HomeA la uneINVESTITURE DU NOUVEAU PRESIDENT BURKINABE : Roch installé dans ses fonctions de chef de l’Etat

INVESTITURE DU NOUVEAU PRESIDENT BURKINABE : Roch installé dans ses fonctions de chef de l’Etat


Aller au palais des Sports de Ouaga 2000 ce 29 décembre dans la matinée était un exercice difficile. A motocyclette ou à véhicule, la progression était kafkaïenne notamment pour les automobilistes. Une longue file de véhicules et de personnes occupait l’avenue qui y menait de part et d’autre sur une distance de plus d’un kilomètre. Pour les automobilistes qui tenaient à arriver vite au Palais des Sports, il a fallu tout simplement se passer du véhicule et faire le reste du trajet à pied. Une ambiance de fête des grands jours entoure les lieux avant même d’entrer dans la cour du Palais qui grouillait de monde. L’évènement est connu de tous, puisqu’il était attendu depuis des semaines, la cérémonie d’investiture du président élu du Faso, Roch Marc Christian Kaboré ce 29 décembre. On avait l’impression que le centre de gravité de la capitale burkinabè s’est déplacé à Ouaga 2000 ce 29 décembre, vu l’immense foule qui déferlait vers le Palais des Sports de Ouaga 2000 pour être témoin de la passation de charges entre deux présidents civils burkinabè : le président sortant Michel Kafando et son successeur élu, Roch Marc Christian Kaboré.

 

« Le Burkina est fier », « le Burkina a choisi », « nous célébrons la victoire du peuple ». C’est entre autres ce qu’on pouvait lire en grand caractère sur les motifs qui décoraient la salle du Palais des Sports à cette cérémonie d’investiture. Le Burkinabè lamda se croirait en rêve de voir qu’un président civil va succéder à un autre président civil qui doit lui passer les charges. C’est un horizon lointain que l’on n’imaginait pas atteindre de si vite, mais c’est arrivé enfin. Pour un pays où la dévolution du pouvoir par voie de coup d’Etat a longtemps été la norme, la cérémonie d’investiture du président élu, en plus d’être un symbole de fierté, a été un moment de félicité nationale et la consécration d’un vrai changement en soi. Les Burkinabè l’ont exprimé en prenant d’assaut les gradins du palais des Sports de Ouaga 2000 dans la matinée du 29 décembre dernier. Une animation aux sons d’artistes burkinabè chantant la fierté, l’intégrité et la bravoure des filles et des fils du Burkina qui se sont donné les moyens du changement qui fait l’objet de célébration ce jour. Prévue pour commencer à 11h, la cérémonie d’investiture a pratiquement commencé autour de midi et demi dans une ambiance très festive dans un Palais qui s’est révélé exigu pour contenir les Burkinabè et les délégations étrangères venus pour la circonstance. Il a fallu « parler au patriotisme » des Burkinabè pour obtenir d’eux qu’ils cèdent la place aux étrangers qui faisaient encore le pied de grue à l’intérieur du palais des Sports, faute de places. L’engouement était à son comble. Pendant ce temps, les organisateurs très occupés continuaient de faire les réglages et les réaménagements nécessaires dans l’espoir de disposer comme il se doit de places pour les autorités, présidents d’institutions du Burkina et des pays étrangers d’Europe, d’Amérique, d’Asie….

Les étapes de la cérémonie

 

