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ENIEME ACCORD DE SORTIE DE CRISE AU SOUDAN DU SUD


 Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?

Le 5 août dernier, le président Salva Kiir et son rival, Riek Machar, signaient, dans la capitale soudanaise, un accord de sortie de crise, censé ramener la paix dans leur pays, au terme de cinq années de guerre civile. En effet, depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, ces deux figures emblématiques qui représentent les deux plus grandes ethnies du pays, ont des difficultés à s’entendre sur la gestion du pouvoir, entraînant dans leur sillage des partisans résolus à résoudre leur différend à la force du canon. Une guerre qui aura entraîné, en quelque cinq ans, des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés. C’est pourquoi la liesse populaire qui a accompagné la signature de dimanche dernier, en dit long sur les attentes des populations par rapport à cet accord.

Le tout n’est pas de signer un accord

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était temps que les protagonistes de la crise sud-soudanaise songent à fumer   le calumet de la paix, d’autant plus qu’il se lit  sur les visages une certaine lassitude des populations face à une situation à laquelle elles sont les premières à payer le plus lourd tribut. Mais la question que l’on pourrait se poser, est de savoir si cette fois-ci sera la bonne. D’autant plus que cet accord n’est pas le premier et les précédents n’avaient tenu que le temps que les signatures des protagonistes sèchent sur le papier.

Cela dit, l’on peut avoir la faiblesse de croire que le président Salva Kiir et son grand rival, Riek Machar, qui se sont jusque-là comportés comme de grands enfants, sauront mettre de côté leur ego et  leurs intérêts personnels pour privilégier l’intérêt supérieur de la Nation. Ce, en donnant une chance à la paix, dans un processus qui a vu l’implication de nombreux chefs d’Etats voisins dont le Kenyan Uhuru Kenyatta, l’Ougandais Yoweri Museveni, le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh, venus soutenir l’hôte de l’accord, le Soudanais Omar El Béchir. C’est pourquoi, l’on peut nourrir l’espoir que l’acte du 5 août dernier est un premier pas qui sera suivi d’effets, pour un retour à la normale dans ce pays. En même temps, l’on ne peut s’empêcher de se demander si le consentement du président Salva Kiir n’est pas un piège pour rapprocher l’exilé de Johannesburg dans le but de mieux le contrôler. Une telle éventualité n’est pas à exclure totalement, d’autant que c’est la capacité des deux rivaux à pouvoir faire violence sur eux-mêmes et à collaborer durablement dans une parfaite entente qui est ici en question. Or, par le passé, ils se sont maintes fois montrés incapables d’un tel sursaut d’orgueil et de patriotisme. Cette fois-ci, pourront-ils aller au-delà de la haine viscérale qu’ils se vouent mutuellement, pour donner une chance à la paix ? On attend de voir. Et comme on le sait, le tout n’est pas de signer un accord. Encore faudrait-il  pouvoir le mettre en application et surtout en respecter les clauses. Or, dans le cas d’espèce, cela n’est pas gagné d’avance.

Le Soudan du Sud n’est  visiblement pas sorti de l’auberge

Surtout qu’il s’agit non pas d’un accord de paix, mais d’un accord sur le partage du pouvoir qui semble  être la véritable préoccupation des protagonistes. Dans ces conditions, l’on ne serait pas étonné que du jour au lendemain, l’une des parties s’estime lésée ou travaille à faire capoter l’accord pour des raisons inavouées. Du reste, la pléthore annoncée de membres de certaines institutions, peuvent être autant de signes de la difficulté à trouver le juste milieu pour contenter tout le monde dans l’espoir de parvenir à une sortie de crise sans casse. En effet, pour un si jeune Etat qui ne compte que quelque 12 millions d’habitants, un gouvernement de transition de 35 membres et surtout un Parlement de 550 députés répartis de façon non égalitaire, sont autant de signes de calculs politiciens qui pourraient gripper la machine en cours de route. Le Soudan du Sud n’est donc visiblement pas sorti de l’auberge. A moins que les acteurs politiques, pour une fois, fassent preuve de cette bonne foi qui leur a souvent fait défaut, dans l’application de cet accord. C’est à ce prix que le pays pourrait espérer voir le bout du tunnel. Mais Salva Kiir et Riek Machar sont-ils capables d’un tel sursaut ? On attend de voir.

« Le Pays »


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