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DESIGNATION CONTROVERSEE D’UN NOUVEAU PM EN LIBYE


Le Parlement libyen basé à Tobrouk dans l’Est libyen, a désigné, à l’unanimité, le 10 février 2022, au terme d’un vote controversé, l’ex-ministre de l’Intérieur, Fathi Bachagha, pour succéder à Abdelhamid Dbeibah au poste de Premier ministre (PM). Et ce, bien que ce dernier ait exprimé haut et fort sa volonté de ne céder le pouvoir qu’à un gouvernement issu des urnes. C’est dire si la Libye n’est pas sortie de l’auberge. On est d’autant plus fondé à le penser que le vote du nouveau PM n’aurait pas été fait dans les règles de l’art, selon certains Libyens, puisqu’un démenti a été apporté aux allégations du Parlement, selon lesquelles le challenger de Fathi, Khaled al-Bibass, se serait désisté avant le vote. Tout porte à croire que la désignation controversée du nouveau PM, risque d’exacerber les tensions entre Fathi et Dbeibah, deux frères ennemis de l’Ouest libyen. Cela dit, va-t-on vers un bras de fer ? Tout laisse croire que oui. Ce d’autant que chacun dispose de soutien de groupes armés dans la Tripolitaine qui sont, on le sait, prêts à faire parler la poudre. Si la présidentielle qui était prévue pour se tenir au mois de décembre 2021, à laquelle les deux rivaux étaient candidats, a été reportée sine die, c’est parce que les querelles d’ego n’ont pas laissé place au dialogue. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec cette désignation ‘’mouta’’ ‘’mouta’’ du nouveau PM, une nouvelle période d’incertitudes s’ouvre en Libye. En tout cas, on ne voit pas comment le nouveau chef du gouvernement pourrait conduire sereinement les affaires dans ce climat de tensions permanentes.  Surtout que Dbeibah et son équipe crient à la défiance.

 

Chaque camp gagnerait à mettre de l’eau dans son vin

 

Le Parlement de Tobrouk a-t-il les moyens de sa politique ? Rien n’est moins sûr. On le sait, le gouvernement intérimaire a le soutien de la communauté internationale et de nombreux groupes armés et tant que les choses seront ainsi, il sera difficile, pour ne pas dire impossible au nouvel élu, d’exercer la plénitude de ses pouvoirs à Tripoli. Alors, va-t-on assister à l’installation de deux gouvernements en Libye ? Rien n’est à exclure.  En tout cas, un tel scénario ne saurait étonner ce d’autant que le dialogue n’est pas la chose la mieux partagée en Libye. Si onze ans après la mort du guide libyen, Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours à la recherche de ses marques, c’est parce que ses fils ne s’entendent que sur leurs désaccords. Et tant que les principaux acteurs qui se disputent la dépouille de la Libye ne privilégieront pas l’intérêt supérieur de la Nation au détriment des intérêts personnels et partisans, ce pays ne connaîtra pas la paix. Les Libyens doivent se convaincre que personne ne viendra construire le pays à leur place. Toutes ces puissances étrangères qui rôdent autour des différents rivaux tels des vautours autour d’un cadavre d’éléphant, ne lorgnent, en réalité, que les richesses du pays. C’est dire si chaque acteur libyen doit savoir raison garder. Autant dire que chaque camp gagnerait à mettre de l’eau dans son vin. Il y va, et c’est peu de le dire, du devenir de la Libye. Il est temps de libérer le peuple libyen qui souffre le martyre depuis plus d’une décennie.

 

DZ 

 

(‘’Mouta’’ ‘’mouta’’ : expression locale signifiant pas très claire)

 

 


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