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LAURENCE ILBOUDO/MARCHAL, MINISTRE DE LA SOLIDARITE NATIONALE


Femme de défis, Hélène Marie Laurence Ilboudo née Marchal, a su gravir les étapes en politique. Piquée par le virus de la politique depuis qu’elle a mis les pieds dans le département de Sociologie de l’université de Ouagadougou d’où elle est sortie avec une licence avant d’intégrer la défunte compagnie panafricaine Air Afrique comme agent opération, militante engagée du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), elle a été aussi dans les tranchées lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 ; toute chose qui lui a valu un court séjour dans les geôles de la Sûreté nationale. Ancienne députée et aujourd’hui ministre de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de  l’action humanitaire, elle nous a reçus le samedi 8 juin dernier pour répondre à nos questions dans le cadre de notre rubrique « Mardi Politique ». Vous l’aurez remarqué, c’était avant l’affaire des déplacés de Arbinda dans l’arrondissement 9 de Ouagadougou (lire encadré).

Le Pays : Aujourd’hui, on parle de plus en plus de crise humanitaire prononcée liée aux conflits communautaires et aux attaques terroristes. Est-ce avéré ? Si oui, quelle riposte comptez-vous y apporter ?

Laurence Ilboudo/Marchal (LIM) : Depuis 2016, notre pays a commencé à enregistrer des déplacés liés aux menaces et attaques terroristes. En fin décembre 2018, plus de 47 000 personnes déplacées internes avaient été recensées respectivement dans les régions du Nord, du Centre-Nord et du Sahel. Les événements malheureux du 1er janvier 2019 à Yirgou et l’augmentation des attaques terroristes ont accentué les déplacements des populations en quête de sécurité. Les attaques terroristes ont également suscité la méfiance et la suspicion entre les populations qui vivaient en symbiose dans certaines localités. Cela a conduit aux affrontements intercommunautaires dans la commune de Arbinda qui, à leur tour, ont provoqué des déplacements massifs de populations. A ce jour, on enregistre plus de 170 000 personnes déplacés internes liés aux conséquences de l’insécurité. Les régions les plus touchées sont le Sahel, le Centre-Nord, le Nord, l’Est, le Centre, la Boucle du Mouhoun et le Centre-Est. Les autres régions du pays ont enregistré diversement des personnes déplacées internes. En plus des déplacées internes, il faut souligner que selon le Plan d’urgence 2019, plus de 600 000 personnes pourraient être aujourd’hui affectées par l’insécurité.
C’est une situation jamais vécue dans le pays. Nous sommes dans une crise humanitaire sans précédent. Nous faisons face à des besoins humanitaires de plus en plus croissants chaque jour. Pour y faire face, le gouvernement a, dès les premières heures, assuré la responsabilité première d’organiser et de mettre en œuvre des actions d’assistance multisectorielle au profit des personnes déplacées internes et des personnes affectées par l’insécurité dans les différentes localités. En outre, le gouvernement mène au quotidien des actions dans les domaines de l’enregistrement continu des déplacés, la mise à disposition d’abris temporaires pour les déplacés à travers les tentes familiales, l’assistance alimentaire aux déplacés internes et aux familles d’accueil, l’accès aux soins de santé pour les déplacés et les populations hôtes, l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement à travers par exemple la réalisation de forages, de toilettes, la distribution de kits d’hygiène, la protection par le renforcement des mesures de sécurité sur les sites des déplacés, l’appui à la délivrance d’actes d’état civil, la mise en place des espaces amis des enfants, l’accès à l’éducation par la mise en œuvre de tentes écoles sur les camps des déplacés, la coordination des interventions entre l’Etat et les partenaires par l’animation des cadres de concertation, l’animation des rencontres de groupes sectoriels, la formation de tous les acteurs sur les principes humanitaires et le droit humanitaire international. Dans tous ces secteurs d’intervention, nous bénéficions de l’accompagnement des organisations humanitaires, de donations d’individus ou de groupes d’individus, d’associations, etc. Je voudrais, ici, saluer toutes ces contributions aux efforts du gouvernement.

