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DESARMEMENT DANS LE POOL


 Le pasteur Ntumi ne veut pas mordre facilement à l’hameçon de Sassou

En décembre 2017, les protagonistes de la guerre du Pool, à savoir l’ancien chef rebelle, Fréderic Bintsatmou alias pasteur Ntumi, et le gouvernement de Denis Sassou Nguesso, avaient procédé à la signature d’accords qui ont permis de mettre fin à la guerre du Pool. Un autre pas supplémentaire vers la paix a été posé en juillet dernier par Brazzaville.  Celui-ci a consisté, on se rappelle,  à lever  les mandats d’arrêt émis à l’encontre du pasteur Ntumi. A la suite de ces deux actes, devait intervenir le désarmement des « Ninjas », du nom des miliciens de Ntumi. Le processus de paix coince à ce niveau. Et pour cause : l’ancien chef rebelle réclame des moyens à Brazzaville, pour rendre effective l’opération. C’est, du moins, la réplique qu’il a formulée à l’endroit de Séraphin Onbelé, le président de la Commission de supervision  du désarmement. Ce dernier, en effet, avait fait le déplacement dans un  des bastions du pasteur Ntumi, pour une paix effective. « Je viens auprès de vous solliciter votre appel à la paix, votre appel au ramassage d’armes parce qu’il n’y a pas de paix sans ramassage d’armes », avait-il dit. Comme on le voit, c’est presqu’à genoux, peut-on dire, que le président de la Commission du désarmement a supplié le maître du Pool de procéder au ramassage des armes de ses combattants. Mais tout laisse croire que le rebelle ne veut pas mordre facilement à l’hameçon de Sassou. Et c’est de bonne guerre. D’abord, l’homme  veut s’entourer de toutes les  garanties, avant de s’exécuter. Pour être plus précis, il voudrait s’assurer de ce que lui et ses hommes deviendront après l’opération. Ensuite, il se préoccupe de l’ensemble de la région du Pool. Il s’en préoccupe d’autant plus qu’il est de notoriété publique que son Pool natal a été pendant longtemps marginalisé voire ostracisé par le régime de Sassou, dominé comme on le sait par l’hégémonie des nordistes. D’ailleurs, le pasteur Ntumi l’a dit en ces termes : « On peut remettre une arme mais la situation qui a provoqué qu’untel prenne une arme, si on ne l’a pas réglée, finalement, c’est comme si on était des animaux qui se sont battus ».

Ntumi représente pour Sassou un danger

La troisième et dernière raison qui pourrait expliquer pourquoi l’ancien chef rebelle n’est pas pressé de désarmer ses hommes, réside dans la personnalité de Sassou. En effet, derrière la main tendue de celui-ci, pourraient se cacher des intentions malsaines : s’approcher de sa proie pour mieux la dévorer.  Ainsi donc, ce qu’il n’a pas pu obtenir par  les armes, il pourra l’obtenir par la ruse. Le malheur de Sassou, c’est que le pasteur Ntumi le connaît comme sa poche. Il sait, par exemple, qu’il a la rancune tenace et qu’il n’est pas prêt à accepter de partager l’échiquier politique congolais avec quelqu’un, fût-il Ntumi. L’on peut ajouter à toutes ces raisons le fait que l’ancien chef rebelle sait qu’il ne peut compter ni sur la France ni sur les Etats-Unis pour garantir sa sécurité, une fois qu’il aura remis les armes au gouvernement. Et pour cause : Sassou garantit les intérêts des Occidentaux au Congo et même au-delà. Tant qu’il demeurera dans cette posture, ses protecteurs ne rougiront pas de le voir éliminer un empêcheur de tourner en rond. A ce sujet, le pasteur Ntumi a certainement toujours en mémoire le présumé rôle joué par l’Amérique dans l’élimination physique de Jonas Savimbi. Sassou pourrait donc mijoter un coup pour le tuer. Cette hypothèse n’est pas farfelue. Elle tient d’autant plus la route que le pasteur Ntumi n’est pas n’importe qui au Congo. En effet, il a réussi, par son charisme et son aura d’homme politique et « d’homme de Dieu », à subjuguer et à envoûter tout le Pool. De ce point de vue, il représente pour Sassou un danger plus que celui qu’incarnent les opposants politiques traditionnels. Mais il n’est pas exclu que Sassou soit animé de nobles intentions en tendant la main à celui  qui a été pendant presque dix ans, son délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre. Après avoir neutralisé ses opposants politiques, après avoir  taillé à sa mesure la Constitution du Congo pour s’accrocher à son trône, il a tout intérêt à s’approcher du pasteur Ntumi, ne serait-ce que pour s’assurer un règne à  vie tranquille. Et le seul qui peut politiquement et militairement l’en empêcher, est un certain Frédéric Bintsatmou alias Pasteur Ntumi.

Pousdem PICKOU


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