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FIN DE LA TRANSITION : Des solutions immédiates pour un Burkina nouveau


 

Tout en félicitant les 13 mois de Transition réussie, l’auteur du point de vue ci-dessous propose quelques solutions immédiates pour un Burkina nouveau. Pour lui, la Transition a déjà tracé les sillons d’une gouvernance juste et transparente et il ne suffira plus qu’à les consolider. Lisez plutôt !

 

Après une Transition de 13 mois fort réussie, « avec les élections couplées, présidentielle et législatives du 29 novembre 2015, un jour nouveau se lève sur le Burkina Faso, chargé d’espoir pour un lendemain meilleur ». Ces propos sont de SEM Roch Marc Christian Kaboré, lors de son investiture le 29 décembre 2015.

Les 127 députés nouvellement élus ont aussi pris fonction le 30 décembre 2015 avec, à la tête d’une Assemblée nationale « arc-en-ciel », le président Salif Diallo.

Le peuple souverain aura ainsi fait son choix de son président avec son programme politique et de ses députés de la 7e législature du Faso.

Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba vient d’être nommé et bientôt son gouvernement le sera.

Avec ces différents actes de responsabilisation, le Burkina Faso renoue définitivement avec la vraie démocratie, avec des institutions fortes indispensables au Burkina.

Les Burkinabè ont suivi avec beaucoup d’attention le discours du Président Roch Marc Christian Kaboré. Il est parfait et même plus que parfait. Mais le bon maçon se reconnaîtra au pied du mur. Il revient à l’exécutif et au législatif de traduire les engagements du président du Faso et du président de l’Assemblée nationale en actes concrets sur le terrain. Sachant que les membres de l’Exécutif sont déjà désignés et qu’il reste seulement la publication de leurs noms, je voudrais faire quelques propositions à même d’avoir ce « Burkina nouveau », aspiration profonde des burkinabè.

L’urgente restauration de l’autorité de l’Etat

Il est urgent de restaurer l’autorité de l’Etat ; et ceci doit produire des résultats immédiats au plus tard à la fin du 1er trimestre 2016. L’opinion est déjà heureuse de constater l’engagement et la détermination de Roch dans ce sens. « L’incivisme, la remise en cause de l’autorité de l’Etat, et d’une manière générale le non-respect de la loi par les citoyens et les personnes morales doivent cesser immédiatement.  En tout état de cause, toutes les mesures seront étudiées et mises en œuvre pour que force reste à la loi».

Cette fermeté est sans commentaire et il revient au ministre de la Sécurité et de la justice de fortement contribuer à la tenue de tels engagement et détermination.

L’exemplarité des nouvelles autorités (exécutif comme législatif)

 

Plusieurs défis sont à relever par les nouvelles autorités : la justice, la démocratie, la transparence et la richesse partagée.

Le président de l’Assemblée nationale, Salif Diallo, l’a si bien dit et cela vaut aussi un engagement courageux : « si notre auguste assemblée venait à se démarquer des intérêts populaires, nous connaîtrons un sort plus triste que nos devanciers. Pour cela, j’encourage le législatif à répondre à une attente forte de la population qui est que les députés jouent leur rôle de contre-pouvoir et spécifiquement dans le contrôle rigoureux de l’action gouvernementale et éviter la complicité dévastatrice, qui conduit à la patrimonialisation de l’Etat ».

Ces propos de Salif Diallo, dignes d’intérêt, sont encore plus à observer à la lettre au niveau de l’Exécutif.

Pour y parvenir, voici quelques sillons à suivre afin que le programme du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), intitulé « Bâtir avec le Peuple, un Burkina Faso de démocratie, de progrès économique et social, de liberté et de justice », devenu par l’onction populaire le programme du Président de tous les Burkinabè, soit applaudi dans les court et moyen termes.

Il serait important d’afficher la priorité de l’Etat sur les domaines suivants : la santé, l’éducation, l’agriculture, l’énergie, les infrastructures.

Il serait important aussi d’assurer l’application de la loi organique relative aux lois de finances instaurant la Gestion axée sur les résultats (GAR) et le budget-programme avec leur corollaire d’exigence d’obligation de rendre compte, toutes choses qui permettront de trancher avec les pratiques anciennes.

