HomeA la uneMASSACRES A BENI SUR FOND D’INONDATIONS A KINSHASA

MASSACRES A BENI SUR FOND D’INONDATIONS A KINSHASA


Le territoire de Béni, en République démocratique du Congo (RDC), n’a jamais aussi mal porté son nom, tant les scènes de violences s’y multiplient depuis quelque temps, avec un décompte macabre qui fait simplement froid dans le dos. En effet, en moins d’un mois, plus de cent personnes ont été tuées dans au moins quinze attaques,  depuis le 30 octobre dernier. Pas plus tard que le 27 novembre, 19 cadavres de victimes achevées à la machette, ont été retrouvés dans la zone, plus précisément à Maléki, selon les derniers chiffres de sources onusiennes. Une énième tuerie attribuée aux combattants ADF qui sévissent depuis fort longtemps dans la zone, et qui intervient au lendemain de manifestations violentes de populations contre la MONUSCO. Les raisons de la prise en grippe de cette mission de l’ONU par les populations locales, sont essentiellement dues au fait qu’elles l’accusent de passivité et d’inaction, face à la multiplication des massacres dont sont victimes les habitants de Béni.

 

En s’en prenant violemment à la MONUSCO et en exigeant son départ, on se demande si les Congolais ne se trompent pas de combat

 

Mais à y regarder de près, l’on se demande si ce n’est pas un mauvais procès fait à la MONUSCO qui, en succédant à la MONUC (Mission des Nations unies en République du Congo), en juillet 2010,  avait pour mission première de travailler à la stabilisation de ce pays-continent qui sortait de plusieurs années de guerres civiles. C’est dire si sa marge de manœuvre est limitée. Cela dit, on peut comprendre la colère et la frustration des populations de ces zones qui ne savent plus véritablement à quelle armée se fier pour leur protection. Mais en s’en prenant aussi violemment à la MONUSCO et en exigeant son départ, on se demande si les Congolais ne se trompent pas de combat.  Car, la véritable question est de savoir si l’armée congolaise est capable de mettre fin à ces attaques. La réponse est non. Et le vide que laisserait un éventuel départ des Casques bleus, pourrait entraîner beaucoup plus de conséquences dommageables pour ces mêmes populations, qu’il ne résoudrait le problème. C’est pourquoi il faut savoir raison garder. Et les Congolais ne doivent pas donner l’impression d’avoir la mémoire courte et de vouloir payer aujourd’hui l’ONU en monnaie de singe, après tant d’années d’investissement de l’organisation dans la stabilisation du pays.   Cela dit, pendant que la rue gronde et que la colère monte à Béni qui continue d’enterrer ses morts sous le crépitement des armes, à Kinshasa, c’est un drame d’une tout autre nature, qui vient en rajouter à la douleur des Congolais. C’est dire si en ce moment, la RDC ploie sous le poids des fléaux.  En effet, dans la seule nuit du 25 au 26 novembre derniers, quarante-une personnes ont perdu la vie dans des inondations, suite à des pluies diluviennes qui se sont abattues sur la capitale. En cause, bien entendu, l’œuvre de Dame nature qui sait se montrer parfois cruelle envers les humains, mais en la matière, on ne saurait éluder l’action de l’homme lui-même, qui contribue souvent beaucoup plus à augmenter l’ampleur des dégâts qu’à les diminuer en pareilles circonstances.

L’Etat, le plus souvent, ne joue pas convenablement son rôle

 

 

En effet, quand des populations s’installent obstinément dans des zones inondables ou à risques et refusent de déguerpir au prétexte de ne pas avoir d’autre endroit où aller, c’est à se demander si elles ne s’exposent pas elles-mêmes  au « châtiment » de la nature une fois déchaînée. Dans le cas d’espèce, certaines populations vivaient sous des flancs de collines pendant que des ouvrages étaient érigés sur des caniveaux. Mais cela ne saurait absoudre l’Etat   car, il est du devoir de la puissance publique de créer les règles et les conditions d’une bonne urbanisation et de travailler à les opérationnaliser au mieux, pour mettre les citoyens à l’abri de telles catastrophes. C’est dire si les responsabilités sont partagées. Mais la plus grande part revient à l’Etat qui, malheureusement et le plus souvent, dans nos républiques bananières, ne joue pas convenablement son rôle. Non seulement l’absence de caniveaux pour le ruissellement et l’évacuation des eaux de pluies est souvent criarde, mais quand ils existent, la plupart du temps, ils ne répondent pas aux normes exigées si fait que leur impact est difficilement perceptible dans un environnement où certaines populations n’hésitent pas à s’en servir aussi comme poubelles à ordures ménagères. Et cela n’est pas propre à la République démocratique du Congo.  En outre, on ne peut pas comprendre que l’Etat ne puisse pas taper du poing sur la table lorsque la situation l’exige, même si c’est pour protéger les citoyens à leur corps défendant.  C’est une question de choix et de vision politique. Mais encore faut-il avoir été bien élu et avoir pour boussole, la vertu de la bonne gouvernance. C’est ce qui, malheureusement, semble faire le plus défaut à l’Afrique.

 « Le Pays »

 


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