HomeA la uneETAT D’URGENCE SUR FOND D’AVANCEE DES REBELLES EN ETHIOPIE :L’étau se resserre-t-il autour du Premier ministre Abiy Ahmed ?

ETAT D’URGENCE SUR FOND D’AVANCEE DES REBELLES EN ETHIOPIE :L’étau se resserre-t-il autour du Premier ministre Abiy Ahmed ?


En Ethiopie, la progression des rebelles de la province du Tigré, met la pression sur les autorités d’Addis-Abeba. Le week-end dernier, ils sont entrés dans deux villes importantes du Nord, après avoir pris militairement le dessus sur les forces loyalistes. Laissant la capitale Addis-Abeba en ligne de mire à quelque 400 kilomètres. C’est dans ces conditions que le Premier ministre, Abiy Ahmed, a déclaré, le 2 novembre dernier, l’état d’urgence dans tout le pays. Il demande à ses compatriotes de s’armer et appelle les populations à la mobilisation générale pour contrer l’avancée des soldats tigréens. Déjà, on observe le recrutement de miliciens dans des régions comme celle d’Amhara où l’état d’exception a été déclaré en raison des combats qui s’y déroulent. Pendant ce temps, la mairie d’Addis-Abeba exhorte les résidents à s’organiser en groupes d’autodéfense en cas d’attaque des rebelles sur la capitale. Toute chose qui peut amener à se demander pourquoi tant d’agitation frénétique du côté d’Addis-Abeba.  L’étau se resserre-t-il autour du Premier ministre Abiy Ahmed ?

Abiy Ahmed est véritablement aujourd’hui à la peine

S’il peut paraître quelque peu prématuré de répondre de façon tranchée dans un sens ou dans un autre, à cette question, c’est une situation de fébrilité à la limite du désarroi au sommet de l’Etat, qui n’est pas loin de traduire la perte du contrôle militaire de la situation par le pouvoir central. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que Abiy Ahmed est véritablement aujourd’hui à la peine. Il l’est d’autant plus qu’un an plus tôt, en novembre 2020, il ordonnait l’assaut final contre Mékélé, la capitale du Tigré, au point de faire craindre un drame humain  de grande ampleur et d’écorner son image de prix Nobel de la paix. Une partie de tout ou rien où il a joué la carte de la force, espérant réduire à néant les chefs rebelles du TPLF (Front de libération du peuple tigréen). Mais une partie qui, loin de lui sourire, semble même lui revenir aujourd’hui à la figure comme un boomerang, dans une inversion du rapport de forces sur le terrain qui fait  craindre pour le régime d’Addis-Abeba. Car, les rebelles qui ne se sont jamais avoué vaincus, ont non seulement réussi un retournement spectaculaire de la situation en reprenant la majeure partie de la région, mais ont contraint les troupes gouvernementales à battre en  retraite.  Aujourd’hui, poursuivant leur offensive, ils  ne semblent pas prêts à arrêter la guerre aux frontières du Tigré et l’on se demande s’ils ne nourrissent même pas des visées expansionnistes. Une expansion de la guerre qui inquiète la communauté internationale qui ne cesse de lancer des appels itératifs au cessez-le-feu. Sera-t-elle entendue ? Rien n’est moins sûr. Surtout face à la détermination des deux parties à continuer la guerre.

La communauté internationale est interpellée à trouver les mécanismes diplomatiques nécessaires au retour de la paix et de la stabilité en Ethiopie

En tout cas, c’est ce que l’on est porté à croire quand le Premier ministre exhorte les Ethiopiens à utiliser « n’importe quelle arme (…) pour bloquer le TPLF destructeur, le renverser et l’enterrer ». Ajoutant que « mourir pour l’Ethiopie est un devoir pour nous tous » pour faire écho à l’appel lancé aux habitants de la région de l’Amhara par le gouvernement régional, à la mobilisation pour la défense de leurs terres. Quant aux rebelles,  ils disent n’avoir « d’autre motivation que de briser le siège meurtrier » d’Addis-Abeba sur leur région, en proie à une grave crise humanitaire. Mais tout porte à croire que le gouvernement d’Abiy Ahmed à plus à perdre qu’à gagner dans la continuation d’une guerre dont le contrôle de la situation semble lui échapper désormais, nonobstant le blocus humanitaire autour du Tigré, opéré par le gouvernement éthiopien pour faire pression sur les rebelles. Au-delà, c’est le pays tout entier qui se trouve à la croisée des chemins d’une longue guerre à l’issue incertaine, mais dont les populations innocentes, par ailleurs exposées à la famine, sont les premières à payer le lourd tribut des exactions des combattants et autres graves violations des droits de l’Homme. C’est pourquoi au- delà de l’épouvantail des sanctions brandies et qui ne semblent pas produire les effets escomptés,  la communauté internationale est interpellée au plus haut point à trouver les ressorts et les mécanismes diplomatiques nécessaires au retour de la paix et de la stabilité en Ethiopie. Cela est d’autant nécessaire qu’au-delà du caractère particulièrement meurtrier de ce conflit, c’est tous les autres pays de la région qui pourraient être menacés de déstabilisation par l’extension d’une guerre sans fin.

 

« Le Pays »

 


No Comments

Leave A Comment