Comment y arriver ? Je propose quelques moyens pour mettre en œuvre les engagements de changement profonds :

Suivre les sillons tracés par la Transition

Excellence Monsieur le Président du Faso, les citoyens vous encouragent à tenir compte des conseils de votre prédécesseur, SEM le président du Faso Michel Kafando, qui, lors de votre investiture, vous recommandait de prendre en compte les sillons tracés par la Transition, car, comme le dit l’adage populaire, « on ne réinvente pas la roue».

A cet effet, des lois ont été adoptées en attendant leur application : quelques lois emblématiques sont :

– la loi n°004-2015/CNT du 3 mars 2015 portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso,

– la loi organique n°082-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC),

– la loi n°036-2015/CNT du 26 juin 2015 portant code minier du Burkina Faso,

– la loi organique n°049-2015/CNT du 25 août 2015 portant organisation, composition, attributions et fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature,

– la loi n°072-2015/CNT du 5 novembre 2015 portant révision de la Constitution,

– la loi organique relative aux lois de finances…

De même, des mesures et actions ont été menées, attendant poursuite et renforcement. Aussi, le renforcement des mesures de réduction du train de vie de l’Etat pourrait être aussi un impératif.

Des modèles d’hommes, de femmes et de jeunes ministres à suivre

Même si j’analyse que les membres du gouvernement sont déjà désignés, il serait important que le trio (Président du Faso, Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale) veille à encadrer les interventions des actions publiques des ministres. Il faut à notre cher Faso des ministres engagés, prêts à servir l’Etat et non à se servir, qui prennent des initiatives, compétents, travailleurs et intègres, troquant leur image avec la recherche de l’intérêt général du peuple burkinabè. Il faut tout simplement, dans leur action quotidienne, des hommes et des femmes de mission.

Oui, les ministres doivent être inventifs et combattifs même, et à ce propos, il ne faut pas manquer de s’abreuver à des modèles qui doivent être renforcés pour servir d’exemples.

N’est-ce pas que le ministre de l’Habitat de la Transition, le plus jeune du gouvernement de la Transition, a fait la fierté des Burkinabè dans la gestion de son département ? Faites confiance à la jeunesse, chères nouvelles autorités post-Transition.

Faites aussi confiance à la femme, croyez en elle. C’est pourquoi je pense qu’il serait important d’amener Mme Sori/Coulibaly au MEF. Ses compétences et sa transversalité feront d’elle la femme qu’il faut dans ce nouveau gouvernement à ce poste.

Elle ferait encore plus que les tanties comme la plus âgée et la plus jeune des femmes du gouvernement de la Transition (« tantie Joséphine » et « tantie austérité budgétaire ») qui ont été globalement efficaces, plus que courageuses et intrépides dans la gestion des domaines aussi stratégiques que sont le budget et la justice. L’opinion nationale a constaté comment elles ont, contre vents et marées, mené des actions vigoureuses et ont entrepris des réformes profondes dans leur secteur sans chercher à protéger leur image.

Des femmes de leur trempe, il y en a qui n’attendent qu’à être responsabilisées, au niveau des directions générales et directions de services, pour faire leurs preuves.

Monsieur le Premier ministre pourrait avoir la tâche facilitée dans la mise en œuvre de la politique du Président du Faso.

Dans tous les cas, et en attendant que nous découvrions les orientations du Premier ministre Thiéba : le technocrate, compétent avec ses multiples casquettes de polyvalence, le trio (Président du Faso, Premier ministre et Président de l’Assemblée nationale) du Burkina devrait, de mon avis, suivre avec la plus grande attention, comme la prunelle des yeux  et cela au quotidien, l’exécution des missions dévolues à trois ministères : le Ministère en charge de l’Economie et des finances (MEF), la Sécurité et la Justice.

Le ministère de l’Economie et des finances (MEF) à suivre à la loupe

Je voudrais m’attarder sur le cas du ministère de l’économie et des finances (MEF). Pratiquement, beaucoup de résultats de l’après-Transition passeront par l’efficacité et l’efficience dans le pilotage de ce ministère le plus transversal et plus que stratégique.

