HomeA la uneELECTIONS GENERALES EN TANZANIE : Un bel exemple venu de Dar-es-Salam

ELECTIONS GENERALES EN TANZANIE : Un bel exemple venu de Dar-es-Salam


 

Le 25 octobre 2015 a été une journée électorale à travers le continent africain : élection présidentielle en Côte d’Ivoire, scrutin référendaire sous très haute tension au Congo Brazzaville et élections générales en Tanzanie. Les enjeux étant différents et les réalités variant d’une contrée à l’autre, ces trois scrutins présentaient naturellement quelques spécificités, somme toute, importantes à relever. D’abord, la Côte d’Ivoire. C’est la première fois que le pays,  depuis la sanglante crise post-électorale de 2010, allait à des élections présidentielles. C’est dire que les Ivoiriens avaient encore la hantise de cette crise qui aura coûté la  vie à près de 3000 personnes. Ensuite, pour ce qui est du Congo Brazzaville, le peuple désabusé a décidé de ne pas répondre à l’appel du président Sassou Nguesso qui lui demandait de se prononcer sur un texte portant modification de la loi fondamentale du pays, permettant au dictateur de s’ouvrir la voie pour une présidence à vie. A défaut de pouvoir chasser le satrape du pouvoir comme l’a fait le peuple burkinabè, les Congolais ont massivement boycotté ce référendum de la honte, administrant ainsi au passage une belle gifle à tous les soutiens de Sassou. Enfin, la Tanzanie, quant à elle, vient à nouveau de donner une belle leçon de démocratie à bien des pays africains et ce pour plusieurs raisons. L’une de ces raisons est inhérente au comportement même des Tanzaniens qui ont su faire preuve de patience ; certains ayant fait le poireau sous un soleil de plomb, pendant plus de 4 heures, pour pouvoir voter. Cela traduit à tous égards un esprit civique qui tranche avec la pagaille que l’on constate le jour de vote dans certains pays du continent, si fait que pour les populations, le mot élection rime toujours avec violences.

La Tanzanie apparaît comme un îlot de démocratie dans un océan de dictatures

 

L’autre spécificité du scrutin tanzanien, tient au fait que le président sortant, Jakaya Kikwete, n’est pas candidat à sa propre succession. Après ses deux mandats à la tête de la Tanzanie, l’homme a décidé de faire valoir ses droits à la retraite, ouvrant davantage le jeu politique dans son pays en vue d’une alternance démocratique pacifique. Venant d’un pays anglophone, cela n’a rien d’étonnant. Car on se rappelle que le père fondateur de la nation, Julius Nyerere, avait himself démissionné du pouvoir, engageant la Tanzanie sur la voie de la démocratie. C’était un homme d’Etat qui avait le sens de l’intérêt général et le souci de l’avenir de son pays. En tout cas, du fond de sa  tombe, Julius Nyerere doit en être heureux d’autant plus que ses héritiers d’hier et d’aujourd’hui n’ont pas démérité. Ils ont su entretenir la flamme qu’il a allumée avant de tirer sa révérence. Seulement voilà ! Dans cette partie de l’Afrique, la Tanzanie apparaît comme un îlot de démocratie dans un océan de dictatures. Mieux, elle est la mauvaise conscience de certains dirigeants africains qui font feu de tout bois pour rester ad vitam aeternam au pouvoir. C’est le cas du Burundais Pierre Nkurunziza, du Rwandais, Paul Kagamé, de l’Ougandais Yoweri Museveni, des Congolais Sassou Nguesso et Joseph Kabila qui se croient investis d’une mission messianique pour leurs peuples respectifs, oubliant que les cimetières sont pleins d’hommes indispensables. En effet, tout se passe comme si les dictateurs n’aiment copier que chez les autres dictateurs d’Afrique. Et comme le mal est plus contagieux que le bien, on comprend dès lors pourquoi l’exemple de la Tanzanie ne fait pas des émules dans la sous-région est-africaine.

Boundi OUOBA


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