HomeA la uneNOMINATION D’UN PREMIER MINISTRE DE TRANSITION :Les risques calculés de Zida

NOMINATION D’UN PREMIER MINISTRE DE TRANSITION :Les risques calculés de Zida


Sans surprise, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a été nommé Premier ministre de transition au Burkina Faso par le Président Michel Kafando.

Alors que beaucoup pensaient qu’il aurait été plus sage pour lui de négocier le statut d’ancien chef de l’Etat ou de se tailler le poste de ministre de la Défense qui lui siérait comme un gant, Zida a simplement choisi le plus difficile, en acceptant de coordonner l’action gouvernementale pendant les douze prochains mois qui doivent conduire les Burkinabè vers des élections libres, transparentes et équitables en 2015, avec tous les risques que cela comporte.

Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que, globalement, les Burkinabè semblent satisfaits de ce choix, aussi bien au sein de l’opinion nationale que de la classe politique. Cela pourrait se justifier par la spécificité du contexte de cette révolution burkinabè qui a vu le peuple obtenir bien plus que ce qu’il voulait au départ, à savoir la chute inattendue de Blaise Compaoré et sa fuite hors du pays. Dans un climat d’impréparation totale où l’Opposition et la société civile semblaient désarmées, il a fallu adresser un appel du pied à l’Armée qui a accepté de s’assumer. Et depuis lors, elle continue sur cette lancée. Cependant, le problème majeur pourrait venir de la communauté internationale qui ne voit pas d’un bon œil  l’occupation de ce poste stratégique par un militaire. Aussi comme pour anticiper, Zida a-t-il lancé un message à l’endroit de cette dernière, lui demandant de ne pas le juger sur des a priori.

A la vérité, Zida risque gros, en acceptant ce poste. Non seulement, il pourrait y perdre toute l’aura qu’il a eue en si peu de temps, mais aussi, il pourrait voir ses laudateurs d’hier se retourner contre lui demain. Sans oublier les partenaires au développement qui sont méfiants, en raison de son statut de militaire. Et il  est conscient de cela. Comme il est tout aussi conscient qu’il aurait été plus facile pour lui de se retirer avec tous les honneurs qui seraient allés avec, en attendant éventuellement que le peuple le réclame pour venir redresser la situation en cas de besoin.

Zida apparaît aujourd’hui comme l’homme de la situation

Mais, si  malgré tout, il a choisi de relever le défi, il y a des raisons de croire que, quelque part, les risques sont calculés. Aussi serait-il opportun d’attendre Zida au pied du mur pour le juger au résultat. Car, il y a lieu de croire qu’il fera tout pour que son aura ne soit pas égratignée. Mieux, il fera tout pour donner tort à tous ceux-là qui émettent des réserves sur sa personne, à commencer par la communauté internationale qui a des préjugés défavorables sur la soldatesque. Pas parce que cette dernière n’est pas capable, mais plutôt parce qu’elle estime que ce n’est pas sa mission première.

Par ailleurs,  Zida semble avoir le sens de l’histoire.  Il est conscient qu’il doit son pouvoir au peuple burkinabè et sait lire les attentes de ses compatriotes.  C’est dans ce sens qu’il faut situer les limogeages des Directeurs généraux (DG) de la Sonabel et de la Sonabhy, deux postes hautement symboliques. Ceci peut être un message fort de sa volonté de montrer son émancipation. En tout cas, ce geste a contribué à lui valoir la confiance de nombre de ses concitoyens. Aussi peut-on s’attendre à des mesures encore plus spectaculaires de sa part, pour nettoyer les écuries de Blaise Compaoré. Car il sait que c’est sur ce terrain-là que les Burkinabè l’attendent le plus, pour plus de justice et d’équité sociale.

Pour des raisons sécuritaires, ce n’est peut-être pas si mal que Zida soit à ce poste élevé de responsabilité, avec toutes les menaces djihadistes dans la sous-région. En cela, ayant été le N°2 de la sécurité de Blaise Compaoré, quand on sait le rôle joué par ce dernier dans le problème touareg, cela pourrait avoir toute son importance.

