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CRISE POLITIQUE AU TOGO


La faute à la CEDEAO

Sur proposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le gouvernement togolais a décidé, en Conseil des ministres du mercredi 7 novembre dernier, de convoquer le corps électoral le 20 décembre prochain pour les élections législatives. Une décision qui fait réagir l’opposition qui ne se sent pas concernée par cette date alors qu’elle avait posé des préalables jusque-là non pris en compte. Il s’agit, entre autres, de la révision intégrale du fichier électoral, de la réforme de la Cour constitutionnelle, de la recomposition, surtout, de la CENI sur la base de la feuille de route tracée sous les auspices de la CEDEAO. En réagissant à la fixation de cette date du 20 décembre, la coordinatrice de la coalition, Brigitte Adjamagbo Johnson, a déclaré ceci : « Par tous les moyens, nos ferons en sorte que ces législatives n’aient pas lieu. Nous ne voulons jamais d’élections frauduleuses au Togo ».

C’est clair donc que le rendez-vous électoral du 20 décembre, ne convient pas à l’opposition politique. Et, ce faisant, la Coalition des 14 partis de l’opposition (C14) envisage, aujourd’hui même, 29 novembre, une ‘’grande marche’’ pour mieux exprimer son ras-le-bol.

C’est dire si cette projection de la C14 de renouer avec la rue pour exiger la prise en compte de ses préoccupations, est un signe de regain de tensions sociopolitiques sur les berges de Lomé, et le mercure va certainement monter davantage à mesure que l’on s’approche de ce 20 décembre à moins que les médiateurs de la CEDEAO ne trouvent rapidement la formule magique pour rabibocher les protagonistes de la crise. Une fois encore, c’est le pouvoir qui apparaît comme le plus responsable de la dégradation du climat politique. En ce sens que même si la date du 20 décembre avait été proposée par la CEDEAO, il lui appartenait de respecter son engagement d’organiser des élections inclusives et équitables.

 La plus grande menace reste le risque de glissement du calendrier électoral

C’est dire, par ailleurs, que le processus du choix de la date par la CENI, ne s’est pas fait de bout en bout, de façon consensuelle. Cela s’explique par le fait qu’au sein de cette commission électorale, l’opposition n’a pas voix au chapitre. Alors questions : cette CENI peut-elle garantir l’équité des élections si l’opposition n’y est pas équitablement représentée ? Peut-on organiser ces législatives sans la participation de la C14 et parler d’inclusion ? Les réponses sont sans aucun doute, non. Depuis que la CEDEAO et l’UA ont pris la résolution de faire asseoir les différents protagonistes de la crise togolaise, sous l’arbre à palabres en désignant le président guinéen, Alpha Condé et son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo comme médiateurs, l’on constate que la ligne de fracture entre pouvoir et opposition togolais, reste toujours intacte. Non pas parce que ces médiateurs sont des becs blancs. Mais parce que dans la situation du Togo, on a affaire à des politiques qui sont dans la posture du « tout ou rien ». Ce qui, bien évidemment, n’est pas pour faciliter la tâche aux missi dominici. Dans une situation de crise où chaque camp reste figé sur sa position, son règlement devient irrémédiablement un casse-tête chinois. Toute chose qui pourrait pousser les médiateurs à jeter l’éponge avec les conséquences dramatiques qui peuvent en résulter. Alors, jusqu’où mènera la crise de confiance entre les deux camps ?

Les protagonistes de la crise togolaise doivent se le tenir pour dit : en se montrant jusqu’aux-boutistes, ils ne règleront rien. En tous les cas, les Togolais auraient tort de croire que la solution magique pour tirer le pays de l’apoplexie politique dans laquelle il patauge depuis bientôt un an, viendrait de la surenchère politique. Et la plus grande menace reste le risque de glissement du calendrier électoral.

 

« Le Pays »

 

 

 

 


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