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IMPUISSANCE DE LA MONUSCO FACE AU M23 EN RDC : Que cache cet aveu public du patron de l’ONU?


En République démocratique du Congo, la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo  (MONUSCO), avoue son impuissance face aux rebelles du M23. L’information est d’autant plus à prendre au sérieux qu’elle émane du patron himself de l’institution mondiale basée à New York aux Etats-Unis d’Amérique, Antonio Gutteres. Morceau choisi : « Le fait est que les Nations unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la MONUSCO », a-t-il notamment expliqué le 18 septembre dernier, dans une sortie médiatique. Des propos qui sonnent comme un aveu d’échec cuisant et qui posent en même temps la problématique de l’efficacité des troupes onusiennes engagées dans les opérations de paix, à travers le continent. Car, il y a des raisons de croire que de sa position de Secrétaire général de l’ONU, le dirigeant portugais sait de quoi il parle.

 

 

La guerre a aussi son aspect psychologique qui peut booster ou casser le mental des combattants

 

 

Mais si dans le fond, cette déclaration du patron de l’ONU, peut être lue comme une preuve de pragmatisme et de réalisme face à la réalité du terrain, ce qui ne manque pas d’intriguer, c’est la forme qu’elle a prise, par cet aveu public de faiblesse de la force internationale devant ces insoumis congolais que la même MONUSCO a pourtant déjà contraints au dépôt des armes et à rentrer dans les rangs, dans un passé encore récent. C’était en 2013.   Comment se fait-il alors que moins de 10 ans après sa défaite, cette même rébellion ait pu renaître de ses cendres, reprendre du poil de la bête et se renforcer militairement au point de devenir une armée moderne dotée d’une force de frappe supérieure à celle des soldats onusiens ? Comment cela a-t-il pu se passer au nez et à la barbe de Kinshasa et de la Force de l’ONU présente dans la région depuis tant d’années ? Et puis, pour un sujet aussi sensible, qui touche à la sécurité des populations et qui pourrait même toucher à la sûreté de l’Etat congolais, avait-on vraiment besoin d’étaler cette impuissance de la MONUSCO sur la place publique ? Rien n’est moins sûr. D’autant qu’en plus des cercles restreints de la diplomatie souterraine où le sujet aurait pu être évoqué discrètement en vue d’y trouver une solution, la guerre a aussi son aspect psychologique qui peut booster ou casser le mental des combattants, selon le camp dans lequel on se trouve. Et dans le cas d’espèce, s’il n’y a pas de doute que c’est une information qui pourrait galvaniser davantage le M23, il est à craindre qu’elle ne contribue à scier le moral des soldats de la paix. A moins que cette sortie médiatique  d’Antonio Guterres ne réponde à un autre impératif. Alors question : que cache cet aveu public du patron de l’ONU ? Est-ce une manière voilée de demander plus de moyens pour la MONUSCO ?

 

 

C’est une sortie qui sonne comme une invite à Kinshasa, à assumer ses responsabilités devant l’histoire

 

 

Est-ce une façon, pour l’ONU, de préparer l’opinion par rapport à un éventuel retrait de ses troupes dans un pays où elle n’est épargnée ni par les critiques des populations qui l’ont prise en grippe pour ses résultats mitigés dans la lutte contre l’insécurité dans cette partie orientale du Congo, ni par le gouvernement de Kinshasa qui en a appelé plus d’une fois à son départ en des termes à peine voilés? Faut-il y voir le signe d’une volonté de l’ONU, de privilégier désormais la voie de la négociation comme piste de solution dans la résolution de la crise sécuritaire dans cette partie de la RD Congo, comme le laissent entendre certains bruits de couloirs ? Bien malin qui saurait pour l’instant, répondre à toutes ces questions. Toujours est-il que cette façon, pour la force onusienne, de baisser le canon devant les insoumis de l’Est congolais, ne serait pas sans conséquence sur la situation sécuritaire qui risque de se détériorer davantage dans cette région. Car, si l’ONU devait se débiner en laissant face à face les différents groupes armés qui pullulent dans la région, on ose à peine imaginer les conséquences sur les pauvres populations civiles qui n’auront plus qu’à se soumettre ou à périr, dans cette partie de ce vaste territoire où les FARDC (Forces armées de la RDC) ont plus que de la peine à se faire respecter.  Sans oublier les éventuelles luttes d’hégémonie entre groupes rivaux, aux conséquences imprévisibles et incalculables. En tout état de cause, si c’est une façon, pour l’ONU, de chercher à se débiner de la RDC pour une raison ou pour une autre, sans chercher d’abord à contrer la montée en puissance du M23, cela pourrait semer le chaos en RDC. En même temps, c’est une sortie qui sonne comme une invite à Kinshasa, à assumer ses responsabilités devant l’histoire. Car, la sécurité des Congolais, est d’abord et avant tout de la responsabilité de l’Etat. Au-delà, cela sonne aussi comme une interpellation aux dirigeants africains, à savoir assumer pleinement et entièrement leurs indépendances. Il est plus que temps.

 

 « Le Pays »


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