HomeA la uneMACRON CHEZ LE PRESIDENT DE LA CEDEAO : La France donne des verges pour se faire fouetter  

MACRON CHEZ LE PRESIDENT DE LA CEDEAO : La France donne des verges pour se faire fouetter  


Après le Cameroun et le Bénin, le président français, Emmanuel Macron, a bouclé sa mini-tournée africaine, le 28 juillet 2022, à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau. Si son séjour dans les deux premiers pays sus-cités, ne suscite pas de débat, parce que s’inscrivant dans le cadre de la coopération bilatérale, il en va autrement de la visite de Macron à Umaro Sissoco Embalo. En effet, le président bissau-guinéen vient de prendre la présidence en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO), héritant ainsi de dossiers brûlants dont ceux du Mali, du Burkina et de la Guinée Conakry. Au-delà du fait que sa voix compte aussi dans la prise de décisions concernant ces trois pays, tous dirigés par des putschistes, Embalo est désormais le porte-voix des autres dirigeants de la CEDEAO. Que le président Macron rende visite à une telle personnalité, cela ne peut donc que susciter des interrogations de la part de nombreux Africains qui accusent déjà, à tort ou à raison, la France d’instrumentaliser l’organisation pour régler ses comptes à certains pays. Que cherche Jupiter en rencontrant le nouveau patron de la CEDEAO ? Beaucoup d’Africains n’avaient-ils pas accusé la France d’être derrière les lourdes sanctions infligées au Mali par l’instance sous- régionale ?  La France ne donne-t-elle pas alors des verges pour se faire fouetter ? Tout laisse croire que c’est le cas. Cette visite était-elle vraiment opportune ? On peut le penser. Emmanuel Macron aurait dû limiter sa visite aux pays de Paul Biya et de Patrice Talon, surtout que dans ces pays, la pertinence des sujets abordés, notamment la lutte contre le terrorisme, ne souffre pas de débat.

 

 

La visite de Macron au président en exercice de la CEDEAO, risque de jeter davantage le discrédit sur cette organisation

 

 

Mais en l’élargissant au pays du président Embalo, le locataire de l’Elysée prête, à bien des égards, le flanc à de sévères critiques. Surtout que l’acte du président Patrice Talon risque d’apporter de l’eau  au moulin des anti-impérialistes qui assènent que les dirigeants d’Afrique francophone sont complexés vis-à-vis de l’Hexagone. En libérant une trentaine de prisonniers politiques au moment même où le numéro un des Français séjournait à Cotonou, alors qu’il avait opposé une fin de non- recevoir à la requête de l’opposition qui réclamait à cor et à cri, leur libération, Talon renforce le sentiment que les dirigeants de l’espace CEDEAO reçoivent des ordres de l’ancienne puissance coloniale. En tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que la visite de Macron au président en exercice de la CEDEAO, risque de jeter davantage le discrédit sur cette organisation.  Cela dit, il ne faut pas clouer le président français au pilori. Car, il défend les intérêts de son pays. Tout comme certains de ses pairs occidentaux qui, même s’il faut dîner avec le diable, sont prêts à tout pour leur peuple, pourvu qu’ils obtiennent ce qu’ils veulent pour leurs concitoyens. En la matière, il n’y plus de gêne. Les Etats- Unis viennent de fouler allègrement aux pieds les questions de démocratie et de droits de l’Homme pour satisfaire les intérêts des Américains, à travers la récente rencontre du président Biden avec son homologue saoudien. Le  général De Gaulle ne disait-il pas que « la France n’a pas d’amis mais des intérêts » ? 

 

Dabadi ZOUMBARA   

 

 


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