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DISCOURS SUR LA SITUATION DE LA NATION


Le Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré a sacrifié, le 17 mai dernier, à un exercice constitutionnel en prononçant son Discours sur la situation de la Nation (DSN) devant les élus nationaux. Initialement prévu pour avril dernier, soit quelques jours après la rentrée parlementaire, le DSN a été retardé ; crise du coronavirus oblige. Toute chose qui a permis au chef du gouvernement d’actualiser ses données ; ce qui explique que la gestion de la Covid-19 a occupé une place de choix dans ce grand oral qui était très attendu par les députés. Cela dit, tout en reconnaissant quelques hésitations, le Premier ministre s’est dit satisfait de la gestion de la crise sanitaire que connaît notre pays depuis le 9 mars dernier. Car, dit-il, même les nations les mieux nanties avec des systèmes de santé performants, ont été éprouvées ; en témoignent les décès en série constatés presque chaque jour qui passe, dans certains pays du Nord. L’occasion faisant le larron, Christophe Dabiré a tenu à exprimer sa gratitude à toutes ces bonnes volontés qui ont répondu favorablement à l’appel à la solidarité lancé par le président du Faso pour faire face à la Covid-19.  Toujours en rapport avec le secteur de la santé, le Premier ministre a rappelé la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, décidée par le président du Faso. Cette mesure, faut-il le rappeler, est en vigueur depuis 2016, même si, par endroits, sa mise en œuvre rencontre des difficultés du fait de la rupture régulière des produits médicamenteux. A ce goulot d’étranglement sus-cité s’ajoute la cupidité de certains agents de santé qui, profitant de l’ignorance des populations, vendent des produits qui devraient être gratuitement servis aux patients. Comme quoi, « il n’y a rien de si grand dont la malignité humaine ne puisse en abuser », pour reprendre les termes de Denis Diderot.

Certaines zones de notre territoire, à l’Est comme au Sahel, sont aujourd’hui sous le contrôle de groupes armés

En tout cas, comme on ne saurait parler de santé sans sécurité, on comprend pourquoi le chef du gouvernement a consacré une bonne partie de son intervention à la lutte contre le terrorisme qui menace même les fondements de notre pays. Tout en rappelant qu’avec l’appui des partenaires techniques et financiers, de nombreuses opérations ont été conduites avec succès sur le terrain, Christophe Dabiré refuse de se gargariser de ces victoires militaires qui cachent mal d’immenses défis. Car, même s’il ne le dit pas, certaines zones de notre territoire, à l’Est comme au Sahel, sont aujourd’hui sous le contrôle de groupes armés qui y font la pluie et le beau temps. C’est, du reste, la recrudescence des attaques terroristes qui avait poussé le président Roch Marc Christian Kaboré à lancer un appel au recrutement de volontaires pour la défense de la patrie, afin de renforcer les capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité (FDS) constamment harcelées. Mais comme le dit l’adage, « l’arbre ne doit pas cacher la forêt ». Car, si par endroits, les volontaires pour la défense de la patrie sont déjà sur le terrain, tel n’est pas le cas pour certaines contrées où des jeunes organisés attendent avec impatience qu’on leur donne des moyens pour agir. Peut-être dira-t-on que le coronavirus est passé par là. En tout cas, comme la lutte contre le terrorisme est un combat de longue haleine, qui exige l’union des fils et filles du pays, le Premier ministre a, une fois de plus, appelé à une trêve sociale et ce, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation. Sera-t-il entendu ? Question à plusieurs inconnues.

Boundi OUOBA


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