Dans le même ordre d’idée, où en est-on avec la campagne de mobilisation de fonds en vue de venir en aide aux victimes des crises humanitaires ?

Le 14 février 2019, le gouvernement a procédé au lancement du Plan d’urgence 2019 d’un coût de 100 millions de dollars, soit environ 55 milliards de francs CFA. Le Plan d’urgence comporte cinq grandes composantes à savoir : la préparation aux urgences, la gestion des conséquences de l’insécurité avec la prise en charge des personnes déplacées internes, la sécurité alimentaire, la nutrition, la gestion des réfugiés. A ce jour, le gouvernement a déjà engagé plus de 5 millions de dollars pour la prise en charge des personnes déplacées.  Aussi, les ONG humanitaires et les agences des Nations unies ont bénéficié de financement d’environ 37,6 millions de dollars pour soutenir les efforts du gouvernement ; ce qui représente un taux de mobilisation globale de ressources externes pour le financement du Plan d’urgence, de 37,5% au niveau des partenaires. En considérant toutes les contributions, nous sommes à un taux de 42,6% de mobilisation de ressources pour la mise en œuvre du Plan d’urgence. Le gouvernement reste engagé dans le plaidoyer au niveau national et international en vue de la mobilisation des ressources nécessaires pour la mise en œuvre du Plan d’urgence et également du soutien des actions de relèvement des populations touchées.

Il ressort que des déplacés de Yirgou, de Sikiré et d’autres localités ayant été victimes des violences communautaires et des attaques terroristes, rencontrent des difficultés d’hébergement à Kaya. Qu’en est-il exactement ?

Il n’est pas indiqué d’aménager un camp au niveau de la ville de Kaya. Cependant, il faut relever que le gouvernement a mis en place deux camps à Foulbé et à Barsalogho où sont réunis des services au profit des déplacés. Un troisième camp est en cours d’aménagement à Pensa. Nous recommandons toujours aux déplacés, les sites mis en place pour les accueillir. Nous ne pouvons pas, à tous les endroits, ériger des camps parce qu’il y a des déplacés. Cela va davantage rendre très difficile voire inefficace la mise en place du protocole d’assistance aux déplacés. Du reste, en dépit du fait que les personnes déplacées internes à Kaya sont hébergées hors camp, il faut noter qu’elles bénéficient de l’assistance du gouvernement en termes de dotation en vivres, en produits d’hygiène et de matériel de survie. Nous procédons également à leur recensement de façon continue afin de poursuivre l’assistance dans la mesure des possibilités. Les personnes déplacées internes à Kaya, notamment celles installées dans la région du Centre-Nord, bénéficient également de l’accompagnement des partenaires humanitaires.

Vous dites compter sur des partenaires alors que Simon Compaoré, le président par intérim du MPP, parlant des ONG humanitaires, disait ceci : « Si le Burkina est devenu invivable, il faut partir. » Qu’est-ce que cela vous inspire comme commentaire ?

Le président par intérim du MPP a donné son point de vue par rapport à la situation. Nous, en tant que ministre en charge de l’Action humanitaire, voudrions rappeler à tous que la responsabilité première de l’action humanitaire revient au gouvernement. Les ONG doivent s’inscrire dans la dynamique d’accompagnement du gouvernement dans ses actions. J’invite tous les acteurs à se saisir des cadres de coordination et de concertation pour renforcer la synergie et non remettre en cause tous les efforts et sacrifices consentis, pour plus d’efficacité et d’efficience. Ce qui doit guider, c’est comment agir ensemble pour mettre fin à la souffrance humaine, où qu’elle se trouve dans notre pays. C’est le sens de notre engagement, c’est la raison d’être même de nos institutions ou de nos organisations.

Face à l’ampleur du terrorisme, les ministères de la Défense et de la Sécurité ont vu leurs budgets rehaussés considérablement. Qu’en est-il de votre ministère qui gère les conséquences sociales des attaques terroristes ?

