HomeBaromètreLUTTE CONTRE LE TERRORISME : L’implication des communautés s’impose

LUTTE CONTRE LE TERRORISME : L’implication des communautés s’impose


Nombreux sont les spécialistes à admettre que le tout militaire ne peut pas venir à bout du terrorisme. Lors du 5e sommet du G5 Sahel qui s’est déroulé du 31 janvier au 5 février dernier à Ouagadougou, ce postulat a été soutenu par la plupart des intervenants, chefs d’Etat, experts et partenaires techniques et financiers. Comme dans les autres pays membres du G5 Sahel, au Burkina Faso, l’implication des communautés en tant que piste privilégiée vers une solution durable à l’insécurité, est une piste crédible. A ce titre, elle peut même être considérée comme une option fondamentale pour faire face au péril terroriste. C’est pourquoi elle est davantage souhaitée par les politiques, les spécialistes, les chercheurs, ainsi que des acteurs burkinabè, les spécialistes en techniques d’intervention anti-terroriste, a indiqué devant la société civile un officier supérieur de l’armée, spécialiste de la question.

 

Requérant l’anonymat, il a indiqué lors d’un symposium portant sur la sécurité au Burkina Faso, que « la participation communautaire à la lutte contre l’insécurité et à la préservation de la sécurité  des  personnes  et  des  biens,  constitue  un  enjeu  important  et  une  nécessité  impérieuse ». Depuis un certain temps, les pouvoirs publics, les associations, les ONG et bien d’autres acteurs parties prenantes à la lutte contre l’insécurité, initient des séances de sensibilisation et de formation dans de nombreuses localités du pays, notamment dans les zones considérées comme étant dans l’œil du cyclone terroriste. L’objectif est de faire comprendre aux populations que « la victoire contre toutes les formes de menaces à la sécurité, ne peut s’obtenir que par une approche intégrée impliquant tout un chacun », soutient Lookman Traoré, chargé de programme dans une association qui forme les leaders religieux sur la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Si les autorités mènent une lutte déterminée pour éradiquer l’insécurité, notamment le fléau du terrorisme, elles doivent conjuguer leurs efforts dans le sens de la « consolidation de la trinité « peuple-gouvernement et armée » dans nos pays respectifs, ce qui permet de prévenir par ailleurs les conflits intercommunautaires que se propose d’exploiter le terrorisme », a relevé le président nigérien, Mahamadou Issoufou, président en exercice sortant du G5 Sahel, lors de la conférence des chefs d’Etat à Ouagadougou. Ce qui traduit clairement l’impérieuse nécessité d’instaurer un cadre facilitant la synergie des actions de tous les acteurs dont les communautés locales. Et le  nouveau chef d’Etat-major de l’armée de terre (CEMAT) du Burkina, le colonel Gilles Bationo, ne disait pas autre chose quand il déclarait lors de sa prise de fonction en août 2017, en tant que commandant de la 1re région militaire basée à Kaya dans la province du Sanmatenga, qu’ «on ne peut lutter contre cet ennemi [le terrorisme] qu’avec l’appui de la population. Il n’y a pas que du militaire pour combattre le terrorisme. Il y a la part de tout un chacun ». Cette vision est d’ailleurs partagée par les chefs d’Etat du G5 Sahel qui,  dans le communiqué final sanctionnant leur rencontre de Ouagadougou, ont clairement exhorté « les populations à collaborer étroitement avec les Forces de défense et de sécurité dans la lutte contre le terrorisme ». Dans cette dynamique, l’anthropologue et ethnologue Dr Hamidou Tamboura, estime qu’il existe des solutions dont, entre autres, « renforcer la sensibilisation et le plaidoyer sur le terrain ; organiser les citoyens des villages et des quartiers urbains des zones dites sensibles et ailleurs, en mettant en place des comités de veille actifs ; prendre au sérieux tout signal suspect et disposer d’unités d’intervention rapides bien outillées et mieux formées ; recruter massivement parmi les nombreux jeunes chômeurs, les former à la défense de proximité, assurer une présence sécuritaire discrète, civile et militaire ; bien expliquer les objectifs visés par les terroristes, leurs intentions belliqueuses, afin d’avoir l’adhésion totale de tous les citoyens ; appuyer les initiatives communes développées au niveau de la collaboration, une collaboration sincère entre les services secrets des pays voisins ».

 

« Nous devons tous prendre conscience qu’il s’agit d’un mal commun à combattre en étroite collaboration »

 

De l’avis d’un officier burkinabè membre du Secrétariat permanent du G5 Sahel, « c’est au sein des populations que s’organisent les actes d’insécurité et elles ont vraisemblablement les moyens de les prévenir, de les détecter et de  contribuer à  leur réduction ». Il a ensuite précisé que « c’est  en  cela  que  l’introduction,  par  les  autorités  burkinabè,  de  l’approche  police  de  proximité  a  paru  pertinente,  en  tant  que  politique  de  promotion  de  la sécurité  basée  sur  la  participation  communautaire.  Cette  nouvelle  approche  de  gestion  de  la sécurité s’est matérialisée au niveau des villages et des villes, par la création des Comités locaux de  sécurité  (CLS),  censés  apporter  des  résultats  probants  dans  le  cadre  de  la  lutte  contre  l’insécurité. » Parallèlement à ces comités locaux qui sont l’émanation de l’Etat, des populations ont développé des initiatives locales en collaboration avec des groupes d’autodéfense comme les Koglwéogo, les dozo pour faire face au fléau terroriste. Sans oublier d’autres mécanismes de promotion de la paix sociale et de la tolérance comme le renforcement du dialogue inter-religieux et la parenté à plaisanterie. Tout compte fait, dans le combat contre le péril terroriste, « nous devons tous prendre conscience qu’il s’agit d’un mal commun à combattre en étroite collaboration. Mais avant tout, il faudrait permettre à chacun d’entre nous de se sentir concerné, afin de se battre pour la liberté et pour la paix », ajoute avec foi l’anthropologue Hamidou Tamboura. Dans le même cadre, en appui aux efforts réalisés par les pouvoirs publics des différents Etats, le Réseau des journalistes pour l’éducation et le développement (RENJED) a obtenu, auprès de l’Agence des Nations unies la criminalité et la justice (UNICRI), le financement du projet de prévention des conflits au Sahel pour la formation de 400 journalistes de la presse écrite et audiovisuelle en vue d’être des ambassadeurs auprès des communautés et des décideurs afin de diffuser les idéaux de paix et de sécurité, à travers la lutte contre l’insécurité dans les différents pays de la zone Sahel. Ces formations ont eu lieu dans les 5 pays du Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad). A travers des modules à eux administrés, les journalistes ont été outillés pour l’atteinte de ces objectifs. La qualité des productions écrites et audiovisuelles est là pour en témoigner.

 

Drissa TRAORE

 

 

 

 

 

 

 


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