DECRISPATION


DECRISPATION

 

Voilà un geste d’apaisement, du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, qui va immanquablement décrisper l’atmosphère politique et sociale ivoirienne, les jours à venir.

 

Au moins 700 détenus pro-Gbagbo devraient être libérés, incessamment, selon une source judiciaire, au cœur du dossier. « Le Fpi a déposé leur liste. Le chef de l’Etat a déjà pris une décision qui sera exécutée au plus tard à la fin de cette semaine. Ils vont tous sortir de prison. Cela va se faire par vague. L’examen de leur demande de mise liberté provisoire est terminé », nous apprend notre source. Cette décision de mise en liberté massive des Pro-Gbagbo est la résultante positive des différentes rencontres que le Fpi a eues avec les autorités ivoiriennes, mais aussi des négociations souterraines menées par certaines chancelleries et des appels au pardon lancés çà et là.

Depuis quelques semaines, la justice ivoirienne planchait sur des demandes de mise en liberté provisoire introduites par ces partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo, détenus de la crise postélectorale de 2010-2011. C’est le chef de l’Etat, lui-même qui avait souhaité leur remise en liberté sans condition, dans le cadre du processus de réconciliation nationale. “Le Chef de l’Etat a instruit le ministre en charge de la Justice en vue de la prise immédiate de mesures d’apaisement concernant les détenus et ex-détenus de la crise postélectorale”, avait notamment indiqué un communiqué du conseil des ministres en décembre 2013, suite à une rencontre entre une délégation du Fpi et le ministre d’Etat Hamed Bakayoko. Les deux parties avaient discuté, notamment, du retour « sécurisé des exilés » et l’élargissement des prisonniers « politiques ». C’est alors que le ministre de la Justice, Gnénéma Coulibaly avait annoncé avoir “saisi le procureur de la République pour l’examen de cette question dans les meilleurs délais”. “J’ai demandé au Garde des sceaux que la justice examine à nouveau d’autres mesures d’élargissement afin de favoriser le retour d’une paix définitive dans notre pays”, avait déclaré le président de la République, répondant aux vœux du corps diplomatique au cours d’une cérémonie au palais présidentiel, le 6 janvier 2014.

Le collège d’avocats des détenus, a lancé la procédure de demande de mise en liberté provisoire auprès du juge d’instruction et du président de la chambre d’accusation pour une centaine de personnes, avait indiqué un des avocats, Me Hervé Gouaméné. “Nous avons lancé la procédure pour au moins une centaine de détenus dont Simone Gbagbo et (Charles) Blé Goudé”, avait-t-il souligné. Notre source est restée muette sur les cas Blé Goudé et Simone Gbagbo, dont les noms sont sur les « tablettes » de la Cour pénale internationale (Cpi).

Signalons que début août 2013, la justice avait accordé la liberté provisoire à Michel Gbagbo, fils de l’ex-président, à Pascal Affi N’Guessan, ex-patron de l’ancien parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (Fpi), et à Justin Koua, responsable de la jeunesse du Fpi, ainsi qu’à une dizaine de cadres de ce parti. Avant eux, la justice avait également libéré huit détenus pro-Gbagbo, tous incarcérés après la crise de 2010-2011, dont Aké N’gbo, Jean-Jacques Béchio, Gnahoua Zibrabi … Ils sont inculpés de génocide et de crimes de sang pour certains, d`autres uniquement d`atteinte à la sûreté de l`Etat ou d’infractions économiques. Des dizaines d’Ivoiriens pro-Gbagbo sont détenus en liaison avec la crise post-électorale. Ces libérations doivent participer “à l’apaisement du climat social”, avait estimé le ministre de la Justice des droits de l’Homme et des libertés publiques, Gnénéma Coulibaly, se confiant à un confrère de la place.


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