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DECES DE BEJI CAÏD ESSEBSI


C’est la présidence tunisienne qui l’a annoncé, hier, 25 juillet 2019. Le président Béji Caïd Essebsi s’est éteint à l’âge de 92 ans, à l’hôpital militaire de Tunis. Rappelons que la santé du chef de l’Etat tunisien s’était fortement dégradée si fait qu’il a été maintes fois hospitalisé, en l’espace d’un mois. Toute chose qui avait laissé planer le doute quant à la convocation, dans les délais constitutionnels, du corps électoral pour les législatives du 6 octobre et la présidentielle du 17 novembre prochains. Mais il y avait eu plus de peur que de mal ; le président Essebsi ayant signé le décret très attendu, le 5 juillet dernier. Né en 1926 à Sidi Bou Saïd, dans une famille tunisoise et père de quatre enfants, Béji Caïd Essebsi était considéré comme la cheville ouvrière de la démocratie tunisienne. Avocat de profession, il est connu pour avoir longtemps cheminé avec Habib Bourguiba qu’il qualifiait de « visionnaire » et de « fondateur de l’Etat moderne ». Arrivé au pouvoir en 2014, Caïd Essebsi, s’inspirant de la démission du pouvoir, du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, avait annoncé qu’il ne briguerait pas un second mandat, préférant « laisser la place aux jeunes ». Il ne pensait pas si bien faire quand on sait que ses ennuis sanitaires ont commencé quelque deux mois seulement après cette déclaration faite en avril.  Celui que les Tunisiens pleurent aujourd’hui, a, tour à tour, été ambassadeur de son pays en France, ministre des Affaires étrangères, ministre de l’Intérieur, président de l’Assemblée nationale et Premier ministre du gouvernement provisoire post-révolutionnaire.

Pour l’instant, le plus important, c’est de rendre d’abord hommage à ce digne fils de la Tunisie

Soucieux de rassembler l’opposition, il a créé, en 2012, son propre parti appelé « Nida Tounes », une formation hétéroclite composée d’hommes d’affaires, d’intellectuels, de syndicalistes, de militants de gauche, mais aussi de proches du régime déchu de Ben Ali aux fins de faire échec aux islamistes d’Ennahdha. Le jeune parti ayant remporté les législatives de 2014, cela lui a ouvert la voie à la présidentielle de la même année, qu’il a remportée haut la main. Parvenu au pouvoir, il avait fait de la lutte contre l’insécurité, son cheval de bataille ; la Tunisie ayant enregistré plusieurs attaques terroristes sur son sol. Maintenant que celui qui ne jurait que par Bourguiba s’en est allé, quel héritage laisse-t-il à la Tunisie à laquelle il aura donné une partie de sa vie et de son engagement ? En effet, s’il est vrai que Essebsi a réussi à réconcilier les Tunisiens, son départ ouvre, tout de même, une période d’incertitudes politiques pour le pays. Car, en vertu de la Constitution, il revient à la Cour constitutionnelle de constater la vacance du pouvoir et de confier l’intérim au président du Parlement. Pour l’instant, le plus important pour les Tunisiens, c’est de rendre d’abord hommage à ce digne fils de la Tunisie, celui-là qui parsemait ses discours de versets du Coran, de proverbes du terroir et de blagues à l’égard de ses adversaires et que d’aucuns accusaient, à tort ou à raison, de mener une « contre- révolution ».

B.O


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