Cela dit, sans peut-être forcément être le choix idéal, Zida apparaît aujourd’hui comme l’homme de la situation. Et vu les paroles et les actes qu’il a posés jusque- là, il y a lieu de lui accorder le bénéfice de la bonne foi, jusqu’à ce qu’il prouve le contraire.

En deux semaines, il a non seulement réussi à gagner la confiance et la sympathie des Burkinabè, mais aussi prouvé qu’il a le sens de l’écoute, de la conciliation et surtout, qu’il sait faire preuve de fermeté et aller vite et bien au charbon. Pour cette transition de douze mois qui est à la fois si longue et si courte, cela peut être un avantage d’autant plus que, pendant les trois semaines écoulées, il a aussi étoffé son carnet d’adresses en recevant, tour à tour, pratiquement toutes les chancelleries et d’éminentes personnalités aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays. De ce point de vue, le duo Kafando-Zida, bien plus qu’un attelage hétéroclite, est peut-être le meilleur tandem du moment  pour les Burkinabè, avec d’une part, la jeunesse et la poigne d’un Premier ministre issu des rangs de l’armée et d’autre part la sagesse, la tempérance et la clairvoyance d’un président civil qui dispose d’une longue expérience de l’Etat. L’histoire nous dira, dans douze mois, ce qu’il en aura été véritablement.

Outélé KEITA


Comments
  • Il faut que Zida alias Poutine alias Al Sissi, nous épargnent des mesurettes à la révolutionnaire. Il ne suffit pas de limoger ou d’emprisonner des responsables, d’ailleurs qui ne se basent sur aucun ordre juridique. Si toutes les personnes qui ont été à des postes de responsabilité par l’ancien doivent démissionner ou être emprisonnées, Zida doit lui-même se trouver dans cette position car il a été nommé et mis en place par l’ancien régime. Blaise a eu tout le temps de vider son palais sous la bienveillance de Zida et il a ainsi pu décorer sa résidence du Maroc. Tous les dignitaires de ce pays sortent du camp Paspanga pendant le couvre-feu pour effacer toutes les traces des malversations. J’aurais appris que Guiro a été arrêté et je ne sais pas sous quelle base. Il faut que les gens sachent que Guiro n’a commis aucun détournement dans ce pays. Ailleurs, on appelle cela des commissions voire des retro commission. Le DG de Total peut bien lui donner de l’argent, tout comme un prince saoudien peut lui donner un petit pourboire. Le problème de Guiro, c’est qu’il a été naïf sur toute la ligne. Le fait de vouloir garder cette somme dans des cantines car il aurait pu par l’intermédiaire de ses inspecteurs de douane les déposer sur des comptes dans les pays limitrophes. Ou bien, Guiro détenait cette somme par devers lui parce que l’on lui a confié.
    Monsieur Zida commandité un audit des sociétés, ministères et autres entreprises publiques et ainsi nous seront tous situés. Si vous limogés des DG, vous devez aussi limoger certains ambassadeurs actifs et d’autres inactifs comme Paré.

    21 novembre 2014
    • bonne analyse pour venir mal terminer par le cas Guiro pourquoi vous vous acharner à le défendre?
      Zida n’est pas l’homme de la situation parce que les politiques et la société civile n’avait pas un plan B avant la chute de Blaise c’est clair que Zida un pion de Blaise.

      24 novembre 2014
  • Encore un pro ZIDA!

    21 novembre 2014
  • Moi j’ajouterai aussi la capacité à demanteler facilement le RSP qui est attendue par tous les revlutionnaires. Je ne vois pas ce civil ou n’importe quel militaire militaire le faire (preuve Nabéré a été sommé de la fermer). Mais avant je propose qu’on utilise cette force d’élite pour traquer le grand banditisme dans les brefs délais. Ils ont les capacités et les moyens techniques, matériels et humains. Il suffit peut etre de les former en quelques jours sur les droist elemntaires et de police judiciaire et hop.