La cérémonie proprement dite se résumait en cinq actes : le discours du président de la Transition Michel Kafando, la prestation de serment du nouveau président élu Roch Marc Christian Kaboré devant le président du Conseil constitutionnel, la remise du Collier de Grand maître des Ordres burkinabè au nouveau président, et les félicitations qui lui sont adressées. Les anciens présidents John Rawlings du Ghana, Oléssegun Obassandjo du Nigéria et Salou Djibo du Niger étaient des hôtes de marques. Les actuels présidents Alpha Condé de la Guinée arrivé depuis le 27 décembre à Ouagadougou, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Ali Bongo du Gabon, Ibrahim Boubacar Keïta du Mali, Mahamadou Issoufou du Niger, John Dramani Mahama du Ghana, Faure Gnassingbé du Togo, Yayi Boni du Bénin et Macky Sall du Sénégal ont fait leur entrée autour de 12h30 dans la salle, très acclamés par le peuple débout dans l’enceinte du Palais des Sports. Peu après 12h30, le président de la Transition Michel Kafando fait son entrée dans la salle sous les acclamations nourries, en signe de salut et de reconnaissance de ce que certains dans la liesse ont appelé «  la révolution entamée », c’est-à-dire l’œuvre de la Transition en 13 mois qu’ils ont trouvée « courageuse et louable, voire audacieuse, dans un contexte national très difficile ». Deux membres du Conseil constitutionnel reçoivent le président élu, le font entrer dans la salle où l’attendaient une foultitude de gens, ses camarades de parti, les candidats malheureux à l’élection présidentielle du 29 novembre, et les chefs d’Etat des pays frères, les diplomates, les délégations étrangères, bref, des partenaires techniques et financiers du Burkina. Il est installé à côté des grands juges du Conseil constitutionnel devant lesquels il doit prêter serment. Dans la symbolique des choses, le président Michel suscite l’émotion vive chez les Burkinabè à travers certains mots dans son discours, en parlant de façon imagée de lutte et de triomphe de l’espoir. « Pour la première fois, un président civil va remettre le pouvoir à un président civil au Burkina Faso », a-t-il martelé sous de fortes acclamations, les cris de joie et le son des tambours. Dans la salle, l’instant est solennel et émouvant. Certains regards, presqu’empreints de larmes par endroit, le symbolisaient. Saluant le peuple insurgé du Burkina, les chefs d’Etat présents, l’ensemble des partenaires internationaux et régionaux du pays, tous les hôtes, Michel a félicité le président élu Roch Marc Christian Kaboré qu’il a invité à tenir compte des sillons tracés par la Transition pour une meilleure intégration des jeunes et des femmes dans le processus de développement national, tout en assurant son successeur de sa disponibilité à l’accompagner pour la construction de la Nation.

L’audience solennelle commencera finalement aux environs de 13h15 avec le rappel des articles de loi sur la prestation de serment du président du Faso devant le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, la délocalisation de l’audience solennelle. Au passage, il est rappelé le taux de participation aux élections qui s’élève à 59,87% et le nombre de voix obtenues par Roch Marc Christian Kaboré, qui est plus de 1 600 000. Roch Marc Christian Kaboré a ensuite prêté serment devant le grand juge Kassoum Kambou, la main droite levée en ces termes : «  Je jure devant le peuple burkinabè, sur mon honneur, de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina ». Le candidat élu du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), en vertu de ces mots, est devenu Président de tous les Burkinabè pour un mandat de 5 ans et cesse d’être un chef partisan, incarne la Nation entière, selon les mots du juge Kassoum Kambou qui lui a demandé d’être fidèle à ce serment. « Le peuple burkinabè attend que vous œuvriez pour l’unité de la Nation, la démocratie, l’Etat de droit et le développement économique et social. (…) Désormais, le peuple burkinabè a le regard tourné vers vous et le gouvernement que vous allez mettre en place », a ajouté le juge. Après avoir prêté serment, le nouveau président a remis au juge Kassoum Kambou, une enveloppe contenant la liste de ses biens comme l’exige la loi. Le président élu a ensuite reçu entre autres les félicitations des autorités de la Transition, des membres du Conseil constitutionnel, du grand Chancelier des Ordres burkinabè, de ses pairs africains, des représentants d’institutions, des candidats malheureux à la présidentielle du 29 novembre dernier et du corps diplomatique.

Dans son tout premier discours, le nouveau président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a confié que la solennité de la cérémonie rajoute à la charge émotionnelle qui l’enveloppe. Il a témoigné sa gratitude et celle du peuple burkinabè aux éminentes personnalités et tous les hommes et femmes qui ont honoré le pays par leur présence à la cérémonie. Pour Roch, le vaillant peuple burkinabè vient de fermer la parenthèse de la Transition pour s’engager résolument dans l’Etat de droit, en vue d’assurer une gouvernance vertueuse des affaires publiques.

