HomeA la uneMANIFESTATIONS POUR LA LIMITATION DES MANDATS PRESIDENTIELS AU TOGO : Lomé saura-t-il tirer leçon de Ouagadougou ?

MANIFESTATIONS POUR LA LIMITATION DES MANDATS PRESIDENTIELS AU TOGO : Lomé saura-t-il tirer leçon de Ouagadougou ?


Les Togolais n’auront pas perdu de temps. En effet, tirant exemple de ce qui s’est passé au Burkina et qui a emporté le régime de Blaise Compaoré, l’opposition réunie au sein du Combat pour l’Alternance Pacifique en 2015 (CAP 2015) a manifesté pour réclamer des réformes, notamment la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cette manifestation a été émaillée de violences qui ont opposé manifestants qui ont tenté de prendre d’assaut le Parlement, et forces de l’ordre. De leur côté, les sympathisants du président Faure Gnassingbé ont également battu le pavé pour réaffirmer leur soutien au camp présidentiel. Cette situation ressemble, à bien des égards, à l’ambiance qui a prévalu au Burkina Faso avant la chute de Blaise Compaoré. C’est ainsi un euphémisme de dire que la capitale togolaise a bouillonné ce vendredi 21 novembre 2014, jour desdites manifestations.

Le peuple togolais a soif de démocratie réelle et  d’alternance

La rencontre qui s’en est suivie entre Faure Gnassingbé et le leader du CAP 2015, Jean-Pierre Fabre, n’a pas permis de trouver le compromis salutaire.  L’épreuve de force se poursuit donc entre une opposition qui estime que l’actuel chef de l’Etat du Togo doit se retirer de la course au pouvoir et un camp présidentiel qui ne l’entend pas de cette oreille. Faure Gnassingbé est réticent face à la requête de l’opposition qui tient à instaurer deux mandats présidentiels constitutionnels. Il craint qu’une telle disposition vienne à lui barrer la route d’un troisième mandat, si elle était rétroactive. Il faut craindre que les positions se durcissent dans ce dialogue de sourds, avec des conséquences désastreuses. Le Togo des Gnassingbé a une certaine culture de la violence – on en veut pour preuve la violence de la répression contre les opposants en 2005- et il faut craindre qu’en cas de troubles, il y ait un nombre plus élevé de victimes que dans le cas du Burkina Faso.

Certes, le refus de la candidature de Faure par l’opposition peut paraître difficile à comprendre. On n’est qu’à un peu plus de 4 mois du scrutin et on peut estimer qu’il est quelque peu tard pour une telle requête. L’opposition togolaise ne devrait pas non plus donner l’impression que c’est à la personne de Faure qu’elle en veut seulement, alors que c’est tout un système qu’il convient de combattre. Il semble plus réaliste de laisser l’actuel président de la République faire acte de candidature pour un troisième mandat, à la condition que ce soit sa dernière cartouche. Mais, l’attitude de l’opposition est aussi compréhensible, du fait que bien des chefs d’Etat africains n’ont plus le sens de la parole donnée. Ils font juste quelques concessions quand ils ont le feu aux trousses et dès que la situation se calme, ils détricotent de façon méthodique leurs engagements. Eyadéma père n’avait-il pas pris l’engagement de ne pas se représenter à la présidentielle avant de trahir cette parole donnée ? Faure est le fils de son père.

Peut-être aussi que l’opposition togolaise s’inscrit dans la stratégie selon laquelle  il faut placer la barre haut pour espérer le maximum.

En tout état de cause et contrairement à ce que défend le camp du président togolais, il s’agit moins d’un problème de légalité que d’une question de légitimité. En d’autres termes, le débat ne devrait pas consister   à épiloguer sur le fait que les dispositions de la loi fondamentale du Togo permettent ou non à Faure Gnassingbé de briguer un troisième mandat. La Constitution togolaise en vigueur ne contient pas de clause limitative du nombre de mandats présidentiels. C’est connu. Le véritable problème qui se pose, est la question de la légitimité d’un pouvoir à vie. Le peuple togolais a maintenant  soif de démocratie réelle et surtout d’alternance. Or, c’est un truisme de dire que les urnes n’ont jamais chassé un dictateur du pouvoir sous nos tropiques. En effet, dans les dictatures déguisées en démocratie, les consultations électorales ne servent qu’à  pérenniser les règnes des satrapes.

Les Togolais doivent se convaincre  que leur salut repose     avant tout sur eux-mêmes

En ce qui le concerne, le pouvoir togolais, Faure Gnassingbé en tête, doit faire attention à la boulimie du pouvoir, source d’aveuglement mortel. Gnassingbé fils serait bien inspiré de tirer toutes les leçons de ce qui arrivé à son mentor Blaise Compaoré qui a tenté de s’accrocher au pouvoir. Ça n’arrive pas qu’aux autres, dit-on. Il ne doit pas l’oublier, lui qui totalise déjà 10 ans de pouvoir et ce n’est pas rien. Bien au contraire. Surtout quand on se rappelle les circonstances désastreuses de son arrivée au pouvoir, après un règne sans partage de son   père Gnassingbé Eyadéma. Cela fait environ 48 ans que le Togo est sous la férule de la dynastie Gnassingbé. Et vouloir perpétuer davantage cette dynastie est un jeu dangereux si cela ne heurte pas l’éthique. Et puis, il est jeune et rien ne l’empêche de revenir briguer la magistrature suprême après un repos bien mérité.

Quant à l’opposition togolaise, le cas burkinabè devrait la guider.   Aucune dictature ne peut résister durablement à la soif de changement d’un peuple. Les Togolais doivent se convaincre qu’il leur appartient de forger de leurs propres mains, le destin de leur pays. Ce serait une grave erreur de trop compter sur la communauté internationale, surtout les organisations africaines. C’est une lapalissade de dire qu’elles jouent, bien des fois, au médecin après la mort. Du reste, comme on peut le constater, l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) brillent une fois de plus par leur mutisme. De façon générale, elles restent  atones et aphones et   ne montrent le bout du nez qu’après la victoire, à force de courage, de détermination et de sacrifices des peuples sur leurs oppresseurs. A l’instar donc des autres peuples, les Togolais doivent se convaincre plus que jamais, que le salut démocratique du Togo repose d’abord et avant tout sur eux-mêmes.

« Le Pays »


Comments
  • Quatre n’est pas trop court pour respecter la limitation des mandats.C’est même trop long

    24 novembre 2014
  • Dix ans de pouvoir sans partage. Un pouvoir de pere en fils. On rebaptiser le Togo comme Le Royaume de Togo. Pauvre! Afrique.

    24 novembre 2014
  • Allez les amis togolais. Na lara N’sara. Si vous vous couchez c’est la mort seulement. Restez debout et liberez nous la voie pour atteindre la mer. C’est Blaise qui vous a trahi en maintenant par la ruse des articles et l’achat des opposants. Blaise est parti, Faure est orphelin, profitez-en. COURAGE. ON RESTE AVEC VOUS.

    26 novembre 2014
  • Ce qui est bon pour le burkina est certainement bon pour le togo. Nous sommes des peuples freres et si vous gagnez votre independane, nous aussi on devient plus independant. Courage. Vous allez chasser les dictateursde la Patrimonie Eyadema hors du pouvoir. La terre sacree du Togo ne va pas laisser faire pour longtemps. Vivent les forcent de lumieres. Non a la dynastie demi-seculaire des Eyadema. On meurt ensemble, peuple du togo. Togo en angalis veut “vous devez partir” To go, went, gone. Le regime de Eyadma Pere et Fils will be gone. They have to go.

    16 décembre 2014

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