    21 novembre 2014
  • Monsieur, le journaliste, vous mentez. Zida n’a jamais eu la confiance des Burkinabè. Il a eu celle du balai citoyen et rien de plus. Allez y sur les fora et les réseaux sociaux vérifier ce que je dis. Ne jouez pas à l’opinion ou hebdo. Il apprend à jouer à Poutine et vous voulez nous faire accepter ça? Non. Il a volé notre révolution et point barre.

    21 novembre 2014
  • C’était ça le deal. Céder la présidence d’une main pour récupérer le premier ministère de l’autre. Le président de la transition n’est qu’une marionnette. C’est l’armée qui tire les ficelles. Au CNT ça sera pareil. Que les choses soient claires.
    Nous, Peuple souverain du Burkina Faso, avons chassé Blaise et nous chasserons n’importe qui, aussi fort et sournois soit t-il, qui qu’il soit, s’il ne respecte pas la volonté du peuple.
    Nous ne tolérerons aucune forfaiture. Restons vigilants.

    21 novembre 2014
  • Zida, dis nous qui a tiré sur les manifestants le 30 octobre. C’est ça qui nous intéresse d’abord. Il y a eu des morts. CE sont eux les héros, Zida n’est qu’un opportuniste. Si l’armée est vraiment républicaine comme le dit Zida, les coupables doivent répondre de leurs actes. Et pour rappel, en 2011 des soldats ont volés et violés.

    21 novembre 2014
  • Je n’ai jamais eu confiance aux militaires, je n’ai pas confiance au militaires, et je n’aurais jamais confiance aux militaires. Quand je vois les militaires à la télé, je ne comprend plus rien.
    Hier le pouvoir ne nous intéresse pas. Aujourdh’ui premier ministre. Je lance un appel à la RTB. hier le reportage n’a présenté que des personnes favorables au colonel ZIDA. Des personnes qui ne peuvent même pas s’exprimer correctement en francais. Monsieur de la RTB, équilibrez vos interventions.
    Je n’arrive pas à comprendre que ZIDA soit un héros aujourdhui pour ce qu’il n’a pas fait. Des gens se sont battus à main nu contre deux CRS lourdement armé. Des gens sont morts dans ce pays. Et on vient me sortir un monsieur militaire de surcroit et on dis que cè un hero. On le décore, on le bombarde premier ministre
    Si ZIDA me dis qui a tiré sur les 30 manifestants, je lui tirerais mon chapeau
    Si ZIDA me dis pourquoi il a laissé Blaise compaoré ‘Que la terre ne lui soit pas légère” sortir du pays avec nos milliards, je lui tirerais mon chapeau
    Si ZIDA me dis qu’est ce qu’un militaire fait dans affaire de premier ministre, je lui tirerais mon chapeau
    Pour le moment, ce type n’est q’un opportuniste

    21 novembre 2014
  • Bien Mangodara. YIZ n’est qu’un opportuniste doublé d’un calculateur froid. Le drame, c’est que la société civile et l’ex-opposition laisse faire. Vous verrez bientôt un conflit de compétence jaillir entre kaf et yiz. Patience! Cela ne saurait tarder. YIZ veut tout contrôler et tout décider. Il est là pour couvrir les magouilles du clan compaore jusqu’à ce que les preuves matérielles soient détruites. Pourquoi LAT qui a signé un décret intimant l’ordre aux forces de sécurité d’user des armes pour rétablir l’ordre se prélasse-i-il dans son village natal, coulant des jours heureux pendant que des parents pleurent leurs progénitures” tombés sur le champ de l’honneur” pour reprendre l’expression du chef de l’Etat? C’est un assassin qui doit répondre de ses actes. Et de suite s’il-vous-plaît! Pourquoi ne pas rouvrir le dossier Norbert ZONGO surtout qu’on sait( à travers les travaux de la CEI ), que c’est le RSP qui a fait le coup? YIZ et KAFANDO auront-ils le courage de “taper dans le fourmilière?” Leur crédibilité en dépend!

    24 novembre 2014

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