Un hommage aux martyrs

 

Il a rendu un hommage mérité aux valeureux fils et filles du pays, combattants de la liberté qui ont payé de leur vie lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, à qui la Nation restera toujours reconnaissante. Il a salué l’action de ses devanciers dans les charges de président du Faso, saluant le président de la Transition et son gouvernement, les députés de la Transition, l’Union africaine et les organisations internationales pour leur solidarité au peuple burkinabè dans ses épreuves. Il entend instaurer avec l’ensemble des Burkinabè un dialogue social fécond afin de briser les chaînes de la misère. Et construire dans la tolérance et la discipline républicaine une Nation forte et respectueuse. A l’issue de la cérémonie, le président ivoirien Alassane Ouattara, a dit souhaiter que le nouveau président puisse apporter le développement à tous les Burkinabè et travailler pour plus de libertés. «  Le Burkina Faso a survécu à ses crises. L’alternance à la tête de l’Etat doit être un horizon proche pour les pays africains où des clans règnent sur les peuples en toute dictature », a fulminé un diplomate. A la fin de la cérémonie, Roch Marc Christian Kaboré a confié sur le perron du Palais des Sports être conscient qu’il hérite d’une situation difficile. Quelles seront les premières actions urgentes du futur gouvernement ? Le nouveau président confie que tout est prioritaire pour le Burkina et il travaillera avec les autres pays pour que le Burkina soit un havre de paix. Pour sa part, l’ancien président ghanéen, John Rawlings a estimé que cette cérémonie consacre l’intégrité réelle du peuple burkinabè. Il a dit se souvenir encore du président Sankara qui a suivi son exemple à l’époque de la Haute-Volta devenue Burkina Faso après un an de règne – sur 4 ans – de ce dernier. Quoi qu’on en dise, la crise est maintenant derrière nous, selon ses mots. Il pense que les Burkinabè doivent marcher main dans la main pour relever les défis du développement.

On retiendra que le palais des Sports de Ouaga 2000 a refusé du monde à cette cérémonie d’investiture.

Lonsani SANOGO

 

 

Ils ont dit…

Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger

 

« Le Burkina a retrouvé la voie de la démocratie »

« C’est un évènement majeur et historique non seulement pour le peuple burkinabè, mais aussi pour l’ensemble des peuples de la sous-région parce que le Burkina a retrouvé la voie de la démocratie. Cela correspond aux aspirations du peuple burkinabè. On ne peut que s’en réjouir et souhaiter bonne chance au nouveau président élu ».

Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI)

 

« Que tout ce que le peuple burkinabè souhaite puisse être réalisé par le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré »

« C’est une grande cérémonie qui incarne la démocratie, le progrès et la dignité en Afrique. Et tout combattant de la liberté et de la démocratie ne peut qu’être là pour vivre ce moment, porter témoignage et apporter son soutien. Le président Roch Marc Christian Kaboré est un camarade et un frère. Donc, il était important que nous puissions répondre favorablement à l’invitation de la direction nationale de campagne de son parti pour vivre ce moment de bonheur, de joie, mais aussi d’engagement au service du Burkina. Nous formulons les meilleurs vœux possibles pour tout le peuple burkinabè. Les vœux de réussite pour le président Roch Marc Christian Kaboré d’abord, ensuite pour tout le peuple burkinabè. Que tout ce que le peuple burkinabè souhaite puisse être réalisé par le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré. Nous souhaitons que l’arrivée au pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré continue à raffermir les liens d’amitié et de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Que son arrivée au pouvoir puisse consolider la paix dans les deux pays pour que règnent la démocratie et la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire ».

Cardinal Philippe Ouédraogo

 

«Nous souhaitons que tous ceux qui auront une responsabilité (…) soient de véritables serviteurs du peuple »

 

« Ce sont des sentiments de joie et d’action de grâce. Nous rendons grâce au Seigneur pour tout ce qui s’est passé. Tout au long de la Transition, nous avons connu des soubresauts. Mais le Seigneur nous a toujours protégés. Nous avons toujours vu la main de Dieu qui nous a toujours protégés. La célébration de l’investiture du nouveau président est le couronnement de tous ces efforts que tout le peuple, au-delà de sa diversité, a contribué à consentir. Nous rendons grâce à Dieu et nous félicitons les autorités de la Transition et le nouveau président. Nous avons toujours prié pour le Burkina et nous continuerons de prier. Le discours du nouveau président est très beau, très éloquent. Il a dit qu’il va être un serviteur. Nous souhaitons que tous ceux qui auront une responsabilité sociale, administrative et politique, soient de véritables serviteurs du peuple burkinabè et qu’ensemble, nous puissions bâtir un Burkina réconcilié dans la Justice et la paix véritables. Les nouveaux élus auront beaucoup à faire et bon vent à eux ».

