HomeDroit dans les yeuxDYSFONCTIONNEMENTS CONSTATES AU CHUR DE OUAHIGOUYA PAR LE MINISTRE DE LA SANTE  

DYSFONCTIONNEMENTS CONSTATES AU CHUR DE OUAHIGOUYA PAR LE MINISTRE DE LA SANTE  


Interpellé par un député de l’Assemblée nationale à propos des maux dont souffre le CHUR (Centre hospitalier universitaire régional) de Ouahigouya, le Premier ministre a dépêché dans ladite localité le ministre de la Santé, Pr Charlemagne Ouédraogo. Ce dernier y a effectué le déplacement le 21 mai 2021 dernier et a constaté de visu ceci : des équipements insuffisamment installés, des malfaçons des équipements biomédicaux, des équipements vétustes, etc. Le constat de ces anomalies a suscité, peut-on dire, l’ire du premier responsable de la Santé et sans porter de gants, il s’est offusqué en ces termes : « pour ce qui est des malfaçons et équipements partiellement installés, les fautifs seront interpellés et les responsabilités seront situées. Ce n’est pas normal ». L’on peut d’abord saluer la diligence avec laquelle le Premier ministre a réagi à l’interpellation pathétique du député. En effet, l’interpellation lui fut adressée rien que le  20 mai dernier, date de son grand oral devant l’Assemblée nationale. Le lendemain, c’est-à-dire le 21 mai dernier, le ministre était à Ouahigouya. Et le  moins que l’on puisse dire, c’est qu’il  n’a pas fait dans la dentelle dans l’appréciation de ce qu’il a vu. Avant cette mission à Ouahigouya, le ministre s’était illustré dans des visites  inopinées dans des structures de santé de la capitale. Et là aussi, il avait pointé des dysfonctionnements. Tout cela peut illustrer la volonté du ministre Charlemagne Ouédraogo de faire bouger les lignes dans le sens d’une meilleure gouvernance de nos structures de santé. En tout cas, le diagnostic établi par le ministre est formel : le pronostic vital, pour parler comme les médecins, de pratiquement toutes nos structures sanitaires publiques, est engagé. Dès lors, l’on attend de voir la suite. Car, c’est bien de poser le diagnostic, qui, au demeurant, était connu de tous. Mais c’est encore mieux d’apporter la thérapie qu’il faut pour soigner le mal.

 

On attend du ministre qu’il révolutionne le ministère de la Santé dans l’intérêt des populations

 

 

C’est seulement à ce prix qu’on peut se permettre des lui tresser des lauriers. En effet, avant lui, bien des ministres de la Santé avaient affiché de bonnes intentions  quelques mois après leur nomination. Certains d’entre eux avaient même juré, la main sur le cœur, qu’ils séviraient sans état d’âme contre les femmes et les hommes qui tirent le système de santé vers le bas. Après, ils se sont dégonflés comme des ballons de baudruche tant et si bien que leurs engagements n’ont jamais été suivis d’effets jusqu’à ce qu’ils passent le relais à d’autres personnes. L’on croise les doigts pour que le ministre Charlemagne ne subisse pas le même sort. Mais on peut craindre qu’il subisse le sort d’Icare, du nom de ce personnage de la mythologie grecque, qui,  pour sauver son père, s’est enfui du labyrinthe, en se dotant d’ailes faites de plumes et fixées avec la cire. La chaleur du soleil fit fondre la cire et Icare tomba dans la mer. Quand par exemple le ministre martèle que «  les fautifs des malfaçons et des équipements partiellement installés, seront interpellés et que les responsabilités seront situées », on peut être sceptique quant à la traduction en actes d’une telle menace. Et pour cause. Derrière ces messieurs et dames qui ont obtenu  les marchés et qui les ont mal exécutés, pourraient se cacher des hommes politiques et pas des moindres. L’autre obstacle sur lequel il peut buter, pourrait être de nature endogène. De hauts cadres de la santé pourraient avoir favorisé ces dysfonctionnements à dessein, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Et dans ce cas de figure, ils lui mèneront la vie dure de sorte à l’amener à mettre beaucoup d’eau dans son vin. Et le soutien politique pourrait lui faire défaut. Car, dans ce pays, les ministres qui font l’effort de s’illustrer par leur exemplarité et leur inclinaison pour le travail bien fait, sont perçus comme des éléments dangereux dont ils faut se débarrasser au plus vite pour que leur exemple ne fasse pas tâche d’huile. Et cela n’est pas sans rappeler l’époque du « mange et tais-toi ». Beaucoup de nos intellectuels  et ministres avaient effectivement appliqué à la perfection cette formule emblématique de l’époque de l’ODP/MT (Organisation pour la démocratie et le progrès/ mouvement du travail). Signalons  en passant que c’est ce parti, plus d’autres formations politiques, qui avaient enfanté le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Une fois de plus, on attend de voir la suite de ce que le ministre a dit relativement à sa sortie terrain de Ouahigouya. Et les maux que le ministre a relevés ne sont pas propres à Ouahigouya. Toutes nos structures de santé ou presque, en souffrent. Et ces maux ne datent pas seulement d’aujourd’hui, ils datent depuis toujours. Du ministre Charlemagne Ouédraogo, on dit que c’est un homme de rigueur et de principe. En tout cas, dans sa vie passée, bien des gens utilisaient ces qualificatifs pour le décrire. Maintenant qu’il  est à la tête de ce ministère dont l’importance n’est plus à démontrer, on attend de lui qu’il le révolutionne dans l’intérêt des populations. En tout cas, c’est au pied du mur que l’on reconnaît le bon maçon…

 

Sidzabda     


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