HomeA la uneHAMED BAKAYOKO A LA TETE DE LA DEFENSE IVOIRIENNE : Un message d’ADO à Soro ?  

HAMED BAKAYOKO A LA TETE DE LA DEFENSE IVOIRIENNE : Un message d’ADO à Soro ?  


 

Hier mercredi 19 juillet 2017, presqu’à la surprise générale, le président Alassane Ouattara, au lendemain de son retour de Ouagadougou, la capitale burkinabè où il a participé au 6e Sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, a procédé à un léger remaniement ministériel qui ne peut pas ne pas donner matière à polémique. En effet, ce qui retient le plus l’attention de tout observateur, c’est la nomination de Hamed Bakayoko à la tête du département de la Défense. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce petit de jeu de chaises musicales peut paraître comme un signe des temps, dans un contexte sociopolitique agité. En déplaçant Hamed Bakayoko considéré comme son homme de main, du ministère de l’Intérieur à la tête de la Grande Muette, Alassane Ouattara joue avant tout la carte de l’efficacité, pour faire face à une Armée qui s’est fait une mauvaise réputation depuis son ascension au pouvoir, à l’aune de ses nombreux bruits de bottes. Entre indiscipline caractérisée et mutineries, l’armée ivoirienne s’est révélée comme la mauvaise conscience du pays d’Houphouët Boigny, autrefois havre de paix.  Pas plus tard que dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 juillet dernier, des soldats ont fait parler d’eux, à nouveau, dans des affrontements meurtriers. Si besoin en est encore, c’est une lapalissade que de dire qu’Alassane Ouattara, qui jusque-là occupait le poste du ministère de la Défense avec une délégation de pouvoir à Alain-Richard Donwahi, a mal à son armée depuis un certain temps. Le changement du chef d’état-major des armées, le Général Soumaïla Bakayoko, un proche de Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale, courant janvier 2017 par le général Sékou Touré, n’a pas pu véritablement discipliner les casernes. C’est dire donc que le choix de Hamed Bakayoko qui aura quand même marqué de son empreinte son passage au département de l’Intérieur et de la Sécurité, est une marque de confiance pour faire régner la discipline au sein de cette armée ivoirienne qui est, qui plus est, en passe d’être gangrenée par la politique.

On peut se demander si ce n’est pas un message fort que le président Ouattara envoie au chef du parlement ivoirien

C’est d’ailleurs ce qui peut susciter d’autres interrogations sur la nomination de Hamed Bakayoko qui n’est pas, sans doute, pour plaire au clan de Guillaume Soro qui, on le sait, n’est plus depuis belle lurette en odeur de sainteté avec le nouveau ministre de la Défense. Eu égard aux propos peu amènes que le ministre Bakayoko a proférés courant le weekend dernier lors d’un meeting du RDR à Abobo, un quartier au nord d’Abidjan, et qui semblaient être dirigés contre Guillaume Soro, l’on peut se demander si ce n’est pas un message fort que le président Alassane Ouattara envoie au chef du parlement ivoirien dont le chef du protocole est cité dans une affaire de cache d’armes. Désormais, c’est Hamed Bakayoko qui doit gérer cette affaire dont il pourrait se servir pour régler ses comptes à Soro qui, de plus en plus, est perçu comme le ‘‘récalcitrant’’ dans le cercle des proches d’ADO. En tout cas, la sortie de Bakayoko au meeting d’Abobo laisse croire que la rupture est désormais consommée entre lui et l’ex-chef de la rébellion ivoirienne. Et si l’option est prise par le camp du nouveau ministre de la Défense de casser Soro dans sa course vers la présidentielle de 2020, il y a forts risques que le jeu de massacre n’intensifie la crise au sein des forces armées dont nombre d’éléments sont dit proches du désormais ‘‘pestiféré’’ du sérail, à savoir Guillaume Soro.

Drissa TRAORE


Comments
  • Ça y est ! Au Burkina Faso, on aboutit de toute évidence, à la fin définitive d’un mythe. Celui des idées subjectives, qui tentaient d’insinuer que les ministres de la sécurité et de la défense, doivent être des hommes de tenue. Les exemples sont légion à travers le monde, pour prouver que les qualités requises pour diriger ces départements, sont essentiellement la confiance, le dynamisme, la perspicacité et l’ardeur au travail, peu importe que l’on soit civil ou homme de tenue. La nomination le 19 juillet 2017 de monsieur Hamed Bagayoko comme ministre de la défense de la Côte d’Ivoire, constitue un exemple récent pour cet homme de média qui a mérité la confiance du président Alassane Ouattara pour diriger l’armée ivoirienne confrontée à des soubresauts. Le ministre ghanéen de la sécurité qui était au Burkina les 12 et 13 juillet 2017, pour un accord de coopération sécuritaire avec le Burkina, est expert comptable de formation. Le ministre nigérien de la sécurité est également un civil. Le ministre français de la défense dans le gouvernement Macron, est un ancien maire de Lyon, exactement comme le ministre d’Etat burkinabè de la sécurité Simon Compaoré, ex maire de Ouagadougou. Ce dernier qui a développé la police municipale à Ouagadougou, est reconnu comme un homme d’action qui arrive toujours à produire des résultats probants dans les missions qui lui sont confiées. Ses efforts dans la mobilisation des forces de sécurité (police, gendarmerie) au Burkina pour lutter contre l’insécurité et le terrorisme, sont bien reconnus par le grand public, y compris par des hommes de mauvaise foi dont, les critiques relèvent d’adversité personnelle et subjective. C’est donc la fin d’un mythe.

    20 juillet 2017
  • Dommage que toutes ces comparaisons finissent à une légitimation de Simon Compaoré. Avant tout, on demande à un ministre de la sécurité ou de la défense d’être compétent, moins arrogant donc courtois, qu’il sache garder sa langue pour ne pas divulguer des secrets-défenses et autres et qu’il mette les hommes qu’il faut à la place qu’il sans aucune considération religieuse, politique, régionale….Si Simon a tout qu’il se mette au travail avec professionnalisme.

    21 juillet 2017

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