, qui est le pourvoi en cassation. Alors, la question qui se pose est de savoir s’il va en user et se battre jusqu’au bout dans l’espoir de renverser la situation ou s’il va, d’ores et déjà, jeter l’éponge en se disant que son sort est, de toute façon, déjà scellé et que tout est perdu d’avance.

Quoi qu’il en soit, au-delà de cette sentence qui a de quoi contrarier sérieusement les ambitions de celui qui se voulait l’un des sérieux challengers du président Macky Sall à la présidentielle du 24 février prochain, il se pose le problème de l’indépendance de la Justice qui est souvent accusée, à tort ou à raison, d’être inféodée au pouvoir en place. Ce qui en fait pratiquement le talon d’Achille de la démocratie sous nos tropiques. Et le cas de Khalifa Sall au Sénégal n’échappe pas à cette règle ; lui dont les partisans n’ont eu de cesse de crier au procès politique en vue d’écarter un adversaire gênant pour le présent locataire du palais présidentiel. En tout cas, avec la confirmation de sa condamnation, Khalifa Sall qui croupit depuis le 7 mars dernier en taule,  voit ses chances de défier Macky Sall dans les urnes s’amenuiser comme peau de chagrin. Car il est bien parti pour voir son bail se prolonger plus qu’il ne l’imaginait, à la prison de Rebeuss. Dans ces conditions, c’est l’actuel chef de l’Etat qui peut se frotter les mains. Surtout que Karim Wade n’aura pas, lui non plus, la possibilité de se présenter à la prochaine présidentielle. Il peut, à présent, manger tranquillement son tièp, avec la mise pratiquement hors- jeu, d’un adversaire politique de grand gabarit, et qui semblait avoir de sérieux arguments à faire valoir. En tout cas, à moins d’un retournement spectaculaire de situation,  l’on ne voit pas comment Khalifa Sall pourrait encore se tirer d’affaire, après toutes les déconvenues et les revers subis jusque-là.

La messe semble irrémédiablement dite

Surtout que l’arrêt de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’a visiblement pas produit les effets escomptés pour la défense qui s’en était remise à elle. L’institution communautaire avait pourtant estimé que les droits de Khalifa Sall à un procès équitable, à la présomption d’innocence et à l’assistance d’un conseil lors de la procédure, avaient été bafoués.

En tout état de cause, si le natif de Louga tient, malgré tout, à laver son honneur qu’il estime jusqu’ici bafoué, il aura véritablement du pain sur la planche. En effet, après la douche froide d’hier, il est à présent engagé dans une course contre la montre, puisque la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 26 décembre prochain. D’ici là, et même à supposer qu’il obtienne gain de cause en dernier recours, l’on se demande s’il ne sera pas forclos pour le dépôt de sa candidature. La messe semble donc irrémédiablement dite. Reste à savoir si sa formation politique saura lire la situation en conséquence et se préparera à un plan B avec éventuellement un autre candidat, ou si elle misera exclusivement sur son leader. L’histoire le dira.

 

« Le Pays » 

*Tièp diène : riz au poisson considéré comme le plat national au Sénégal


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