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LUTTE CONTRE L’INSECURITE AU SAHEL


 

 

Dans la lutte contre l’insécurité dans la bande sahélo-saharienne, les signaux positifs envoyés par la communauté internationale se sont multipliés, ces jours-ci, sans que, pour l’instant, l’on ne puisse dire s’ils vont produire l’effet escompté. En effet, au Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU a pris, le 9 juillet dernier, des sanctions contre cinq personnalités considérées comme des entraves à la paix dans le pays. Les mis en cause sont interdits de voyager, tout comme les trois premiers qui avaient été fichés en décembre 2018. L’on ne peut que saluer cette décision. Car, si les rapports onusiens se sont succédé, le long des années, sur la situation politico-sécuritaire au Mali, indexant la mauvaise foi des acteurs de la crise qui négocient bien souvent avec le poignard dans le dos avec pour conséquence une procrastination maladive dans la mise en œuvre des accords de paix, des mesures concrètes frappant les pyromanes se faisaient attendre.

La France a fini par reconnaître avoir fourni des armes au maréchal Khalifa Haftar

Toutefois, la question que l’on peut se poser est la suivante : ces sanctions suffiront-elles à dissuader ces ogres maliens qui se repaissent du sang d’innocentes personnes ?  En tout cas, en attendant de voir l’impact de ces sanctions sur le processus de paix au Mali, ils sont nombreux les Maliens et observateurs de la scène politique malienne, à faire preuve de scepticisme et à réclamer, par conséquent, des mesures plus fortes contre les fauteurs de troubles dans ce pays. D’aucuns, en effet, estiment que l’ONU devait avoir la main plus lourde en mettant à prix les têtes de ces ennemis de la paix. Il reste, en tout cas, à espérer que l’Etat malien se donne tous les moyens pour appliquer lui-même ces sanctions en mettant le grappin sur ces individus qui ont transformé le pays en un véritable far west.  Par ailleurs, au Burkina Faso voisin, sur le même front de la lutte contre l’insécurité, c’est un autre signal positif que vient de donner la communauté internationale. En effet, l’Union européenne (UE) dont la Haute représentante pour les Affaires étrangères séjournait à Ouagadougou, le 9 juillet dernier, a annoncé un financement additionnel de 138 millions d’euros pour le G5 Sahel. Et voilà qui devrait constituer une véritable bouffée d’oxygène pour cette force qui peine à prendre corps, faute de moyens financiers. Il faut espérer que le déblocage de cette importante manne financière se fera vite au regard de la dégradation continue des conditions sécuritaires dans les pays du Sahel en proie à un nouveau danger, le péril communautaire qui n’est, en réalité, qu’une hideuse excroissance des attaques terroristes. Tout en saluant cet effort supplémentaire de l’UE qui semble avoir compris, par ce geste, que les portes de la sécurité européenne sont à l’entrée du Sahel, il faut souhaiter que les Occidentaux se décident à attaquer le mal à la racine. Cela revient concrètement à tarir les sources de financement des organisations terroristes et à couper, surtout, leurs circuits de ravitaillement en armes. En effet, on ne le sait que trop bien, les bandes armées  dans le Sahel ne produisent pas d’armes et ne s’en procurent qu’auprès des Occidentaux qui en sont les principaux fournisseurs. C’est le cas, par exemple, de la France qui, n’ayant pas le choix, a fini par reconnaître avoir fourni des armes au maréchal Khalifa Haftar et ce, alors même que la Libye est sous embargo.

Les principaux concernés, c’est-à-dire les pays sahéliens, eux, restent toujours dans la posture d’éternels assistés

Enfin, toujours sur ce même front de l’insécurité, au Niger, l’armée française se réorganise avec pour objectif de « concentrer les forces conventionnelles dans la durée sur quelques régions pour obtenir des résultats visibles, en alliant sécurité et développement ». Dans ce changement de stratégie, elle met en veilleuse la base militaire de Madama dans les confins Nord du Niger pour concentrer ses efforts dans le Liptako-Gourma, du nom de cette région transfrontalière entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, devenue aujourd’hui le triangle de la mort. C’est la base de Gossi au Centre du Mali, qui devrait monter en puissance avec l’arrivée de nouveaux contingents et équipements en provenance du septentrion nigérien. Face à ce redéploiement de la force Barkhane, l’on peut toutefois se poser la question suivante : pourquoi l’armée française renforce-t-elle sa présence militaire au Mali au moment où des marches ont été organisées pour exiger son départ ?  L’on pourrait penser qu’accusée de servir de parapluie aux terroristes au pays de Ibrahim Boubacar Keïta, la France veut rabattre le caquet à ceux qui la pourfendent, en se montrant plus opérationnelle sur le terrain. L’on peut donc espérer qu’avec ce nouveau dispositif qui se met en place, les bandes armées qui sèment la mort et la désolation au Sahel, se retrouveront plus à l’étroit. Cela dit, si l’on peut se féliciter de ce nouveau pic dans la prise de conscience de la communauté internationale face au terrorisme dans le Sahel, l’on ne peut que déplorer que les principaux concernés, c’est-à-dire les pays sahéliens, eux, restent toujours dans la posture d’éternels assistés. Tout se passe, en effet, comme s’ils avaient remis les clés de leur sécurité aux puissances étrangères qui doivent répondre de tout.

« Le Pays »


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