HomeA la uneLIMOGEAGE DU PREMIER MINISTRE SENEGALAIS :Aminata Touré s’en va, les problèmes restent

LIMOGEAGE DU PREMIER MINISTRE SENEGALAIS :Aminata Touré s’en va, les problèmes restent


 

Les élections locales au Sénégal n’en finissent pas de provoquer des vagues, tant elles ont eu des répercussions sur le plan politique. En effet, alors même que les résultats officiels n’étaient pas encore publiés, le président Macky Sall a décidé de mettre fin aux fonctions de son Premier ministre, Aminata Touré, battue dans son propre fief par son adversaire Khalifa Sall, le maire sortant de Dakar.

 

Le Sénégal donne une belle leçon de démocratie avec nombreux potentats africains

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’une fois de plus, le Sénégal montre la voie à suivre aux autres pays africains, champions dans la mal gouvernance politique et économique. Primo, il sied de rappeler que sous nos tropiques, ils sont rares les chefs d’Etat en exercice qui acceptent de reconnaître leur défaite à l’issue d’élections qu’ils ont eux-mêmes organisées. Le plus souvent, les partis au pouvoir, usant et abusant des moyens de l’Etat, font feu de tout bois pour remporter les élections, fût-ce parfois au prix de la fraude. Les exemples sont si légion qu’à vouloir les citer exhaustivement, on finira sans doute par en perdre l’haleine. Secundo, il faut reconnaître que malgré la défaite de ses collaborateurs, le président Macky Sall a fait preuve de courage en limogeant Aminata Touré qui n’aura, au total, passé que dix mois à la primature. A tous égards, le Sénégal donne là une autre belle leçon de démocratie à ces nombreux potentats africains qui n’ont de cesse de revendiquer le chapeau de démocrates. Car, ils sont nombreux, sous d’autres cieux , des ministres qui ont été battus à plate couture dans leur propre patelin, et qui, toute honte bue, restent accrochés à leurs postes. C’est dire que le Sénégal apparaît à tout point de vue comme un ilot de démocratie dans un océan de dictatures. Et le peuple y a une conscience citoyenne et politique très élevée qui tranche avec le cheptel électoral que l’on trouve dans la plupart des autres pays africains où on peut se faire élire avec un bol de riz et un simple tee-shirt. La preuve est que malgré les achats des consciences et les tentatives de fraudes constatées ça et là, le parti au pouvoir n’a pas réussi à inverser la tendance en sa faveur.

 

Le président Macky Sall doit revoir sa copie

 

Bien au contraire, il a perdu trois villes importantes à savoir Dakar, Ziguinchor et Thiès ; d’où le limogeage de celle-là que l’on surnommait la dame de fer. En fait, on ne le sait que trop bien. Dans un régime présidentialiste, le Premier ministre apparaît toujours comme un fusible. Il sert de carapace au chef de l’Etat, si fait que d’aucuns n’hésitent pas à dire que la meilleure manière de griller un homme politique est de le nommer Premier ministre. C’est un poste délicat et sensible où l’on entre généralement applaudi pour en ressortir sur la pointe des pieds, parfois même hué. Cela dit, on en vient à se poser la question suivante: pourquoi Aminata Touré, consciente du risque qu’elle encourait, a tenu à se présenter aux élections ? Ou bien a-t-elle été poussée par le chef de l’Etat qui voyait là une occasion de se débarrasser de cette dame au caractère bien trempé qui, dit-on, avait commencé à lui faire de l’ombre ? Autant de questions que l’on peut se poser. De toute évidence, Aminata Touré est partie, mais les problèmes du Sénégal demeurent et le président Macky Sall se doit lui-même de revoir sa copie. Car cette défaite de ses collaborateurs n’est rien moins qu’un message à lui envoyé par les électeurs. Il doit savoir le décrypter et en tirer les conclusions qui s’imposent.

 

 

Boundi OUOBA


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