HomeA la uneLUTTE CONTRE LA CORRUPTION : La Transition pourra-t-elle mettre fin au « mapartisme » ?

LUTTE CONTRE LA CORRUPTION : La Transition pourra-t-elle mettre fin au « mapartisme » ?


L’ex-MPSR (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration), en accédant au pouvoir dans les circonstances que tout le monde sait, avait justifié essentiellement son avènement, par l’impérieuse nécessité de restaurer la sécurité dans le pays. Il avait également invoqué la nécessité de traquer la corruption. Relativement à ce défi qu’il s’est engagé à relever, l’on peut suggérer aux autorités de la Transition de mettre un point d’honneur à livrer sérieusement bataille au “mapartisme”. Savez-vous le sens de ce mot ? Ne vous référez pas aux dictionnaires pour le savoir. Car, c’est un néologisme créé au Burkina Faso. Il renvoie à cette pratique qui consiste à exiger sa part de bakchich à quelqu’un qu’on a aidé à être attributaire d’un marché public. De manière générale, le “mapartisme” s’applique à tous les domaines de la vie publique : je t’aide à inscrire ton enfant à l’école. En contrapartie, j’exige ma part; j’ai été à l’origine de l’envoi d’une personne à une mission de l’ONU, j’attends ma part ou encore j’ai usé de mes relations pour te permettre d’obtenir un marché public, j’attends ma part. Les cas de “mapartisme” sont tellement nombreux qu’on ne peut pas prendre le risque d’être exhaustif sur la question, de peur d’en oublier. L’on peut simplement retenir que le “mapartisme” a tendance à se banaliser au pays des Hommes intègres. Dans certains milieux, le “mapartisme” est en passe de devenir un acte qui ne heurte pas la morale. La devise des tenants de cette thèse, pourrait être la suivante : « Ma part ou la mort, Je mangerai ». Et  effectivement, le “mapartisme” nourrit bien son homme et sa femme. Il suffit de voir le train de vie de ceux qui s’adonnent à cette pratique, pour s’en rendre compte. Pour sûr, ils font partie de ces nouveaux riches qui roulent carrosse et qui sont d’une insolence hors norme.

 

 

Damiba et ses camarades doivent s’inscrire à l’école de Thomas Sankara

 

Malheureusement, ils sont nombreux les jeunes qui les prennent en exemple de réussite sociale. Malheur à ceux qui tenteraient de les dissuader en invoquant l’intérêt général, le patriotisme, l’assainissement de la vie publique, la citoyenneté… Dans le meilleur des cas, ils les prendraient pour des rêveurs. Dans le pire des cas, ceux qui légitiment le “mapartisme”, les percevraient comme des fous, qu’il faut conduire en urgence dans un asile psychiatrique ; tant ils sont dangereux pour la société. Pourtant, les conséquences désastreuses de la pratique pour le pays, sautent à l’œil nu. La première est en lien avec la mauvaise exécution des marchés publics. Pour un entrepreneur, à qui on a confié l’exécution d’un marché public de cinq milliards de F CFA et qui doit verser 5% de cette somme aux intermédiaires qui ont magouillé pour qu’il obtienne ce marché, il doit verser, en vertu de cette règle non écrite, c’est-à-dire le “mapartisme”, la rondelette somme de 250 millions de F CFA. Naturellement, cela se fera au détriment de la qualité des travaux. C’est ce qui explique, entre autres, que depuis 1987, année de l’avènement de Blaise Compaoré jusqu’à l’avènement de Roch Kaboré, la plupart des infrastructures publiques sont mal exécutées. Et ne vous attendez pas à ce que la structure en charge du contrôle du marché, sorte pour dénoncer cela. Car, les membres de cette structure ont pris chacun sa part. Sur toute la chaîne, chacun a pris sa part. Tant pis pour le Burkina ! Une autre conséquence de cette pratique, est le phénomène des avenants, c’est-à-dire cet acte écrit, par lequel on modifie les clauses primitives d’un contrat. L’on peut mettre sa main au feu que le “mapartisme” n’est pas absent dans certains avenants. Et que dire de ces agents de l’Administration qui rechignent à payer les factures publiques pour des raisons liées au fait que les bénéficiaires ne leur ont pas versé leur fameuse part ? De manière générale, les dossiers sur lesquels on n’a pas pris le soin de déposer un « caillou », risquent de s’envoler, c’est-à-dire de ne pas être traités. Ce sont tous ces maux qui  font que l’Administration publique du Burkina est une administration qui tire le pays vers le bas. Paul Kagame a perçu le danger dès son avènement au pouvoir, si bien qu’il a opéré des réformes hardies dans le système administratif de son pays. Il a notamment,  de manière significative, assaini le domaine des marchés publics. Résultats : le Rwanda s’est extirpé de la liste des pays qui tirent permanemment le diable par la queue, pour se hisser au niveau quasiment des pays émergents. L’on peut donc, même si comparaison n’est pas raison, se poser la question de savoir si la Transition du Burkina pourra mettre fin au “mapartisme”. Cette question est d’autant plus justifiée que le MPSR s’est engagé à lutter contre la corruption et que dans la Charte des valeurs qu’il a retenue pour lui servir de guide moral dans son action, il y a bel et bien l’intégrité. En tout cas, tout le mal qu’on lui souhaite  pendant les trois ans, est qu’elle travaille au moins à poser les fondements de ce Burkina arrimé aux valeurs qu’elle s’est elle-même données. Mais pour se donner plus de chances pour que ce Burkina nouveau naisse des flancs de cette transition, Damiba et ses camarades doivent impérativement s’inscrire à l’école de Thomas Sankara, c’est-à-dire celle de l’exemplarité, du don de soi à la patrie et de l’intégrité. Le tout dans une dynamique de sanctions sévères et exemplaires.

 

Sidzabda

 


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