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CRISE MALIENNE


Après l’échec cuisant de la mission des missi dominici de haut niveau de la CEDEAO (Communauté économique des Etats  de l’Afrique de l’Ouest), l’on assiste maintenant à une tentative endogène de résolution de la crise. Cette tentative est le fait du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, à qui il a remis une lettre de missions le 7 août dernier. Boubou Cissé est chargé de l’opérationnaliser et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est au pas de course qu’il a entamé sa mission. En effet, à peine a-t-il reçu sa lettre de missions de Kankeletigui, qu’il a rendu publique sa feuille de sortie de crise. C’était le vendredi 7 août dernier.  Le lendemain, il engage une série de consultations en commençant  par la majorité présidentielle. Et comme l’on pouvait s’y attendre, le document de Boubou Cissé a été adopté après avoir été amendé. L’on peut retenir que le document sorti des mains des partisans d’IBK, prend en compte les recommandations de la CEDEAO. Mais en plus, il préconise une gouvernance en phase avec la vertu. A cela, il faut ajouter la proposition de création d’un organe unique de gestion des élections pour plus de transparence des élections. Et ce n’est pas tout.

 

C’est une  initiative qui a peu de chances de conduire le Mali vers la paix

 

 Car, la majorité a réchauffé une décision du dernier dialogue national. Cette décision, qui fera certainement l’objet de commentaires au Mali et au-delà, tant elle est délicate et sensible, est le dialogue avec les djihadistes maliens. Après sa rencontre avec la majorité présidentielle, Boubou Cissé  n’a pas manqué de dire toute sa satisfaction. Mais l’on peut se demander s’il n’est pas en train de se chatouiller pour rire. En effet, on ne fait pas la paix… avec ses amis. Or, c’est ce que Ibrahim Boubakar Keïta est en train de faire via son Premier ministre. Il est vrai que ce dernier a tendu la main aux croquants du M5 en leur demandant d’accepter son plan de sortie de crise. Mais l’on peut se risquer à dire que c’est une  initiative qui a peu de chances de conduire le Mali vers la paix. En effet, le porteur de l’initiative, c’est-à- dire Boubou Cissé, fait partie lui-même du problème. En  tout cas, son maintien à son poste de Premier ministre, irrite bien des membres du M5. Certains, parmi eux, le perçoivent comme un acte de provocation de la part  de Kankeletigui. Et tout cela se passe pratiquement à la veille de l’appel de l’opposition à une méga manifestation pour signifier à IBK, à nouveau, de rendre le tablier. C’est en principe, en effet, demain, mardi 11 août, que le M5 entend véritablement reprendre du service  après le rendez-vous manqué, peut-on dire, de la première semaine  qui a suivi la Tabaski. Et tout a été mis à contribution par les croquants pour que cette fois-ci, le fleuve Djoliba sorte de son lit. En tout cas, tout le Mali retient son souffle tout en se posant la question de savoir  ce qui va véritablement se passer si la méga-manifestation  anti-IBK a lieu. Et surtout comment le pouvoir d’IBK va la gérer. L’on se rappelle que la première manifestation du genre, avait fait une vingtaine de morts. Et ils étaient nombreux à  mettre en accusation la force spéciale anti-terroriste. Va-t-on encore assister à la même répression ? On peut prendre le risque de répondre par l’affirmative.

 

IBK doit se départir de toute attitude susceptible de jeter de l’huile sur le feu

 

 

En effet, IBK semble avoir reçu toutes les assurances de tous ses homologues de la CEDEAO, quant à son maintien au pouvoir. Il  n’hésitera donc pas à s’abriter dernière ce parapluie communautaire pour s’accrocher à son fauteuil, advienne que pourra.  De ce point de vue, il y a de fortes chances que Kankeletigui (l’homme d’une seule parole) se mue en Keletigui (l’homme de la guerre). Et si c’était pour faire face aux terroristes, on l’aurait applaudi des deux mains. En tout cas, il n’ y a  point de gloire pour un dirigeant qui fait parler la poudre et le canon contre son peuple. C’est pourquoi IBK doit se départir de toute attitude susceptible de jeter de l’huile sur le feu et  d’exposer ainsi le Mali au chaos. En revanche,  il pourrait sortir grandi de cette crise, au cas où il ferait des concessions majeures et significatives au M5. L’une de ces concessions pourrait être de sacrifier Boubou Cissé et de mettre à contribution des personnalités morales pour rapprocher les deux camps. Déjà, on peut apprécier à leur juste valeur, les initiatives privées tendant à impliquer le mentor de l’Iman Mahmoud Dicko, c’est-à-dire le chérif de Nioro, dans la résolution de la crise. Une autre démarche qui peut faire baisser la tension est celle qui consiste à prendre langue avec les djihadistes maliens. En  tout cas, c’est une sorte de clin d’œil  à l’Imam  Dicko. Car, ce dernier, on le sait, a toujours préconisé cette option. Et le dialogue national inclusif  l’avait suivi. La majorité présidentielle vient d’aller dans cette direction. C’est pourquoi il ne faut pas désespérer des Maliens. Ils pourront toujours trouver des solutions endogènes à leurs problèmes. Et c’est ce qui semble se dessiner. C’est tout le mal qu’on puisse leur souhaiter.

 

« Le Pays »                

 

 


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