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CRISE INSTITUTIONNELLE EN RDC


Six mois après l’élection de Félix Tshisékédi à la tête de l’Etat, la République démocratique du Congo (RDC) n’est pas loin de vivre une véritable crise institutionnelle. En effet, élu président dans les conditions que l’on sait, Félix Tshisékédi semble vivre une véritable traversée du désert dans la conduite des affaires de l’Etat où sa marge de manœuvre semble bien limitée, face à son allié de circonstance, Joseph Kabila et son FCC, bien décidés à garder la haute main sur l’appareil d’Etat. En effet, après son accession au pouvoir, il a fallu pas moins de quatre mois au fils de l’ex-opposant historique, Etienne Tshisékédi, pour trouver un consensus et désigner, au terme d’âpres négociations, un Premier ministre issu du camp de Joseph Kabila majoritaire à l’Assemblée nationale. Mais le président Tshisékédi n’est toujours pas au bout de ses peines puisque plus de deux mois après la désignation de Sylvestre Ilunga Ilunkamba à la primature, l’équipe gouvernementale tarde à prendre forme.

Tshisékédi n’est pas loin d’être l’otage de Kabila

Pendant ce temps, c’est la guerre au sein du FCC de l’ex-président Kabila, pour le contrôle du Sénat. Un poste hautement stratégique et fortement convoité, dans la mesure où le président du Sénat apparaît comme le dauphin constitutionnel du président de la République. Car, en cas de vacance du pouvoir, pour cause de décès du président, de démission ou pour tout autre cas d’empêchement définitif, c’est lui qui assure l’intérim et est chargé de l’organisation de la nouvelle présidentielle. Dès lors, l’on comprend pourquoi l’ex-président, Joseph Kabila, à défaut de pouvoir occuper le poste lui-même, tient à y placer un de ses hommes de confiance, en l’occurrence l’ex-Garde des Sceaux et chef rebelle, Alexis Thambwe Mwamba, qui dispute le poste à son ancien allié, l’ex-ministre de l’Economie, Modeste Bahati Lukwebo, exclu du FCC. En tout cas, tout se passe comme si Joseph Kabila cherchait à contrôler les deux Chambres du Parlement, pour mieux tenir le président Tshisékédi en laisse, quand on sait que ces deux chambres réunies, ont le pouvoir d’attraire le président de la République devant la Justice, notamment pour haute trahison et délit d’initié ou même de voter une réforme de la Constitution. Le comble c’est que dans cette bataille pour les postes stratégiques, l’avis du président semble compter pour du beurre.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que Félix Tshisékédi n’a pas les coudées franches pour mener à bien sa mission à la tête de la RDC. Et cela est même un euphémisme. Car, à la vérité, Tshisékédi n’est pas loin d’être l’otage de Kabila qui semble vouloir le pousser jusqu’au bord de l’asphyxie politique. En tout cas, petit à petit, l’étau de Kabila est en train de se resserrer autour du président Tshisékédi qui a les mains tellement liées que l’on se demande s’il a encore une marge de manœuvre pour s’affirmer. Car, la RDC est dans une sorte de bicéphalisme qui ne dit pas son nom.

Chaque nomination à un haut poste de responsabilités, fait l’objet de tensions et de longues et difficiles tractations

Félix Tshisékédi est certes le président, mais tout porte à croire que c’est Joseph Kabila qui a la réalité du pouvoir entre les mains et qui tire les ficelles dans l’ombre. Faisant de fait du président de la République, un simple faire-valoir qui essaie de lutter du mieux qu’il peut, pour s’affirmer. Pauvre Tshisékédi ! Il voulait le pouvoir, il l’a eu…C’est la rançon du nauséeux deal passé avec Kabila pour parvenir au pouvoir. Mais jusqu’où ira l’humiliation pour le cinquième président congolais, contraint à composer avec l’équipe de son prédécesseur, parce qu’incapable de former son propre gouvernement près de sept mois après son accession au pouvoir ? La question est d’autant plus à propos que chaque nomination à un haut poste de responsabilités, fait l’objet de tensions et de longues et difficiles tractations. Si fait qu’à ce jour, l’on se demande si, en dehors de la prestation de serment du président, il y a une seule institution qui a pu être mise en place et qui fonctionne correctement. Et cela ne semble gêner personne ! C’est à se demander si la RDC ne marche pas sur la tête. En tout cas, il n’y a que dans ce pays où l’on peut voir de telles choses. Alors, à quand la fin de l’apoplexie institutionnelle en RDC ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. En attendant, force est de reconnaître que c’est un mandat bien atypique que mène le président Tshisékédi à la tête de son pays.

« Le Pays »


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