HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM : L’armée nigériane entre le marteau et l’enclume

LUTTE CONTRE BOKO HARAM : L’armée nigériane entre le marteau et l’enclume


Accusée de toutes parts pour son inertie face aux exactions répétées de la secte islamiste Boko Haram, l’armée nigériane a été davantage accablée après le rapt, en avril dernier, de deux cents jeunes lycéennes à Chibok, qui a ému le monde entier. Depuis lors, elle tente de donner la réplique à la secte, pour montrer qu’elle n’a pas abdiqué.

Mais, le mardi 5 août dernier, Amnesty International a donné de la voix, pour dénoncer de massives violations des droits de l’Homme dont se serait rendue coupable la Grande muette nigériane.

 

L’armée nigériane ne sait plus sur quel pied danser

 

A en croire l’ONG internationale, dans sa riposte contre la secte islamiste, l’armée nigériane aurait aveuglément commis des exactions contre des populations, qui vont d’arrestations arbitraires à des exécutions extra-judiciaires, en passant par des actes de tortures et autres disparitions de citoyens. Dans ses accusations, l’ONG dit disposer de témoignages de populations et de vidéos accablantes pour les forces de défense et de sécurité. En attendant l’aboutissement des enquêtes que l’armée nigériane a promis de mener en son propre sein, afin de prendre les mesures qui s’imposent, l’on peut dire que l’armée nigériane est dans la tourmente et ne sait plus sur quel pied danser. En effet, avec cette nouvelle donne, elle se trouve prise entre le marteau d’Amnesty international et l’enclume des opinions nationale et internationale qui lui reprochent sa mauvaise gestion du problème Boko Haram et surtout son manque d’efficacité contre la secte qui lui inflige toutes sortes de revers. Le problème que vit l’armée nigériane, c’est comment lutter efficacement contre un ennemi sans visage, qui peut se cacher à chaque coin de rue, sous n’importe quel voile féminin ou même derrière des tenues des forces de l’ordre ou n’importe quel quidam. Et puis, Boko Haram peut même être derrière les exactions reprochées à l’armée nigériane, puisque dans de nombreux cas, ses éléments se sont fait passer pour des éléments de l’armée afin de réussir leurs coups, comme ce fut le cas lors de l’enlèvement des lycéennes de Chibok. Mais l’on peut se convaincre aussi qu’Amnesty International ne prendrait pas le risque de poser un acte léger qui pourrait entamer sa crédibilité. En se livrant à des accusations aussi graves, elle a certainement des arguments suffisamment solides.

 

Il ne faudrait pas se tromper de cible ni d’adversaire

 

Cela dit, l’ONG est dans son rôle et dans sa mission de dénonciation des cas de violations des droits de l’homme, quels que soient le lieu et les circonstances. C’est pourquoi l’on aimerait aussi l’entendre donner de la voix face aux multiples exactions que la secte islamiste fait subir à de nombreux innocents au Nigeria et même ailleurs en Afrique comme au Cameroun par exemple. Car qui, plus que Boko Haram, viole les droits humains les plus élémentaires au Nigeria, elle qui enlève, tue, viole, massacre à la pelle des innocents, au nom d’une idéologie absurde? Face à une telle brute épaisse, qui ne comprend que le langage de la violence, il est difficile de rester les bras croisés, au risque d’être accusé de complicité de tels actes de cruauté, si cela n’est pas interprété comme un encouragement à la barbarie. Au-delà, la Cour pénale internationale (CPI) même pourrait être bien inspirée d’ouvrir une enquête contre X dans le cas de Boko Haram, dans l’espoir que le grappin sera mis un jour sur une grosse pointure de la secte, qui pourrait être punie pour l’exemple.

En même temps, la sortie d’Amnesty International sonne comme un appel à plus de discernement de la part de l’armée nigériane, dans sa lutte contre Boko Haram. Car il ne faudrait pas se tromper de cible ni d’adversaire, en s’en prenant aveuglément aux citoyens qu’elle est censée protéger. La lutte contre Boko Haram exige beaucoup plus de professionnalisme.

 

Outélé KEITA


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