Le budget de mon ministère représentait 0,75% du budget global de l’Etat en 2018 et 0,77% en 2019. On constate qu’il y a une légère hausse en 2019. Toutefois, le budget est largement en deçà des besoins réels des populations cibles du département. Et comme vous le savez, la réponse au terrorisme ne doit pas être seulement militaire. Il faut donc allouer des ressources conséquentes au ministère pour la prise en charge des problèmes sociaux des populations et assurer leur participation au développement du pays.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur les moyens adéquats pour lutter contre le terrorisme ?

La lutte contre le terrorisme est multidimensionnelle. L’on ne pourrait dire quelle est la meilleure formule d’autant plus que chaque approche contribue à renforcer l’ensemble de la réponse. Chaque département ministériel, chaque institution du pays, chaque citoyen burkinabè peut et doit apporter sa contribution dans cette lutte. En d’autres termes, les actions menées par les différents acteurs doivent être complémentaires, synergiques et bien coordonnées. En tant que ministre en charge de la solidarité, j’estime que cet acte humaniste qu’est la solidarité, impose la participation de tous à la construction d’une société de paix, d’équité, de justice et de développement durable qui est l’un des leviers à renforcer pour lutter contre les déterminants du terrorisme. Il faut donc créer les conditions pour valoriser chaque citoyen et lui permettre de vivre décemment. A ce titre, il est important de renforcer l’accès aux services sociaux comme l’éducation, l’eau potable, l’emploi décent, le logement, etc. Il faut améliorer les conditions de vie des populations et dans ce cadre, mon département met en œuvre des actions de prise en charge des personnes vulnérables, des personnes défavorisées et des personnes déplacées internes ainsi que les communautés hôtes. Les principales activités menées sont le cash-transfert, l’appui technique et financier aux activités génératrices de revenus, l’appui aux paiements des frais de santé, des frais de scolarité ou de formation professionnelle, les dons en vivres et non vivres. Par ailleurs, mes services œuvrent chaque jour à sensibiliser les populations sur la nécessité de vivre pour les autres et avec les autres.

D’aucuns estiment que le régime actuel ne fait pas assez pour contrer le péril terroriste. Que leur répondez-vous ?

Le Burkina Faso n’est pas le seul pays touché par ce phénomène. Mais nous n’allons pas nous comparer aux autres, mais à nous-mêmes. Depuis que le président Roch Marc Christian Kaboré a été élu, nous avons eu ces attaques que nous n’avons pas connues auparavant et cela n’était même pas prévu dans notre plan national de développement, car ce n’était pas prévisible et voilà que nous sommes attaqués de part et d’autre. Cette lutte contre le terrorisme reste un défi jamais égalé, car l’intensité avec laquelle cela est survenu demande une vraie lutte. Mais la menace à laquelle nous faisons face n’est pas seulement l’apanage de l’Etat ; ces terroristes sont parmi nous et sont même nos frères, d’où la difficulté de régler cette affaire. Les terroristes veulent défier la cohésion sociale et mettre l’Etat dans un chaos total. C’est à la population d’avoir la grandeur d’esprit et de refuser de faire plaisir à ceux qui sèment la terreur dans notre pays.

Comment avez-vous accueilli l’offre de dialogue politique faite par le chef de l’Etat ?

Le chef de l’Etat reste notre champion et c’est normal que nous puissions ouvrir aujourd’hui un dialogue politique. C’est d’ailleurs salutaire, mais ce qu’il faut dire est que le dialogue politique ne va pas résoudre tous les problèmes auxquels nous faisons face. Il ne faut pas que les gens attendent du dialogue politique qu’on soit d’accord sur tout et qu’on soit amis. Au contraire, un dialogue politique est tenu pour que chaque camp connaisse la position de l’autre. Donc, nous devons le faire obligatoirement pour que la position des uns et des autres soit connue de tous. Avec la bonne volonté de tous et si on regarde l’intérêt premier de la Nation, nous devrions trouver un compromis.

