HomeA la uneGUERRE POUR LE POUVOIR AU SOUDAN : La paix passera-t-elle par Jeddah ?

GUERRE POUR LE POUVOIR AU SOUDAN : La paix passera-t-elle par Jeddah ?


Depuis le déclenchement de la guerre pour le pouvoir qui oppose les deux généraux que sont Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemeti » au Soudan, la coalition américano-saoudienne est à la manœuvre. En effet, après avoir négocié et obtenu plusieurs trêves humanitaires même si elles ont régulièrement été violées, elle a réussi le tour de force de réunir autour d’une même table de négociations, les différents protagonistes. A l’issue de moult tractations souterraines, les deux généraux qui ont juré de s’offrir le scalp de l’un ou de l’autre, ont finalement accepté de dépêcher des représentants pour des discussions à Jeddah en Arabie Saoudite. Selon un communiqué conjoint publié par Riyad et Washington, la rencontre entre les émissaires des deux camps rivaux, avait pour objectif de « discuter des détails de la trève » plusieurs fois renouvelée mais violée par les belligérants. La paix passera-t-elle par Jeddah, la capitale saoudienne ? Certes, les combats, sur le terrain, n’ont pas pour autant cessé. Mais il faut tout de même saluer le rôle que joue la coalition americano-saoudienne face au drame qui se joue au Soudan où l’on dénombre, en trois semaines de combats, plus de 700 cadavres sur le carreau sans compter les blessés et les déplacés qui se comptent par milliers. La rencontre de Jeddah, on l’espère, pourra constituer un premier pas vers le retour de la paix dans un pays qui, après près de 30 années de dictature militaro-islamiste, souffre aujourd’hui le martyre du fait des ego surdimensionnés, des deux généraux qui se disputent le pouvoir. En tout cas, aucune négociation politique n’est envisageable sans une véritable trêve sur le terrain. Malheureusement, un enlisement du conflit est à craindre.

 

Il est plus que jamais nécessaire que les uns et les autres travaillent à éviter à tout prix une « libysation » du conflit soudanais

 

Car, la communauté internationale peine jusque-là à agir en rangs organisés si bien que l’on voit se dessiner clairement de grandes divergences. A preuve, même au sein de la Ligue arabe, tous ne parlent pas le même langage ; certains ayant clairement pris position pour l’une ou l’autre des parties en conflit. Pendant ce temps, la médiation mise en place par l’organisation régionale de l’Afrique de l’Est, avec à sa tête, le président Salva Kiir du Soudan du Sud, piétine. D’où viendra donc le salut du peuple soudanais si ceux-là qui étaient censés jouer les pompiers, jouent les pyromanes ? Pourtant, le brasier soudanais, s’il n’est pas vite éteint ou circonscrit, pourrait affecter tous les pays voisins qui en ressentent déjà les contrecoups. En témoigne le flux massif de réfugiés vers le Tchad, l’Egypte, l’Ethiopie et la République centrafricaine (RCA). Prenant d’ailleurs toute la mesure du péril, certains de ces pays voisins sus-cités ont pris des dispositions en sécurisant leurs frontières et cela afin de parer à toute éventualité. Comme quoi, quand la case du voisin brûle, il est impératif de l’aider à maîtriser l’incendie au risque d’en subir les dégâts collatéraux. Cela dit, il est plus que jamais nécessaire que les uns et les autres travaillent à éviter à tout prix une « libysation » du conflit soudanais. Car, ceux-là mêmes qui pensent pouvoir tirer les marrons du feu, pourront se brûler les ailes. Mais en attendant, il faut féliciter la coalition américano-saoudienne qui, quoi qu’on dise d’elle, produit des résultats même s’ils sont, pour le moment, mitigés.

 

Boundi OUOBA                                                                   


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