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CRISE POLITIQUE A MADAGASCAR


 Que peut  la communauté internationale ?

Après quelques jours de tensions caractérisés par des manifs de rue, le pouvoir et l’opposition malgaches semblent enfin décidés à se parler. En effet, les deux  parties en conflit sont en discussions depuis le 25 avril dernier sous l’égide de la communauté internationale. Mais il ne s’agit que d’un dialogue sans réelle avancée puisqu’au même moment, des députés de l’opposition ont déposé une plainte au tribunal d’Anosy pour exiger que la lumière soit faite sur la répression des manifs du 21 avril dernier.

En multipliant les manifestations, l’opposition compte mettre la pression sur le pouvoir

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à quelques mois de la présidentielle qui doit se tenir, en principe, en cette fin d’année 2018,  les couteaux sont tirés entre pouvoir et opposition sur la Grande île. Et l’on semble se diriger tout droit vers un bras de fer dont nul ne saurait prédire ni la durée ni l’issue, tant les insulaires ont souvent surpris par la violence de leurs manifestations politiques et par les scénarios inédits qui ont parfois marqué l’épilogue de certaines crises. Et dans le cas d’espèce, l’opposition veut visiblement la tête du président Hery Rajaonarimampianina et ne s’en cache pas, puisque, dit-elle, si elle n’obtient pas gain de cause, elle compte manifester jusqu’à la démission du chef de l’Etat.  Mieux, les députés de l’opposition ont déposé une requête auprès de la Haute cour constitutionnelle, exigeant le départ du chef de l’Etat. Aussi, sa persistance à ne pas désarmer malgré la fermeté du pouvoir, si elle ne semble pas traduire une volonté affichée de pousser le chef de l’Etat à l’erreur, paraît, pour le moins, le signe d’une détermination inébranlable à ne pas faire de quartier au pouvoir, quoi que cela puisse lui en coûter. Et en multipliant les manifestations, elle compte visiblement mettre la pression sur le pouvoir à l’effet de l’amener à lâcher du lest. A défaut, ce sera toujours cela de gagné, d’avoir montré à la face du monde le visage répressif d’un pouvoir qui se dit démocratique, mais qui manque visiblement de sang froid face aux revendications d’une opposition plus que jamais en ordre de bataille. C’est dans ce contexte, pour le moins tendu, que Joachim Chisano a été désigné par la SADC pour jouer les bons offices sur la Grande Ile. Parviendra-t-il  à réconcilier les deux parties en conflit et qui,  depuis peu, se regardent en chiens de faïence ? On attend de voir.

Il revient à la classe politique malgache de se montrer capable d’un sursaut de patriotisme

En tout cas, le scénario de 2009 où, utilisant le mécontentement populaire, Andry Rajoelina alias TGV,  maire de la capitale à l’époque, avait réussi à pousser le président Marc Ravalomanana à la sortie, à la faveur de manifestations de rue qui étaient allées grandissantes au point de lui valoir le ralliement de l’armée, est encore frais dans les mémoires. L’histoire va-t-elle se répéter? Pour le moment, l’on ne semble pas en prendre la direction, mais les choses pourraient évoluer rapidement. Surtout si l’opposition doit continuer à compter ses morts, à la suite de ses manifestations.

Quoi qu’il en soit, il y a des signes qui ne trompent pas. Sont de ceux-là, ce manque criard de sérénité dont a fait montre le président Hery qui n’est pas passé par quatre chemins pour qualifier la manif du week-end dernier, de coup d’Etat. A moins que ce ne soit un prétexte pour ne pas se fixer de limites dans la répression des manifestations. Dans tous les cas, cela n’est pas de bon augure car, si l’on n’y prend garde, les choses risquent de se corser davantage, si elles n’évoluent pas rapidement de Charybde en Scylla, avec les conséquences désastreuses qui accompagnent généralement de telles crises politiques. Madagascar n’a pas besoin de cela. Il revient donc à la classe politique malgache dans son ensemble, de se montrer capable de ce sursaut d’orgueil et de patriotisme qui mettrait l’intérêt supérieur de la Nation au dessus des intérêts partisans. C’est à ce prix qu’elle pourra sauver la Grande île d’une nouvelle crise politique d’envergure, après celle de 2009 qui l’avait déjà marquée au fer rouge.

« Le Pays »


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