Mais depuis les premières prises de contact, les lignes n’ont plus bougé alors que ce dialogue était annoncé pour le mois dernier. Quel commentaire pouvez-vous faire de cet état de fait en tant que membre du bureau exécutif du MPP ?

La priorité, aujourd’hui, c’est de stabiliser le pays et on ne peut pas aller dans un dialogue politique avec un pays qui souffre d’un problème sécuritaire. Il est difficile de se consacrer à un dialogue politique quand on doit régler au préalable certaines choses. Toutefois, il y a des préalables politiques à prendre en compte avant d’aller audit dialogue politique. Le chef de l’Etat a son agenda et au moment opportun, il avisera tout le monde. Donc, que les gens soient patients. Avant tout, il faut dire qu’il y a déjà des cadres de dialogue qui sont instaurés, notamment le dialogue entre la majorité et le Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Les points de presse hebdomadaire du CFOP sur les débats politiques, sont aussi un cadre de dialogue.

Mais d’aucuns disent plutôt que la majorité a peur d’aller à ce dialogue politique. Que répondez-vous ?

Pourquoi avoir peur ? C’est la première fois que j’entends cela. Mais ce que les gens pensent, est légitime. Ce n’est pas parce qu’ils pensent que nous allons faire ce qu’ils veulent. Nous le ferons au moment opportun. D’ailleurs, personne ne pourra enlever une liberté de penser à autrui. Donc, que les gens pensent ce qu’ils veulent, notre liberté de penser n’est pas non plus négociable.

Le retard annoncé de ce dialogue ne va-t-il pas crisper davantage la situation nationale ?

Mais qu’est-ce que les gens attendent de ce dialogue ? Est-ce que le dialogue politique est la seule issue pour la cohésion sociale ? Il ne faut pas qu’on s’arcboute sur un élément quand on a d’autres voies pour s’entendre. Si on n’a pas ce dialogue politique annoncé, nous pouvons avoir d’autres moyens pour régler nos divergences. Que chacun de nous laisse son orgueil de côté et regarde l’intérêt premier de la Nation.

Remettre ce dialogue à plus tard n’est-il pas une stratégie pour le MPP de préparer les élections de 2020, car on sent que vous êtes plutôt campés sur les élections à venir?

Je ne suis pas d’accord avec vous quand vous dites que nous sommes campés sur 2020. L’opposition fait plus de la fixation sur les élections de 2020 que nous, car si on mène une bonne lecture, on voit que c’est l’opposition qui est la plus préoccupée pour 2020.

On sait que votre ministère avait initié une opération de retrait des enfants de la rue. D’aucuns estiment que ladite opération est un fiasco. Qu’en dites-vous ?

En rappel, cette opération a concerné à la fois les enfants et les femmes en situation de rue. Pour ce qui est du retrait des enfants, le bilan à mi-parcours présente les résultats suivants à nos jours. Au total, 1 473 enfants et jeunes ont été retirés et placés au Centre d’accueil d’urgence de Ouagadougou. Parmi ceux-ci, 890 enfants ont malheureusement fugué dès les premiers moments de leur placement, 240 enfants ont été remis à leurs parents ou maîtres coraniques après une sensibilisation sur leur responsabilité et les dangers auxquels les enfants sont exposés dans la rue. Présentement, 117 enfants et jeunes sont en phase de stabilisation comportementale dans le centre. Il faut souligner que chaque enfant stabilisé à son départ du centre, a bénéficié d’un trousseau contenant des effets d’habillement, couvertures, moustiquaires, kits d’hygiène. Aussi, un pécule mensuel de 10 000 F CFA est octroyé à chaque enfant présent dans les structures d’accueil, notamment les écoles et les ateliers de formation. Au regard de ce que je viens de vous dire, pensez-vous que cette opération soit un fiasco ?

Beaucoup de femmes se plaignent des difficultés d’accès aux fonds destinés aux activités génératrices de revenus. Qu’en est-il exactement ?

