HomeA la uneDELEGATION AFRICAINE DE HAUT NIVEAU AU BURUNDI : Quand l’UA veut se donner bonne conscience

DELEGATION AFRICAINE DE HAUT NIVEAU AU BURUNDI : Quand l’UA veut se donner bonne conscience


 

Face aux tueries qui se poursuivent au Burundi, l’Union africaine (UA) ne démord pas de son idée d’envoyer une force de stabilisation dans ce pays. C’est dans ce sens que, faute de pouvoir y déployer ses hommes sans le consentement de Bujumbura, l’institution africaine veut y dépêcher une délégation de haut niveau, composée de quatre chefs d’Etat et d’un Premier ministre. Ainsi, les présidents, mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, sud-africain Jacob Zuma, sénégalais Macky Sall, gabonais Ali Bongo Ondimba, et le Premier ministre  éthiopien Hailemariam Desalegn auront pour mission de convaincre le président burundais, Pierre Nkurunziza, d’accepter l’envoi de soldats africains de la paix pour stabiliser prioritairement la situation et renouer le fil du dialogue entre protagonistes burundais. De prime abord, l’on peut saluer la ténacité de l’institution africaine qui ne semble pas vouloir reculer devant les difficultés pour trouver une issue à la crise burundaise. Cela est tout à son honneur. Mais vu l’hostilité affichée et maintes fois répétée des autorités de Bujumbura à tout déploiement de troupes sur leur sol, l’on se demande quels mots les émissaires de l’UA trouveront pour ramener Nkurunziza à de meilleurs sentiments. Surtout que l’institution de Dlamini-Zuma avait envisagé entre-temps la possibilité de déployer 5000 hommes pour protéger les populations des tueries, même sans le consentement de Bujumbura, avant de se dégonfler comme un ballon de baudruche devant l’entêtement de Pierre Nkurunziza qui avait décidé de les traiter en envahisseurs et de leur réserver le traitement approprié. Or, si l’UA avait été suffisamment audacieuse dans cette démarche, cela aurait certainement permis de faire évoluer positivement la situation sociopolitique, qui voit chaque jour le Burundi se rapprocher un peu plus de la guerre civile.  Hélas, mille fois hélas, l’histoire retiendra que l’UA n’a pas eu suffisamment de couilles pour intervenir au Burundi, si ce ne sont pas les chefs d’Etat qui ont simplement agi de façon à saboter l’initiative de la présidente Dlamini-Zuma, en optant pour le dialogue avec Nkurunziza dont la position intransigeante est pourtant connue de longue date.

L’échec de l’UA au Burundi  serait un mauvais augure pour la démocratie dans cette partie de l’Afrique

C’est pourquoi l’on peut comprendre l’attitude de l’opposition burundaise armée, qui a choisi de se faire entendre par le canon à la veille de la visite de haut niveau, pour que l’UA prenne toute la mesure de la nécessité du déploiement de ses troupes dans ce pays, contrairement aux autorités qui continuent d’affirmer que tout y va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. En vérité, un tel déploiement serait gênant pour Bujumbura à plus d’un titre, mais il serait plus que profitable au peuple burundais. Aussi, l’on ne serait pas surpris que cette mission de haut niveau, qui en appellera certainement d’autres, se termine par un autre camouflet pour l’UA. Et l’on ne peut pas dire que l’institution africaine n’en est pas consciente. C’est pourquoi l’on est porté à croire que l’UA cherche simplement à sauver les apparences suite à son échec constaté à Addis-Abeba.  Nkurunziza continuera de se montrer intraitable sur la question, lui qui s’est jusque-là montré inflexible et imperméable à toute médiation visant à remettre en cause son troisième mandat qui est le véritable nœud gordien de la crise burundaise. Renforcé en cela par la légitimité de fait que lui reconnaît l’UA en demandant son accord avant toute intervention à Bujumbura. Le boucher du Burundi l’est tout autant par le soutien des dictateurs de tout poil qui infestent la région et qui partagent in petto son combat. Quel retournement spectaculaire de situation pour un président dont la légitimité était sujette à caution ! En tout cas, l’échec de l’UA au Burundi  serait un mauvais augure pour la démocratie dans cette partie de l’Afrique, car la stratégie gagnante de Nkurunziza pourrait inspirer, si ce n’est déjà fait,  plus d’un de ses pairs qui nourrissent les mêmes ambitions.

Outélé KEITA


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