HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BURKINA : Les propositions de Yacouba Isaac Zida

LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BURKINA : Les propositions de Yacouba Isaac Zida


A travers la tribune ci-dessus, l’ancien Premier ministre du Burkina sous la transition, le Général Yacouba Isaac Zida, exprime son inquiétude par rapport à la situation d’insécurité que traverse son pays. Tout en invitant le gouvernement à prendre des mesures urgentes pour faire face à ce mal, Yacouba Isaac Zida propose des pistes de solutions pour endiguer le mal qui endeuille de plus en plus le Burkina.

En seulement quelques jours, nous avons observé avec grand regret qu’une dizaine de gendarmes et trois militaires se sont ajoutés à la longue liste de morts des suites d’agressions ennemies dirigées contre notre nation. Il est de notre devoir de dénoncer ces attaques qui ont fait depuis quelques années des centaines de morts parmi nos compatriotes civils et militaires.
Face à ces balles assassines d’une menace certes furtive et invisible, mais qui semble surtout invincible à ce gouvernement, nous ne pouvons que faire le constat de son incompétence notoire à trouver les solutions pour enrayer le mal. Nous sommes tous concernés par cette lutte qui requiert nécessairement de l’appareil sécuritaire qu’il soit impérativement bien armé, bien formé et mieux structuré afin de faire cesser ces massacres en série. Bien que des efforts soient déployés dans ce sens, nous constatons que ce n’est absolument pas suffisant : les morts continuent à se compter presque chaque jour et nous ressentons de plus en plus la détresse insoutenable de la population et des familles endeuillées.
Le Nord et l’Est du pays ont besoin de toute l’attention afin d’y anticiper la sécurisation de la nation entière, car cette menace intégriste ne fera que grossir, s’amplifier jusqu`à s’enraciner peu à peu vers toutes les grandes villes du Burkina.
Nous devons, face à ce péril dans la demeure burkinabè, nous interroger sur les causes profondes du mal : Quelles sont les conditions réelles qui ont permis l’éclosion de ces différentes cellules terroristes au Nord et à l’Est du pays ?
Nous pouvons l’affirmer sans détour, qu’elles résultent de la politique d’abandon de ces régions depuis des décennies. Dès lors, elles sont devenues le nid d’une jeunesse désœuvrée, facilement endoctrinable à toutes les formes de fanatisme, voire à une radicalisation religieuse et politique. Aujourd’hui encore, si l’on tient compte des 720 écoles qui se sont successivement fermées et des enfants mis à la rue dans les régions concernées, ce sont des milliers de potentiels effectifs à la disposition des groupes djihadistes pour les années à venir.
La menace terroriste n’est nullement la résultante d’une simple alternance politique ou de la disparition d’un corps militaire, mais bien pire encore : elle prend racine aux profondeurs des espoirs trahis d’une partie de la population qui vit le désespoir et l’abandon de leurs gouvernants. C’est ainsi que cette partie de la population est devenue une proie facile, ouvrant ainsi insidieusement les portes de leur terroir à l’accueil des forces du mal qui minent désormais l’intérieur de notre patrie.
Notre gouvernement, s’il veut vraiment endiguer le mal à la racine, devra investir temps et argent afin de résoudre la fracture socio-économique qui a été creusée au fil des années. Une portion de la population, essentiellement des jeunes dans ces régions du Nord et de l’Est du Burkina, s’est sentie abandonnée face aux disparités socio-économiques. Comme résultante, nous assistons à une désintégration des valeurs de la société séculaire et son remplacement par des idéologies politico-religieuses extrêmement menaçantes pour l’équilibre et la paix sociale.
Aujourd’hui, le constat est sans appel : le Burkina perd du territoire et pas que le Nord et l’Est ! La menace intégriste a désormais franchi, pour notre patrie, un point critique qui requiert une opération d’envergure des forces armées qui doivent être impérativement mieux dotées en ressources humaines et matérielles à la hauteur de ce défi. Il faudrait, de toute urgence, équiper les FDS de matériels logistiques adaptés à la menace (véhicules blindés, drones, hélicoptères de combat), mais également procéder à la levée d’un contingent spécial d’au moins 3 000 soldats.
Cet appel du contingent spécial peut se faire par une discrimination positive en prenant plus de jeunes dans les régions du Nord et du Sahel, ce qui permettra du même coup d’assécher les bases de recrutement des groupes terroristes. Afin de mieux protéger son territoire, sa population et ses intérêts vitaux, il est impératif que les soldats moins expérimentés complètent d’abord leur formation initiale dans les chefs-lieux de région où ils seront affectés. Ainsi, avant de se voir confier des missions plus périlleuses, ils devront, dans un premier temps, assurer les arrières tout en terminant leur formation complémentaire tandis que les plus anciens soldats seront déployés au Nord et à l’Est pour reprendre le terrain des mains de l’ennemi.
Si rien n’est fait dans ce sens, dans quelques années, peut-être même moins, nous aurons définitivement perdu ces deux parties du pays, sans que nous ayons livré un vrai combat. Devant cette menace, il incombe aux gouvernants d’accorder la priorité présente aux actions et moyens visant la défense du territoire afin d’assurer l’avenir de nos enfants et petits-enfants.
Les institutions de Bretton Woods verraient certainement d’un mauvais œil des dépenses substantielles au profit de la défense et de la sécurité, mais le gouvernement est responsable, devant l’histoire, de ce qui adviendra de notre territoire national. Aussi, c’est maintenant qu’il doit se déterminer, s’il sert les intérêts du Burkina ou ceux des institutions impérialistes.
Que Dieu bénisse le Burkina Faso et veille sur ces vaillants patriotes !

 

 

 


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