Les difficultés d’accès des femmes aux fonds destinés aux Activités génératrices de revenus (AGR), peuvent être analysées sous plusieurs angles. Au niveau des femmes elles-mêmes, il y a, entre autres, leur faible capacité technique à concevoir des plans d’affaires bancables, la faible maîtrise des mécanismes de crédit, la difficulté de mobilisation des garanties comme la terre, le matériel. Au niveau des structures de financement, on peut relever la faible couverture géographique des systèmes financiers décentralisés, surtout au profit des femmes rurales. Aussi, l’offre de produits n’est pas assez adaptée aux besoins des femmes avec des délais de différé, des taux d’intérêt élevés, des modalités de remboursement des prêts. Toutefois, il faut noter qu’au Burkina Faso, des opportunités existent en matière de financement, des AGR des femmes. Il s’agit notamment de la création d’un environnement juridique et institutionnel propice au financement des activités des femmes, de l’existence de plusieurs fonds nationaux de financement, le FBDES, le FAIJ, le FASI, le FAFPA, le FAPE, etc., de l’existence d’un fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes, fonds spécifique aux femmes, de l’ouverture d’une ligne de crédit de 200 millions de F CFA au profit des femmes en 2016 avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD), qui a permis de financer des groupements de femmes, de la création en 2017, d’un Fonds de l’amitié et de la coopération ivoiro-burkinabè pour la promotion de la femme (FACIBF) qui est en cours d’opérationnalisation.

Qu’est-ce qui est concrètement fait pour l’autonomisation économique de la femme ?

En matière d’autonomisation économique de la femme, le gouvernement a adopté une stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat féminin en 2015. Outre cela, plusieurs projets et programmes de développement existent, à savoir le Programme intégré d’autonomisation de la femme (PIAF), le Projet entreprendre au féminin, le Programme spécial de création d’emplois pour les Jeunes et les femmes (PSCE/JF), le Projet d’appui à la transformation de l’économie et la création de l’emploi (PATECE). Concrètement, mon département mène des actions allant dans le sens du renforcement des compétences, qui se traduisent par des formations sur la culture entrepreneuriale, en transformation des produits agro-alimentaires, en gestion d’unités économiques, etc.

Il y avait une tension entre votre prédécesseur et le syndicat du ministère. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Je suis dans un département où j’ai du respect pour tous mes collaborateurs. On a compris que notre département était leader, parce que le phénomène social reste un élément important dans le développement et nous ne pouvons pas nous développer sans prendre en compte toutes ces couches vulnérables. Ce sont les 27 ans passés pendant lesquels ces couches vulnérables étaient oubliées, qui nous ont amenés à cette insécurité. Car il y a des frustrations justifiées, et de la colère justifiée. Mais il n’existait pas de cadres adéquats pour faire baisser ces tensions. Je suis heureuse de savoir que le syndicat de mon département a vu l’intérêt commun de la Nation avant toute chose. Les personnes déplacées internes sont à peu près 170 000 sur toute l’étendue du territoire sans compter les réfugiés qui viennent d’ailleurs. Avec nos collaborateurs, nous avons compris que l’intérêt premier était de pouvoir répondre aux besoins de ces gens. Il y a des revendications légitimes que nous travaillerons à satisfaire dans la limite des possibilités du département. Nous n’avons pas besoin de nous fâcher ni de nous taper dessus pour nous comprendre. On peut se comprendre sans se taper dessus. L’explication, le dialogue et la discussion restent les seules voies que nous devons emprunter pour arriver à nous faire comprendre et je suis heureuse de savoir qu’autour de moi, mes collaborateurs l’ont compris. Nous continuerons à cultiver cela pour aller de l’avant, parce que l’Afrique a besoin que ses frères dialoguent sans se taper dessus. Donc, je remercie mes collaborateurs pour avoir privilégié l’intérêt commun.

Interview réalisée par Valérie TIANHOUN et Drissa TRAORE

 


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