HomeA la uneEMERGENCE EN AFRIQUE :Que ne fera-t-on pas en ton nom ?

EMERGENCE EN AFRIQUE :Que ne fera-t-on pas en ton nom ?


 

« Encore un tout petit peu de patience. Le bonheur est à notre porte avec notre président bien aimé avec qui l’émergence est garantie sous peu. Et avec cette émergence, finie la misère sous toutes ses formes ». C’est à peu près le discours servi aux populations dans bien des pays africains par les tenants du pouvoir.

 

Sur la scène politique de bien des pays africains, le ridicule nourrit et engraisse son homme

 

Face à des déclarations de ce genre, on finit par se convaincre qu’il est vrai que « depuis que le ridicule ne tue plus en Afrique, on assiste à des drôles de spectacles » comme aime à dire un enseignant de l’Université de Ouagadougou, à ses étudiants. En effet, le ridicule ne gêne plus, ou du moins très peu, les dirigeants sous nos tropiques. Pour protéger son bifteck, on est prêt à toutes les compromissions et à toutes les déclarations. En d’autres termes, sur la scène politique de bien des pays africains, le ridicule nourrit et engraisse son homme. C’est en tout cas le sentiment qu’on a, face à certaines positions et professions de foi de gouvernants de certains pays africains, au sujet de l’émergence de leur pays. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’émergence frappe à la porte de certains pays africains si on en croit les prévisions en la matière. Comme le vocable peuple, le terme émergence est ressassé à souhait chaque fois que l’on veut saluer le travail abattu et à abattre par tel ou tel régime et faire l’éloge de son chef « charismatique ». Et au passage, justifier la nécessité de son maintien au pouvoir. Ceux qui agitent à tout vent les grelots de l’émergence connaissent pourtant bien les conditions requises pour que cela puisse se réaliser. Mais cela ne les empêche pas de clamer que l’émergence du pays est sur le point de se réaliser. Alors qu’il suffit de faire un tour dans les hôpitaux publics africains, pour se demander de quoi on parle vraiment, à l’évocation du mot. Et puis, quel crédit accorder à ce concept, sous nos tropiques, quand les objectifs du millénaire pour le développement sont encore loin d’êtres atteints ? Pourtant, les pays émergents que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et la République sud-africaine, couramment appelés BRICS, comme on le sait, n’ont pas atteint ce statut à force de déclarations.

 

Le culte de l’indispensabilité doit cesser

 

Mais qu’importe, dans les arcanes des pouvoirs de certains pays d’Afrique, on fait valoir que l’objectif émergence est à portée de main. En fait, il faut amener l’émergence à servir des intérêts personnels inavoués : le pouvoir à vie. En effet, l’émergence en Afrique sert très souvent des intérêts autres que ceux du développement. Sa quête est, dans bien des situations, un alibi pour s’accrocher au pouvoir.

Au nom de l’émergence en effet, on justifie de nombreuses entorses aux principes fondamentaux de la démocratie. Que ne ferait-on pas en son nom ? On étouffe la démocratie et on tue toute possibilité d’alternance. On s’emploie à convaincre partout où besoin est, que l’alternance, avec son potentiel de risques, est un danger pour l’atteinte de l’émergence. Pas question donc de prendre le moindre risque de ne pas réussir ce si beau pari. Puis, « le peuple » est mis à contribution. C’est en cela qu’il est du reste fréquent de voir le spectacle de populations qui « supplient » leur leader bien aimé de ne pas les abandonner en si bon chemin ; ces bonnes gens qu’on amène par tous les moyens à descendre dans les rues pour prier le président de continuer à les conduire vers cette émergence. Le mot d’ordre en la matière est que la seule personne à même de conduire le pays à cette émergence, est le chef de l’Etat en place. Lui seul a le savoir-faire, la clairvoyance et la sagesse nécessaires pour mener à bien ce projet.

Au total, pour réaliser le dessein d’un individu ou d’un clan, on vend des rêves à un peuple qui devient le dindon de la farce.

Pour les dirigeants, il serait plus convenable de travailler à satisfaire d’abord et avant tout, les besoins fondamentaux des populations et de se convaincre surtout qu’il y a toujours quelqu’un qui puisse continuer son oeuvre. Le culte de l’indispensabilité doit cesser.

 

« Le Pays »


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