HomeA la uneFORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT BURUNDAIS : Nkurunziza jusqu’au bout de la défiance

FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT BURUNDAIS : Nkurunziza jusqu’au bout de la défiance


 

« Le chien aboie, la caravane passe ». Cet adage bien connu pourrait bien illustrer la situation actuelle au Burundi où malgré les multiples manifestations et autres mises en garde, le président Pierre Nkurunziza est resté droit dans ses bottes en réussissant à se faire réélire pour un troisième mandat, afin de se maintenir au pouvoir envers et contre tous. Ainsi, après une prestation de serment surprise et précipitée, le 20 août dernier, il a procédé cinq jours plus tard à la formation d’un nouveau gouvernement, le premier du mandat querellé. Dans la foulée, il tenait son premier Conseil des ministres, faisant fi de l’ultimatum que l’opposition lui avait lancé et qui expirait hier 26 août, date de la fin de son second mandat constitutionnel. Nkurunziza était ainsi mis en demeure de rendre sa démission en raison de son illégitimité à partir de cette date.

Comme l’on peut le constater, depuis qu’il a décidé de tordre le cou à la Constitution de son pays et aux accords d’Arusha, le maître de Bujumbura n’a, de cesse, défié son peuple et la communauté internationale. Et, jusque-là, l’on peut dire qu’il est parvenu à ses fins. Réussissant au passage à s’allier son principal opposant, Agathon Rwasa, après avoir marché sur les cadavres de ses compatriotes. Et le décompte macabre ne semble pas fini. En tout cas, tout porte à le croire, avec la formation de ce gouvernement de fidèles et de durs dont Alain-Guillaume Bunyoni, promu au ministère de la Sécurité, aux côtés desquels cinq proches d’Agathon Rwasa récoltent le fruit de la félonie de leur leader désormais perché à la vice-présidence de l’Assemblée nationale. Preuve que Nkurunziza, entre récompenses et instinct de survie, s’inscrit dans la logique de se fabriquer une carapace  pour conserver son pouvoir. Cela n’augure rien de bon pour l’opposition qui a déjà du mal à exister et à s’exprimer.

Si Nkurunziza s’en sort avec une impunité totale, il y a fort à parier qu’il fera des émules

Aussi, face à un Nkurunziza qui ne comprend que le langage de la force et qui aura méthodiquement verrouillé son pays, seule la communauté internationale semble capable de prendre des mesures à même de le contraindre à revoir sa copie. Mais, pour cela, il faudrait qu’elle fasse preuve de fermeté. Les menaces réitérées de l’Oncle Sam à l’égard de Nkurunziza ont peu de chance d’être suivies d’effets, tant que Washington ne joindra pas l’acte à la parole. Du reste, dans le cas de la Guinée, on l’a vue mettre sa menace à exécution en suspendant ce pays de l’AGOA, avant de la réintégrer quand les choses sont rentrées dans l’ordre avec l’élection de Alpha Condé. Au-delà, l’on a vu ce que la communauté internationale, notamment l’Occident, a fait pour déboulonner Mouammar Kadhafi. C’est pourquoi cette même communauté internationale devrait durcir davantage le ton avec Nkurunziza, en envisageant, à défaut d’une intervention militaire ou de poursuites judiciaires par la Cour pénale internationale (CPI), des mesures plus contraignantes comme, par exemple, le gel de ses avoirs ainsi que ceux de ses proches, l’interdiction de voyager, la fermeture de toutes les vannes de la coopération etc., au nom de l’attachement  de Washington et autres, à la démocratie, et du devoir d’assistance humanitaire à l’égard du peuple burundais en danger. Dans le cas contraire, Nkurunziza continuera à narguer tout le monde, comme il l’a récemment encore fait en  tançant vertement les représentations diplomatiques qui ont boycotté sa cérémonie d’investiture la semaine dernière. Mais à quoi s’adosse-t-il pour avoir un tel culot ? Difficile d’y répondre.

Quoi qu’il en soit, si Nkurunziza s’en sort avec une impunité totale, il y a fort à parier qu’il fera des émules parmi ses voisins qui sont dans l’antichambre du tripatouillage de leur Constitution, pour se maintenir au pouvoir. Il est donc temps de prendre d’autres mesures énergiques et conservatoires contre le satrape burundais, de lui fermer complètement le robinet de l’aide s’il le faut.

Outélé KEITA


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