HomeA la uneDECES D’ANDRE MBA OBAME : L’opposition gabonaise perd un vaillant capitaine

DECES D’ANDRE MBA OBAME : L’opposition gabonaise perd un vaillant capitaine


La situation sociopolitique au Gabon est à nouveau dans une zone de turbulences. Des turbulences occasionnées essentiellement par la disparition de l’opposant politique, André Mba Obame. Ce dernier s’est, en effet, éteint le 12 avril dernier, à Yaoundé au Cameroun. C’est un évènement tout aussi malheureux qu’inattendu qui met la population gabonaise, notamment celle de Libreville dans une situation de révolte.

Mba Obame était le premier opposant politique gabonais qui a réussi à ébranler les fondations du système politique de la dynastie Bongo au Gabon. On peut, à ce titre, dire qu’il était le visage de l’opposition gabonaise, l’homme avec qui l’alternance au Gabon n’était plus un mirage, mais un objectif à atteindre et qui ragaillardissait l’opposition dans son ensemble. Pas étonnant donc que l’annonce de sa disparition ait été immédiatement suivie de manifestations violentes dans la capitale gabonaise où la population a laissé libre cours à sa colère. L’opposition gabonaise a perdu un vaillant capitaine. C’est désormais une opposition déboussolée et, il faut le dire, qui mettra beaucoup de temps à se remettre de cette disparition. Elle ressortira un  jour peut-être la tête de l’eau et reprendra son combat pour libérer le Gabon de la dynastie Bongo, mais dans combien de temps ? En attendant, on est bien obligé de se demander ce qui reste du rêve d’alternance du peuple gabonais. L’opposition saura-t-elle se trouver un autre leader aussi charismatique qu’André Mba Obame ? Et surtout saura-t-elle faire l’union sacrée autour d’une seule figure en mettant de côté les luttes de leadership et des ego surdimensionnés afin de faire goûter enfin au peuple gabonais les délices de l’alternance démocratique ? Il faut bien l’espérer.

Cette disparition va ouvrir la voie à une guerre de positionnement au sein de l’opposition

Cela dit, et en attendant de voir la nouvelle configuration de cette opposition gabonaise, on peut se demander à qui profite la disparition d’André Mba Obame. Une interrogation plutôt bien à propos, au regard de la violence qui a accompagné l’annonce de son décès et surtout du doigt accusateur que nombre de Gabonais pointent sur le régime en place. On sait,  en  effet, que Mba Obame était la mauvaise conscience du régime d’Ali Bongo. Quand il a pris la tête de l’opposition, après avoir été au cœur du système en servant dans le gouvernement d’Omar Bongo, il était devenu tout de suite l’homme à abattre. Et Ali Bongo n’avait jamais cherché à cacher la haine qu’il portait à l’endroit de cet homme, surtout depuis le jour où il a franchi le Rubicon en s’autoproclamant président élu du Gabon, à l’issue de la dernière présidentielle. Par ailleurs, certaines langues au Gabon n’hésitent pas à lui attribuer la paternité des révélations publiées par l’écrivain Pierre Péan, mettant en doute la nationalité gabonaise d’Ali Bongo.

Au regard des relations plutôt inamicales qu’il entretenait avec le régime, on comprend facilement le doigt accusateur que l’opposition et une bonne frange de la population pointent sur Ali Bongo et son gouvernement. C’est sans doute une épine que le destin vient de retirer du pied de Bongo fils. Si on admet que ce n’est pas Ali Bongo himself qui s’est retiré cette épine du pied. Mais il faut reconnaître que cette disparition ne fait pas que l’affaire du régime. Elle va ouvrir désormais la voie à une guerre de positionnement au sein de l’opposition,  car tout le monde, il faut le dire, ne s’accommodait pas bien du leadership de Mba Obame. Jean Ping notamment se verrait bien sur le fauteuil de leader de l’opposition qui, désormais , cherche un occupant. En attendant, les pneus brûlés les rues barricadées,  les voitures calcinées qui jonchent les artères de la capitale Libreville, sont un mauvais signal pour la paix sociale dans ce pays. Il faut aussi espérer que le peuple béninois dont l’ambassade à Libreville a été saccagé et brûlé par des manifestants convaincus que leur leader a été tué par envoûtement depuis le Bénin, saura comprendre la douleur des Gabonais et ne se laissera pas entraîner dans une logique  de réponse du berger à la bergère. Quand l’irrationnel fait irruption dans le débat politique, ça devient encore plus compliqué. Mais c’est ça aussi l’Afrique !

Dieudonné MAKIENI


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