HomeA la uneDEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURES POUR LES MUNICIPALES : Les raisons du peu d’empressement  

DEPOT DES DOSSIERS DE CANDIDATURES POUR LES MUNICIPALES : Les raisons du peu d’empressement  


 

Le 22 mai prochain, les Burkinabè seront appelés aux urnes pour les élections municipales. Dans ce cadre, la clôture du dépôt des dossiers de candidatures était fixée au dimanche 13 mars dernier à minuit. Mais comme chaque année, c’est à la dernière minute que la plupart des partis politiques se sont bousculés dans les différents centres de dépôt pour sacrifier à la tradition. Toute chose qui a semblé exaspérer le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), en charge de ces élections, qui a lâché, au détour d’une visite dans une des Commissions électorales indépendantes d’arrondissement pour s’assurer du bon déroulement des opérations de réception des candidatures, ceci : « C’est toujours la même chose. Certains partis attendent 23h55 pour venir déposer les dossiers de candidature. Nous pensions que plus rien ne serait comme avant, mais hélas… ». Mais pourquoi une telle attitude qui frise l’impréparation voire le laxisme, surtout pour des partis qui ne sont pas à leur première participation à ce genre de scrutins ? On peut voir plusieurs raisons à ce peu d’empressement. L’on peut croire en effet que c’est une stratégie adoptée de longue date par les partis politiques, pour faire face au nomadisme politique. Car ce n’est un secret pour personne qu’à l’occasion de ces élections de proximité, c’est la croix et la bannière pour l’établissement des listes électorales qui ne manque pas de faire des gorges chaudes et de susciter des frustrations, tant les prétendants sont nombreux et le nombre de postes limités.  Or, tous les partis politiques sont conscients que les élections se gagnent à la base. D’où cette tendance à vouloir positionner des hommes de première main à ces postes hautement stratégiques qui suscitent aussi la convoitise de certains responsables traditionnels.

Pourquoi ne pas aller carrément à des primaires et laisser parler les urnes ?

Et pour les élections à venir, la tradition a été une fois de plus respectée. Car, l’on a pu faire le constat de ces remous au sein de plusieurs formations politiques autour de la question des listes électorales. Si dans certaines formations, ces remous ont plus ou moins été contenus, le bonnet d’âne est revenu au parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), où de Banfora à Saaba en passant par Bobo-Dioulasso, Nouna et Kombissiri pour ne citer que ces localités-là, des militants de ce parti se sont fait entendre bruyamment, par rapport à la désignation de leurs représentants locaux. Mais au-delà de ces mouvements d’humeur qui traduisent la vitalité de ces partis politiques et l’intérêt des militants de la base pour la chose électorale, ces querelles sourdes ou déclarées posent un problème d’éthique, aussi bien au niveau des partis politiques qui veulent couper l’herbe sous les pieds d’éventuels insatisfaits, en leur ôtant toute possibilité de migration, qu’au niveau des militants qui sont prêts à retourner leur veste à la moindre occasion  pour aller monnayer leur voix ailleurs. Où est la conviction politique dans tout ça ? Où est l’idéologie politique pour laquelle l’on est censé se battre ? En tout cas, quand un candidat, simplement parce qu’il n’a pas été retenu sur une liste électorale, migre avec armes et militants dans une autre formation politique,  cela s’appelle du clientélisme et non du militantisme. Ce sont les attitudes de ce genre qui contribuent à tirer la démocratie vers le bas. Il faut y trouver une solution si l’on veut rompre avec ces tristes images de contestations devenues récurrentes et parfois violentes, qui ne font finalement honneur à personne. Cela passe par une véritable culture de la démocratie à l’intérieur des partis politiques, avec des règles claires et respectées par tous, de la base au sommet. Pourquoi donc ne pas aller carrément à des primaires et laisser parler les urnes ? En tout cas, ce serait une véritable avancée pour nos jeunes démocraties en construction, car cela aurait l’avantage de mettre tous les prétendants sur un pied d’égalité, au lieu que certains se prévalent de leur proximité avec le chef pour prétendre à ces postes électifs et de représentativité locale, où la manne que procure la vente des parcelles fait figure de miel attirant les mouches.

Outélé KEITA


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