Pasteur Samuel Yaméogo

 

« Nous avons vraiment été réconforté par la disponibilité du président Roch Marc Christian Kaboré de servir le pays »

« Nous avons vraiment été réconforté par les paroles, le discours et la disponibilité du président Roch Marc Christian Kaboré de servir le pays et non de se faire servir par le pays. Nous retenons aussi ce conseil qu’il a lancé à l’endroit de toute la population en lui demandant d’être unie dans le civisme, le respect de la loi. C’est un message que nous attendions et nous lui souhaitons beaucoup de courage. Que le peuple soit uni dans le civisme pour que tout puisse bien marcher pour le Burkina ».

Larlé Naaba, autorité coutumière

 

« Je souhaite que les mânes de nos ancêtres l’éclairent et le guident sur son chemin de gouvernance »

 

« C’est un sentiment de fierté et de joie que je partage avec l’ensemble du peuple burkinabè qui a choisi un président avec un pourcentage très élevé. Cela montre qu’il a confiance au président Roch Marc Christian Kaboré. Je souhaite que les mânes de nos ancêtres l’éclairent et le guident sur son chemin de gouvernance de notre pays. Je souhaite que la Justice, la sécurité et la santé, la création d’emplois pour la jeunesse soient les premières priorités du président Kaboré ».

Tahirou Barry, président du PAREN

 

« Nous souhaitons qu’il privilégie l’intérêt supérieur de la Nation »

 

« C’est un sentiment de fierté parce que c’est une nouvelle ère qui s’ouvre au Burkina. Nous souhaitons beaucoup de succès au nouveau président, Roch Marc Christian Kaboré. Nous souhaitons qu’il privilégie l’intérêt supérieur de la Nation ».

Boukary Kaboré dit “Le lion”, Président du PUND

 

« Cette investiture ouvre une nouvelle page pour le Burkina »

« Cette investiture ouvre une nouvelle page pour le Burkina. Je suis très content parce que le Burkina vient de franchir une étape pleine de difficultés. Nous souhaitons que le Tout-puissant puisse nous accompagner pour que nous puissions développer ce pays ».

Propos recueillis par M.T. et L.S.

Les à-côtés

– Le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et sa nouvelle tenue

Pour la première fois et publiquement, l’ancien Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, a porté sa tenue de Général de division des Forces armées nationales. Cette tenue n’a pas laissé indifférentes certaines personnes qui n’ont pas manqué de l’ovationner longuement au moment où il montait sur le podium pour féliciter le nouveau président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

 

– Interdiction de port de sacs au palais des sports : une mine d’argent pour les gérants de parking

A la cérémonie d’investiture, il était formellement interdit aux populations de rentrer avec des sacs à l’intérieur du palais omnisport de Ouaga 2000. Une nouvelle mesure qui a profité aux gérants de parking. Car beaucoup d’invités, ne pouvant pas accéder au palais des sports avec leurs sacs, étaient obligés de débourser la somme de 100 à 1000 F CFA pour pouvoir les confier aux agents de parking. Le moins que l’on puisse dire, c’est que beaucoup de jeunes se sont frottés les mains.

– Investiture de Roch

 

L’organisation critiquée

 

Avec la forte mobilisation des Burkinabè et leurs frères et amis surtout des pays voisins, à la cérémonie d’investiture de Roch, le palais des Sports de Ouaga 2000, s’est révélé exigu. Certains protocoles présents dans la salle ont déploré le fait que le Comité d’organisation n’a pas associé pleinement les agents du protocole des ministères et des institutions pétris d’expérience en matière d’organisation. Ce qui, à leur avis, justifie certains ratés dans l’organisation de la cérémonie. Pour eux, les organisateurs ont semblé faire de cette cérémonie une affaire de militants du MPP.

M.T. et L.S.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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