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 FORUM DE DAKAR SUR LA SECURITE EN AFRIQUE


 Ce ne sont pas les belles résolutions qui manquent

Dakar abrite, ces 5 et 6 novembre 2018, son 5e Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique. L’occasion, pour le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, de tenir une promesse du précédent colloque par l’inauguration, au Sénégal, d’une école de cybercriminalité à vocation sous-régionale. Mais cette rencontre annuelle de la capitale sénégalaise sur les questions de paix et de développement, intervient, cette année, dans un contexte de dégradation continue de la situation sécuritaire au Sahel. Notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger où les Forces de défense et de sécurité sont sur la brèche,   mises à rude épreuve par une hydre terroriste  dont la tête ne cesse de repousser chaque fois que l’on croit l’avoir décapitée, au point que les populations de ces contrées ne savent plus véritablement à quelle armée se vouer.

Tant que l’équation du financement pérenne ne

sera pas résolue, le terrorisme risque d’avoir de beaux jours devant lui en Afrique

L’on n’a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que sans sécurité, il n’y a point de développement. C’est donc en toute logique que la thématique axée sur la corrélation sécurité et développement   se retrouvera au cœur des débats de cette 5e édition dont le thème principal tourne autour des questions de développement durable au Sahel. Car, comme l’a relevé l’un des experts, « il existe aujourd’hui un consensus parmi tous les acteurs pour dire que la réponse militaire contre le terrorisme, qui a commencé avec la guerre au Mali en 

2013, était certes nécessaire, mais pas suffisante pour stabiliser la région et mettre en place une sortie de crise durable ».

Cela dit, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce ne sont pas les initiatives qui manquent sur le continent, pour faire face aux grands défis du moment. Et il est presque sûr que de belles résolutions, il y en aura à l’issue de ces journées de réflexion à Dakar, sur ce thème portant sur la sécurité qui est plus que d’actualité. Mais le tout n’est pas de prendre de belles résolutions. Encore faudrait-il pouvoir joindre l’acte à la parole et c’est là que le bât blesse généralement en Afrique où les fora et autres rencontres de haut niveau, se suivent et donnent l’impression de se ressembler, tant la mise en œuvre des résolutions dont la pertinence de certaines n’est pas à démontrer, pose   problème. Au bout du compte, l’on a parfois le sentiment de faire du surplace parce que les lignes ne bougent pas suffisamment dans le sens souhaité. Dans le cas d’espèce, relativement à cette question terroriste, le constat est que malgré les nombreuses rencontres pour tenter de l’éradiquer, le mal persiste et prend même à certains endroits, de l’ampleur au grand dam des gouvernants et des populations des zones touchées. C’est pourquoi l’on est porté à croire que l’on aura beau multiplier les rencontres, tant que la question du nerf de la guerre, soit dit en passant, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, ne sera pas résolue, il sera difficile voire illusoire de penser gagner cette bataille contre les forces de l’obscurantisme. En d’autres termes, tant que l’équation du financement pérenne ne

sera pas résolue, le terrorisme risque d’avoir de beaux jours devant lui en Afrique. 

L’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel apparaît  comme un impératif

Et la lutte, pour les pays du Sahel frappés de plein fouet et dont l’indigence économique ne leur permet pas de porter la riposte adéquate, risque de ressembler à l’histoire de Sisyphe condamné pour l’éternité à rouler un rocher le long d’une montagne, si la communauté internationale ne leur apporte pas les soutiens financiers nécessaires. Pour éviter un tel scénario-catastrophe, l’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel apparaît aujourd’hui comme un impératif. Dans ces conditions, comment ne pas être d’accord avec cet expert sud-africain pour qui « l’un des grands enjeux de ce Forum sera de s’assurer que la communauté internationale prenne toute sa part dans le financement de la lutte contre le terrorisme et que cela ne soit pas uniquement le fardeau de la France » ? Mais pour une question aussi cruciale que la préoccupation sécuritaire, l’on peut s’interroger sur l’absence à ce Forum ; des pays du G5 Sahel, (les plus concernés parce que dans l’œil du cyclone terroriste), au plus haut niveau de l’Etat. Est-ce parce que ledit Forum est organisé par un pays qui, a priori et jusque-là, est à l’abri des attaques terroristes ou bien faut-il croire que les pays concernés ont brillé par leur absence parce qu’ils ne se font pas          d’illusions quant aux conclusions d’un forum qui aurait très peu de chances de changer la donne sur le terrain ?

En tout état de cause, il faut espérer que la montagne n’accouchera pas d’une souris, mais plutôt de  conclusions pertinentes qui pourront être reversées comme contributions à la lutte contre le terrorisme. Car, comme le dit le proverbe, « trop de viande ne gâte pas la sauce ».

« Le Pays » 


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