ECHEC ANNONCE DU DIALOGUE POLITIQUE INTERBURUNDAIS : Nkurunziza se repaît de l’incurie de la communauté internationale
Le dialogue politique interburundais est-il mort-né ? C’est la question que tout le monde se pose au regard des positions très tranchées des deux camps : pouvoir et opposition. On se rappelle, en effet, que lors de la première rencontre tenue à Arusha, en Tanzanie, du 21 au 24 mai dernier, sous les auspices du médiateur Benjamin Mkapa, les membres de l’opposition, réunis au sein de la plateforme dénommée CNARED, n’avaient pas été officiellement invités pour la simple raison que le pouvoir du pasteur Pierre Nkurunziza ne voulait pas les voir, même en peinture. Mesurant toute l’immensité de la tâche qui est la sienne face à l’intransigeance dont font montre les protagonistes de la crise burundaise, le médiateur Mkapa avait promis de prendre langue avec les « grands absents » d’Arusha. Il s’agissait de dégager une ligne de conduite claire. Mais en attendant, les membres du directoire du CNARED se sont réunis le 5 juin dernier à Bruxelles et ont décidé de boycotter le dialogue en cours, tant que la plateforme ne sera pas invitée en tant que bloc politique. Surpassant leurs ego et leurs intérêts individuels, les responsables de la coalition de l’opposition burundaise ont compris qu’ils auraient tort de se laisser diviser, au risque de jouer le jeu du boucher de Bujumbura qui, envers et contre tous, continue de massacrer son peuple. Si fait que chaque jour qui passe apporte son lot de cadavres sur les collines de Musaga et Kamesa, du nom de ces quartiers réputés hostiles au pouvoir de Nkurunziza. Et ce n’est pas tout. Car, se repaissant de l’incurie de la communauté internationale, le président Nkurunziza a franchi le Rubicon en menaçant d’écraser, “tels des cafards”, les rebelles de la commune de Mugamba, qui refuseraient de déposer les armes dans les deux semaines qui suivent. C’est la preuve que Nkurunziza, pour ceux qui en doutaient encore, est toujours maître du jeu. Peut-être est-il même soutenu souterrainement par certaines grandes puissances qui, ont le sait, ne lésinent pas sur les stratagèmes pour protéger leurs intérêts.
Le médiateur Mkapa est plus à plaindre qu’à envier
A preuve, aucune de ces grandes puissances qui tirent publiquement à boulets rouges sur Nkurunziza, et ce depuis plus d’un an, n’a jusque-là pris la courageuse décision de rappeler son ambassadeur en poste à Bujumbura. Tout le monde parle mais personne n’ose le faire. Toute chose qui pourrait être perçue comme un encouragement au dictateur dans ses dérives. En tout cas, le temps joue en faveur de Nkurunziza ; lui qui aura réussi là où a échoué Adolphe Hitler, c’est-à-dire tenir tête à la communauté internationale. Ayant fait de la terreur son arme favorite, Nkurunziza tue et massacre au vu et au su de tout le monde. D’ailleurs, comment pouvait-il en être autrement quand on sait que l’homme a vu ses voisins faire pire sans que le ciel ne leur tombe dessus. Il s’agit, pour ne pas les nommer, de Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, de Joseph Kabila de la République démocratique du Congo, de Paul Kagamé du Rwanda et de Yoweri Museveni de l’Ouganda, qui, non seulement ont beaucoup de cadavres dans leurs placards mais aussi continuent à se comporter en dictateurs de la pire espèce. C’est ceci donc qui pourrait expliquer cela. Nkurunziza n’est donc pas un cas isolé. Sa dictature a grandi et mûri en terrain favorable. Et c’est peu dire. C’est pourquoi le médiateur Mkapa est plus à plaindre qu’à envier. Car, on voit mal comment il pourra faire fléchir Nkurunziza.
Boundi OUOBA