DECES DE ARBA DIALLO :Que fera-t-on de son legs politique ?
Depuis l’annonce de la disparition de Arba Diallo, les réactions fusent de toutes parts. Tous, de manière unanime, ont mis en exergue les qualités humaines et politiques de l’homme. Ont-elles été suscitées par l’émotion et les convenances culturelles et sociales qui commandent que face à la disparition de tout homme, l’on voie la bouteille à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide, ou sont-elles en phase avec la réalité de l’ensemble des œuvres de l’illustre disparu ?
Arba Diallo a su faire preuve de sagesse et de pondération dans sa lutte politique
L’on peut être tenté de privilégier la deuxième hypothèse, même si systématiquement l’on ne peut pas rejeter l’idée de Jacques Breil selon laquelle tous les morts sont des anges même s’ils ont été de leur vivant, des personnes peu recommandables. L’antithèse de cette boutade pourrait être étayée avec la disparition de Arba Diallo. Ce dernier n’est pas subitement devenu un ange après sa mort. Il l’a toujours été.
D’abord, l’homme a su se rendre utile à sa région d’origine, le Sahel et plus particulièrement Dori. On le crédite de plusieurs œuvres d’intérêt commun qu’il a pu réaliser grâce aux nombreuses relations qu’il a tissées de par le monde. Son élection à la tête de la mairie de Dori, malgré la pléthore des moyens de certains de ses adversaires politiques, peut d’ailleurs être perçue comme un témoignage de gratitude de la part des populations.
Ensuite, Arba Diallo a su faire preuve de sagesse, de mesure, d’humilité et de pondération dans sa lutte politique. Tout en étant acerbe dans ses critiques, il a toujours trouvé la formule qui sied et l’image appropriée pour s’adresser à ses adversaires politiques, s’interdisant ainsi de porter le débat politique dans les caniveaux. On le revoit encore, à l’occasion d’un des meetings de l’opposition, brandissant un carton rouge à Blaise Compaoré, dans l’hilarité générale de l’assistance. Oui, l’homme était un opposant, mais pas un boutefeu de la république ; c’était un tribun, mais pas un tribun de la haine et de la violence.
Par ailleurs, l’on peut dire que Arba Diallo a su faire montre de convictions, de cohérence et de fidélité en politique. En effet, malgré les vicissitudes de l’histoire dont les grands épisodes ont été la chute du mur de Berlin et la remise en question des systèmes politiques proches des idées de Karl Marx, Arba Diallo n’a pas pour autant jeté le bébé avec l’eau du bain. Il est resté fidèle à certains enseignements des grands éducateurs du prolétariat. L’idéologie qu’il a défendue à l’époque au PAI puis au PDS/Metba en est une illustration. Dans le cadre de l’opposition, l’homme s’est illustré par sa disponibilité. Malgré son âge, il a toujours été présent à toutes les manifestations du chef de file de l’opposition politique (CFOP), pour dénoncer les actes attentatoires du pouvoir contre l’alternance et la démocratie.
Arba Diallo souhaite, du fond de sa sépulture, que son sacrifice ne soit pas vain
L’on peut même dire que sa présence dans l’opposition a contribué à la rendre plus crédible aux yeux des populations.
Pour toutes ces raisons, l’on peut se poser la question de savoir ce qu’on fera du legs politique de l’illustre disparu. Cette question trouve toute sa pertinence au regard des considérations suivantes. D’abord, les partis politiques créés par des hommes de la stature de Arba Diallo ont du mal à survivre à leurs géniteurs. L’exemple le plus parlant de ce constat est le sort calamiteux qui a été réservé au parti du professeur Ki-Zerbo, après le décès de celui-ci. Le parti de Arba Diallo, le PDS/Metba, saura-t-il échapper à ce sort ?
Ensuite, l’opposition burkinabè dont Arba Diallo était l’une des pièces maîtresses, saura-t-elle ne pas souiller et brader les idéaux pour lesquels le vieux Arba Diallo a toujours battu le macadam dans le cadre des activités du CFOP ?
Arba Diallo, qui a été arraché à l’affection du peuple burkinabè, alors qu’il était pleinement engagé dans le combat pour l’alternance et la démocratie, reposerait davantage en paix si les fils et filles du Burkina aux côtés desquels il menait cette lutte, remportaient la victoire. Tout échec pourrait s’apparenter à une deuxième mort de l’illustrissime disparu. Tombé les armes à la main, Arba Diallo souhaite, du fond de sa sépulture, que son sacrifice ne soit pas vain.
Pousdem PICKOU
Yaméogo Marie Noelie
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Que l’Âme de Monsieur Arba DIALLO repose en Paix. Amen. Je suis contente d’avoir écouté vos interventions sur le plan politique. Elles étaient toujours directes et claires. C’est ce qui nous manque actuellement. Le Président Blaise COMPAORÉ doit avoir pitié du peuple. Il faut qu’il nous dise directement ce qu’il compte faire en 2015. C’est l’essentiel. On est fatigué d’écouter des discours et des déclarations qui ne nous donnent pas son objectif. C’est lui notre Président. C’est lui qui doit dire oui ou non. Merci.
6 octobre 2014