Sa mission étant « la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière d’économie, de finances et de planification stratégique », elle devra être constatée surtout dans le domaine de l’économie.

En effet, le pays a, depuis des années, un mauvais classement dans le « Doing business better » dont beaucoup d’indicateurs dépendent du MEF.

Le nouveau ministre doit impulser les actions du gouvernement afin de disposer d’un environnement propice au secteur privé, afin que celui-ci soit plus que jamais le vrai moteur de la croissance et de la création d’emplois.

La bonne gouvernance économique et financière devra être un credo de ce département : casser avec les collusions d’intérêts (politiciens et agents de l’Etat/hommes et femmes d’affaires)

Le ministre devra lui-même suivre de près la mobilisation des ressources afin que le syndrome du financement de l’économie par l’extérieur diminue d’autant plus que le potentiel au niveau interne existe. C’est pourquoi il faudra clairement définir des performances infrannuelles aux régies de recettes, surtout les impôts et la douane, encourager ou sanctionner immédiatement en cas de contreperformance.

Il reviendra aussi d’allouer les ressources efficacement et conséquemment aux secteurs porteurs de croissance largement répartie et éviter le saupoudrage longtemps appliqué. Pour ce faire, la rigueur budgétaire et l’obligation de rendre compte doivent aussi être des données constantes dans l’équation de développement du Pays.

Si le seuil de la pauvreté nationale été estimé par l’INSD en 2014 à 40,1%, il demeure des disparités inadmissibles au niveau des régions. Alors que la région du Centre a un taux de pauvreté de 9,6% et la région des Cascades 22,6%, la pauvreté a encore plus frappé le Nord avec un taux de 70,4% et la Boucle du Mouhoun avec 59,7%. Alors, il est urgent d’appliquer la politique de décentralisation porteuse de « développement à la base et par la base ».

Excellences monsieur le Président et Monsieur le Premier ministre, en 2003, le coût théorique pour l’éradication de la pauvreté selon l’INSD, c’est-à-dire le montant des ressources qu’il faut générer pour ramener les dépenses des pauvres au seuil de pauvreté globale de 82 672 F CFA, était estimé à environ 147 milliards de francs CFA. En cinq ans, ces ressources additionnelles peuvent être mobilisées et affectées à la lutte contre la vraie pauvreté. C’est dire que cela est du domaine du possible.

La forte création d’emplois au niveau des jeunes et des femmes, prévue dans le programme du Président du Faso, permettra de partager cette richesse longtemps créée et rarement sentie dans le panier de la ménagère ; il s’agira d’appliquer la politique de la croissance inclusive, une politique centrée sur les pauvres. Et comme le disait un ministre de la Transition, nous devons changer ce spectre d’un Burkina qui détient la palme d’or d’un pays en développement dans lequel « les 20% les plus riches de la population disposent de 60% du revenu national, contre 52 % en Afrique sub-saharienne et 40% pour l’ensemble des pays en voie de développement ».

Et comme le milieu rural contribue à hauteur de 93,6% à l’incidence de la pauvreté nationale de sorte à ce que la profondeur et la sévérité de la pauvreté soient respectivement trois et quatre fois plus importantes en milieu rural qu’en milieu urbain, il serait vraiment judicieux de consentir les efforts sur cette partie de la population. Cela est d’autant plus indiqué que la première cause de pauvreté en milieu rural est la sècheresse, avec une pluviométrie mal répartie de 47,1%, alors que la 1ere cause de pauvreté en milieu urbain est imputable aux prix élevés des produits alimentaires (24,7%).

Enfin, la rigueur budgétaire et l’obligation de rendre compte doivent être des données constantes dans l’équation de pilotage et de gestion de l’action publique.

Que le Seigneur guide les actions des nouveaux dirigeants, mais vivement que les compatriotes jouent leur partition en les accompagnant franchement. C’est le prix pour avoir, dans un meilleur délai, un « Burkina nouveau ».

SONGUE MALGUE


Comments
  • Sans commentaires! Tout est intelligemment dit! Chapeau bas!

    9 janvier 2016

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