HomeA la uneLE POUVOIR BURUNDAIS  FACE AUX SANCTIONS DE L’UE : Nkurunziza  joue sur la fibre ethnique

LE POUVOIR BURUNDAIS  FACE AUX SANCTIONS DE L’UE : Nkurunziza  joue sur la fibre ethnique


 

«Notre intérêt est la boussole que suivent nos opinions», dit une maxime française. Ce proverbe colle bien aux autorités burundaises. En effet, la semaine dernière, l’Union européenne (UE) a décidé de sanctionner trois responsables des services de sécurité burundais et un général putschiste. Il n’en fallait pas plus pour que le CNDD-FDD, parti au pouvoir, se fende d’un communiqué à travers lequel il accuse l’UE d’administrer une justice exclusivement anti-hutue, les quatre condamnés étant tous des Hutus. En décidant de jouer sur cette carte ethnique, le parti de Nkurunziza sait que l’UE est très sensible à cette question de la fibre ethnique qu’il instrumentalise à souhait pour assouvir ses sordides desseins : obtenir la levée des sanctions et maintenir l’appareil répressif qui lui sert de marchepied pour légitimer son actuel mandat très controversé. En maniant le concept de l’identité pour satisfaire ses visées politiciennes, Nkurunziza se disqualifie davantage en tant que président et montre qu’il a atteint le faîte de l’immoralité. Toutefois, il oublie dans le même temps qu’il se sert d’un couteau à double tranchant dans la mesure où il est en train d’exhiber au reste du monde le caractère tribal même de son pouvoir dont les purulences, devenues légendaires, ont déjà affecté l’humanité tout entière. Et l’appartenance à une même famille ethnique de ses proches qui furent condamnés, achève de convaincre même les plus sceptiques. Aussi n’est-il pas étonnant que, comme dans Tribaliques d’Henri Lopès, le Burundi soit devenu aujourd’hui un véritable pandémonium où règne une totale chienlit sécuritaire. En moins de trois mois de règne après la réélection contestée de Nkurunziza, l’insécurité se porte comme un charme dans son pays, et la liste des victimes s’allonge indéfiniment. En effet, tous les détracteurs du 3è mandat de Nkurunziza sont considérés comme des anarchistes et comme tels, font automatiquement les frais de sa boucherie humaine. A ce rythme, l’on est en droit de se poser la question de savoir où va réellement le Burundi. Et son « maître provisoire » qui devrait assurer la sécurité de son peuple, a failli à sa mission, et doit tout simplement démissionner au lieu de tirer à boulets rouges sur l’UE.

Le silence de l’UA est perçu par Nkurunziza comme un soutien implicite

Nkurunziza ignore-t-il qu’il est en train de pratiquer la politique de l’autruche lorsque son parti relève que les sanctions de l’UE sèment « la division entre les Burundais » ? Même un borgne voit et sait, entre son obstination à rester au pouvoir et les sanctions de l’UE, quel sujet a divisé et continue toujours de diviser les Burundais. Mais à la décharge de Nkurunziza, il y a le silence assourdissant des instances africaines comme l’Union africaine (UA) et d’autres instances internationales. En effet, comment comprendre la politique de deux poids deux mesures de l’UA qui a naguère fait preuve de fermeté lors du coup d’Etat du 16 septembre dernier au Burkina, et qui, aujourd’hui, semble s’accommoder du coup d’Etat constitutionnel de Nkurunziza ? Certes, l’UA s’était prononcée sur le cas du Burundi, mais sa position a manqué de fermeté et s’est même rétrécie comme peau de chagrin. Et ce silence est perçu par Nkurunziza comme un soutien implicite. Alors il s’en revêt pour dormir éternellement comme un loir dans son fauteuil présidentiel au grand dam de son peuple martyrisé. Mais, comme le dit un proverbe africain, « une pirogue n’est jamais assez trop grande pour chavirer».

Adama KABORE dit CB


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