HomeA la uneEXPULSION DE LA COORDONNATRICE RESIDENTE DE L’ONU AU BURKINA :  Un coup de sang à la hauteur des griefs reprochés à la diplomate onusienne

EXPULSION DE LA COORDONNATRICE RESIDENTE DE L’ONU AU BURKINA :  Un coup de sang à la hauteur des griefs reprochés à la diplomate onusienne


Déclarée, le 23 décembre dernier, « persona non grata sur le territoire du Burkina Faso » par les autorités de la transition, la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations unies au pays des Hommes intègres a, dans la foulée, été « priée de quitter le Burkina Faso aujourd’hui même 23 décembre 2022 ». Une décision qui est tombée comme un couperet à la veille de Noël, et qui a surpris plus d’un Burkinabè qui ne manquaient pas de s’interroger. Mais ils seront vite fixés par la ministre des Affaires étrangères qui justifie cette expulsion par une kyrielle de « récriminations » contre la diplomate onusienne dont la décision « unilatérale » d’évacuation du personnel non essentiel de l’ONU à Ouagadougou, est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de relations qui ne manquent pas d’interroger. En effet, au-delà de cet acte que l’autorité burkinabè considère comme une façon de « jeter le discrédit, ternir l’image du pays et décourager les potentiels investisseurs »,  et pour autant que ses déclarations soient vraies, il y a de quoi se demander pour qui roule Brabara Manzi qui, à en croire la ministre burkinabè, se prévalait de relations privilégiées avec des chefs terroristes à travers des va-et-vient dans des zones rouges du territoire national où même les Forces de défense et de sécurité (FDS) ne peuvent se rendre sans précautions.

 

Barbara Manzi a donné des verges pour se faire flageller

 

Et que dire de son attitude de refus quand, selon la ministre Olivia Rouamba, il lui a été demandé de donner par écrit, les indicateurs dont elle disposait pour justifier sa décision d’évacuation unilatérale de son personnel à l’effet d’une évaluation de la situation par la partie burkinabè avant d’entériner une telle décision ?  Passe encore qu’elle cherche à se placer en personnage incontournable du Système par l’interdiction faite à ses collaborateurs, de s’afficher aux côtés des autorités burkinabè. Mais à quel jeu joue-t-elle en faisant dans la rétention d’information vis-à-vis d’un partenaire qu’elle est censée assister, et avec lequel la logique aurait voulu qu’elle partageât toutes les informations pour pouvoir faire conséquemment face à la situation sécuritaire et surtout humanitaire qui justifie l’action de son institution au Burkina Faso? Si l’on ajoute à tout cela, les accusations de « tentative d’influence négative », et autre « immixtion dans les affaires politiques du Burkina », portées par la cheffe de la diplomatie burkinabè, on n’a pas de peine à comprendre que Barbara Manzi a elle-même donné des verges pour se faire flageller. Non seulement en raison d’une attitude qui frise à la fois la condescendance et le mépris, mais aussi en raison d’une collaboration dont la franchise est sujette à caution. Son expulsion est donc perçue comme un coup de sang à la hauteur des griefs à elle reprochés. De ce point de vue, on ne peut pas faire le reproche aux autorités burkinabè, d’avoir pris leurs responsabilités.

 

Au-delà de la personne de Barbara Manzi, c’est le Système des Nations unies qui est appelé à revoir sa copie

 

 

Surtout en cette période sensible où les efforts des Forces de défense et de sécurité sur le terrain,  font renaître l’espoir chez de nombreux Burkinabè. Au contraire, on peut même leur tirer le chapeau d’avoir été conséquentes avec elles-mêmes en demandant à Barbara Manzi de partir du Burkina si elle estime que la situation est devenue invivable dans le pays, au lieu d’alarmer l’opinion nationale et internationale par une opération d’évacuation qui sèmerait davantage la psychose et ferait plus de mal que de bien au Burkina Faso. Il appartient maintenant au gouvernement de la transition, de travailler à ne pas donner raison à la Coordonnatrice Résidente du Système des Nations unies dont c’est la personne qui est ici remise en question, et non le Bureau que les autorités burkinabè « remercient de son aimable coopération et saisit cette occasion pour lui renouveler les assurances da sa considération distinguée ».  En tout état de cause, au-delà de la personne de Barbara Manzi, c’est le Système des Nations unies qui est appelé à revoir sa copie dans sa coopération avec les pays du Sud. Car, non seulement une institution ne vaut que par les personnalités qui la représentent, mais aussi l’on constate que les missions des Nations unies sont de plus en en plus décriées dans certains pays où elles sont venues apporter leur assistance. C’est le cas du Mali où les relations ne sont pas au beau fixe avec les autorités du pays, mais aussi de la RD Congo où certaines bases de la mission de l’ONU ont été saccagées par des populations frustrées par le manque de résultats et qui s’interrogent sur leur utilité. C’est dire si la présence prolongée de certaines missions des Nations unies commencent véritablement à interroger, au moment où les populations ne rêvent que de sortir au plus vite de leur situation d’assistance. En tout état de cause, si l’objectif inavoué est, comme il se susurre dans certains milieux, de préparer une quelconque Mission de l’ONU au pays des Hommes intègres, ce n’est pas le genre d’aide dont le Burkina Faso a aujourd’hui besoin. Car, cela enfoncerait plus qu’elle n’aiderait le pays à sortir de l’ornière, pour ne faire que le bonheur d’une certaine administration onusienne nourrie à la sève d’une telle aide.

 

 « Le Pays »

 


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