HomeSur la braiseNOUVEL ATTENTAT KAMIKAZE AU TCHAD : Comment mettre fin à la tragédie de la burqa ?

NOUVEL ATTENTAT KAMIKAZE AU TCHAD : Comment mettre fin à la tragédie de la burqa ?


16 morts et 80 blessés, c’est le triste bilan provisoire de la dernière attaque terroriste perpetrée par Boko Haram au marché central de N’Djamena, le 11 juillet dernier. Pour déjouer la vigilance des éléments des services de sécurité postés à cet endroit, le kamikaze s’est drapé d’une burqa, se faisant donc passer pour une femme. Un nouveau mode opératoire des fous d’Allah, que les services de sécurité tchadiens devraient désormais intégrer dans leur stratégie de lutte anti-terroriste si n’était déjà fait. Dans les faits, le kamikaze a fait sauter sa ceinture d’explosifs. C’est la deuxième fois, en moins d’un mois, que N’Djamena est frappée en plein coeur, après le double attentat qui avait fait 38 morts le 15 juin à l’école de police et au commissariat central.

A l’instar des autres pays confrontés au péril islamiste, le pays du « soldat Deby » semble désormais entré dans un cycle de violences dont personne ne peut imaginer l’ampleur. L’attentat au marché annonce peut-être une punition à grande échelle du peuple tchadien, une punition qui n’a pas fini de montrer toute son horreur. Ce pays paie aujourd’hui du sang de ses citoyens, l’engagement de son armée dans la lutte contre Boko Haram dans le Nord du Nigeria et bien entendu, celle contre aussi les djihadistes du Mali. Il en est de même pour le Niger qui a aussi connu un nouvel attentat meurtrier qui aura coûté la vie à deux éléments des forces de défense et de sécurité.

Face à une telle menace qui ne surprend guerre les Tchadiens et leurs premières autorités, que faire ? Le Tchad connaît une situation peu enviable. Il faut craindre qu’il ne soit bientôt pris entre deux feux de groupes islamistes qui ont à cœur de se venger. D’un côté, il y a Boko Haram dont les cellules dormantes au Tchad sont déjà passées à l’action ; de l’autre, il y a les djihadistes du Mali qui, pour le moment, contemplent avec délectation les performances macabres de leurs homologues du Nigeria au Tchad. Probablement, en attendant eux aussi de faire parler d’eux au Tchad, en représailles à ce que ce pays leur a fait subir comme pertes au Mali.

Le pouvoir tchadien marche sur des œufs

Idriss Deby Itno a vraiment du souci à se faire. Et ce d’autant plus que ses soldats doivent désormais faire face à des terroristes « solitaires », déterminés à multiplier les actions de guérilla urbaine. Face à cette guerre asymétrique, le Tchad n’a d’autre choix que de faire preuve d’intelligence et de fermeté dans sa stratégie et de prendre des décisions courageuses. En cela, il faut une fois de plus saluer la décision d’interdire le port de la burqa dans les lieux publics, les écoles et sur toute l’étendue du territoire. Le gouvernement tchadien avait donné l’autorisation aux services de sécurité d’entrer dans les marchés, de retirer toutes les burqa qui y sont vendues et de les brûler. Mais, les habitudes ont la peau dure. La population tchadienne brave cette mesure de sécurité prise par son gouvernement. L’une des conséquences directes est cette tragédie au marché central de la capitale. Un drame qu’on pourrait qualifier de « tragédie de la burqa ». Il est clair donc que l’attentat de samedi est une conséquence logique du non- respect de cette mesure pourtant salutaire pour tous. A vrai dire, sur cette question de la burqa, le pouvoir tchadien marche sur des œufs. Car, comment appliquer la mesure anti-burqa sans donner l’impression qu’on touche à un des attributs de l’islam ou qu’on est contre la foi du citoyen tchadien ?

Dans tous les cas, c’est à la population tchadienne de choisir entre la burqa et sa sécurité. Faut-il garder une pratique au risque de permettre à Boko Haram de tuer davantage des citoyens ou respecter l’interdiction du port de la burqa pour préserver sa sécurité ? Le président tchadien est mieux placé pour apprécier. Dans l’intérêt de la population, il ne devrait y avoir ni laxisme ni complaisance dans l’application de la mesure anti-burqa. Même la foi a besoin de sécurité pour être pleinement et dignement vécue.

Michel NANA


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