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CRISE SECURITAIRE SUR FOND D’ATTENTAT TERRORISTE EN RDC : Tshisékédi est mal barré


Les mouvements rebelles en République démocratique du Congo (RDC) sont-ils en train de se muer en groupes terroristes ? C’est la question que l’on peut se poser, au lendemain de l’attentat à la bombe perpétré le 15 janvier dernier, dans une église protestante à Kasindi dans le Nord-Kivu, à la frontière avec l’Ouganda. Le bilan fait état d’une quinzaine de morts et plus d’une cinquantaine de blessés. Les autorités congolaises pointent du doigt les Forces démocratiques alliées connues sous l’acronyme anglais ADF (Allied democratic forces), un groupe rebelle qui sévit dans la zone et qui s’est affilié à l’Etat islamique, il y a de cela bientôt trois ans. Une situation qui interroge autant qu’elle pourrait inquiéter. Surtout si les groupes rebelles devaient tourner le dos à leurs revendications pour répondre désormais à une idéologie obscurantiste qui les amène souvent à tuer aveuglément d’innocentes populations civiles, comme c’est le cas dans les pays du Sahel où la pieuvre tentaculaire a méticuleusement tissé sa toile en une dizaine d’années pour étendre aujourd’hui la menace jusqu’aux pays du littoral.

 

Le président Tshisékédi joue aussi quelque peu son avenir politique à travers cette crise sécuritaire

 

Quand on sait que la RDC regorge d’une foultitude de groupes armés, il y a de quoi nourrir véritablement des inquiétudes au regard de la situation sécuritaire déjà délétère dans le pays. Car, si à cela doivent s’ajouter des actes d’extrémisme aux relents ethnoreligieux, la RDC est bien partie pour se retrouver dans une situation inextricable qui rendrait l’équation sécuritaire d’autant plus difficile à résoudre qu’elle pourrait être ce terreau fertile proche du chaos que recherche souvent la nébuleuse islamiste pour mieux étendre ses tentacules. Autant dire que le président Félix Tshisékédi est mal barré. Lui qui a déjà mal à la sécurité de son pays et qui a aussi bien du mal avec le M23 ; cette rébellion vaincue en 2013 mais qui a repris les armes en 2021 et aussi du poil de la bête au point de nécessiter aujourd’hui la mobilisation d’une force sous-régionale pour aider Kinshasa dans la sécurisation de cette vaste zone de la province du Nord-Kivu où pullulent d’autres groupes armés. Si, en plus de cela, Fatshi doit se trouver frontalement confronté à l’hydre terroriste, c’est peu de dire que la RDC risque de plonger davantage. Sans oublier que la forte dégradation de la situation sécuritaire en cette année électorale, n’est pas pour arranger les affaires du successeur de Joseph Kabila face à des adversaires politiques qui ne demandent qu’à entrer dans les failles de sa gouvernance politique et sécuritaire pour lui tailler des croupières le moment venu, auprès de l’électorat congolais. C’est dire si le président Tshisékédi joue aussi quelque peu son avenir politique à travers cette crise sécuritaire. Cela dit, l’on peut aussi s’interroger sur les raisons qui ont pu pousser ce groupe rebelle armé à s’affilier à l’organisation terroriste internationale dont on connaît la cruauté et les excès en termes d’exactions sur les populations sans défense.

 

Si le ver terroriste est déjà dans le fruit, il faut croire qu’il n’aura pas de mal à s’étendre

 

Est-ce parce que le dialogue aura manqué avec l’autorité centrale, comme c’est le cas avec le M23 que Kinshasa ne veut pas voir, même en peinture, ou pour d’autres raisons ? Quoi qu’il en soit, le président Tshisékédi gagnerait à descendre de son piédestal pour engager un dialogue franc et sincère avec les groupes armés pour autant qu’ils y soient disposés, en vue de trouver une solution durable à la crise sécuritaire qui fragilise son pays depuis plusieurs années. Cela est d’autant plus d’une impérieuse nécessité que la RDC a besoin de paix pour mieux amorcer son développement. Et cela ne saurait se faire dans la division des fils et filles du pays à l’interne, encore moins dans la mésentente avec certains voisins.  Tout porte donc à croire qu’il faut parer au plus pressé, avant que la tentation de la radicalisation et de l’affiliation à de grandes organisations terroristes internationales ne gagne, si ce n’est déjà fait, d’autres groupes rebelles armés. En tout état de cause, les autres pays de cette partie de l’Afrique auraient tort de ne pas se sentir concernés par ce qui se joue dans cette partie de la RDC. Car, si le ver terroriste est déjà dans le fruit, il faut croire qu’il n’aura pas de mal à s’étendre alentour. L’exemple de la sous-région ouest-africaine où les terroristes sont entrés par la porte du Mali et font aujourd’hui la pluie et le…mauvais temps dans tout l’espace régional, est suffisamment plein d’enseignements à cet effet. A cette allure, c’est tout le continent africain qui risque de se retrouver dans l’œil du cyclone des terroristes. C’est pourquoi l’Union africaine

(UA) est vivement interpellée à prendre, ici et maintenant, le taureau de la question du terrorisme par les cornes en l’inscrivant, si ce n’est déjà fait, au rang de ses priorités. C’est l’avenir de tout un continent et la sécurité de plusieurs millions de personnes, qui est en jeu. Et il ne faut pas se laisser surprendre par un phénomène aussi insidieux que pervers et aux conséquences aussi dévastatrices qu’elles sont difficiles à réparer. C’est une question de bon sens et de responsabilité assumée.

 

« Le Pays »


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