HomeA la uneDEBAT AUTOUR DE LA NATIONALITE DU PRESIDENT GABONAIS : Une bagarre au motif suranné

DEBAT AUTOUR DE LA NATIONALITE DU PRESIDENT GABONAIS : Une bagarre au motif suranné


 

Après plusieurs mois de conjectures, les prétendants à la magistrature suprême au Gabon ont pris position dans les starting-blocks pour la présidentielle du 27 août 2016 avec l’opération de dépôt de leurs candidatures  qui s’est achevée ce mardi 12 juillet. Si la loi du silence que s’est imposée la Commission électorale pèse encore sur l’identité de tous les concurrents, on sait néanmoins que le nombre de dossiers réceptionnés avoisine la vingtaine et que les principaux poids lourds, en l’occurrence Ali Bongo Odimba, président sortant et candidat à sa propre succession, Casimir Oyé Mba et Raymond Ndong Sima, tous deux anciens Premiers ministres, Guy Nzouba, ancien président de l’Assemblée nationale et Jean Ping, ex-président de la Commission de l’Union Africaine, ont tous déposé leur candidature. En attendant que s’ouvre la saison des recours devant la Cour constitutionnelle qui pourrait disqualifier certains concurrents déjà positionnés sur la ligne de départ,  la pléthore des candidatures crève la vue et le moins que l’on puisse dire est que les opposants gabonais filent du mauvais coton. Issus du même moule politique d’Omar Bongo mais mus par des ego surdimensionnés et obnubilés par le pouvoir, ils n’ont pu transcender leurs divergences pour fédérer leurs efforts autour d’une candidature unique. Et à coup sûr, cette guerre des ego et cette boulimie leur vaudront leur perte. En effet, dans un scrutin à un seul tour, une telle flopée de candidatures ne peut se solder que par l’émiettement des voix au profit du président sortant qui reste le favori du scrutin, non seulement en tant qu’héritier du patrimoine politique laissé par Omar Bongo, mais aussi en raison du bilan nettement élogieux de son mandat. A leur décharge, on peut comprendre qu’à l’ombre du Sphinx gabonais, ils ont dû ravaler pendant longtemps leurs ambitions hégémoniques et  n’ont pu, de ce fait, résister à la fascinante attraction de l’élection de 2016. Mais cela ne saurait constituer une excuse à cette immaturité politique affichée de l’opposition, toute chose qui permet sérieusement de douter de sa crédibilité.

Omar Bongo contraint à une seconde mort, doit se retourner dans sa tombe

D’abord, en raison de sa préférence pour les bagarres d’arrière-garde plutôt que pour les bagarres d’avant-garde. La bagarre qu’elle livre en effet au président Ali Bongo Odimba, est surannée car en ce 21e siècle, l’instrumentalisation des questions de filiation et d’ethnie n’est qu’un paravent derrière lequel s’abritent des hommes politiques en manque d’inspiration. L’histoire récente du monde nous rappelle à souhait que les grands bâtisseurs des nations, sont souvent des allogènes  et mieux, que  les grandes nations contemporaines sont nées des brassages des peuples qui ont pu transcender leurs différences et unir leurs forces au service du devenir collectif. La question de la filiation d’Ali Bongo ne peut donc nullement être un programme politique, mais n’est qu’une dérive haineuse dangereuse à fort taux d’explosivité sur un continent où la politisation de cette question a souvent conduit à une tragédie des peuples. Une opposition gabonaise disposant d’un minimum de lucidité, se serait investie dans un combat d’avant-garde pour des réformes politiques permettant non seulement de décupler les chances d’alternance au sommet de l’Etat à commencer par la remise en cause du mode du scrutin à un seul tour, mais aussi de toiletter la Constitution gabonaise pour la mettre à l’air du temps car comportant encore les germes de résistance à la démocratisation imposée par le discours de la Baule. Autre chose : la couardise condamnable de l’opposition. Tous ces opposants qui crient haro sur le baudet sont comptables des institutions et textes régissant encore le Gabon d’aujourd’hui, mais du vivant d’Omar Bongo, ils n’ont jamais levé le petit doigt pour faire la moindre dénonciation. Ils ne sont donc victimes que de dispositions constitutionnelles qu’ils ont aidé à écrire en croyant tendre des pièges à autrui. On ne peut donc pas faire aux opposants le reproche de se battre pour le respect de la Constitution, mais on peut s’interroger sur le choix du moment et de l’opportunité de ce combat perdu d’avance et qui aura fait une grande victime collatérale, Mme Bongo, l’ancienne épouse de Bongo père qui voit son honneur traîné dans la boue. Sans nul doute, l’ex-président, par cette guerre entre ses héritiers politiques qui éclabousse l’honneur de sa famille, doit se retourner dans sa tombe.

 

SAHO


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