HomeA la uneOPERATION « CAISSE VIDE » DU SYNTSHA : Le mot d’ordre bien suivi à Banfora

OPERATION « CAISSE VIDE » DU SYNTSHA : Le mot d’ordre bien suivi à Banfora


Selon le secrétaire général du SYNTHSA de la Comoé, Emile Ilboudo, le mot d’ordre de l’opération « caisse vide », décrété par le syndicat depuis le 11 juin 2018 est bien suivi dans la province. Les agents sont à leurs postes et travaillent sans relâche, a-t-il dit. Mais du côté du Centre hospitalier régional (CHR), centre névralgique de la prise en charge des malades, le directeur général rassure que des mécanismes sont mis en place pour éviter que « tout » soit gratuit.

 

Le deuxième jour de l’opération « caisse vide » décrétée par le SYNTSHA a coïncidé avec le mot d’ordre de sit-in des organisations syndicales qui n’épousent pas l’organisation de la conférence des forces vives de la Nation sur la rationalisation du système de rémunération des agents publics de l’Etat. Conséquence, de 8h à 11h, les patients qui se sont présentés au  Centre hospitalier régional (CHR) de Banfora n’ont pas bénéficié de soins entre ces deux heures de prises en charge. Sans doute, ce débrayage a eu des conséquences sur le reste de la journée puisque vers 16h à notre passage, le service des urgences de ce centre qui est d’habitude pris d’assaut était désert même si les agents qui assuraient la permanence et autres astreintes étaient à leurs postes de travail. Au laboratoire, quelques accompagnants que nous avons trouvés, attendaient les résultats des examens de leurs parents souffrants et l’agent qui assurait la

permanence menait ses activités comme, nous dira-t-il, à l’accoutumée. La seule différence, fait-il noter, « c’est qu’aujourd’hui,  nous ne referons personne à la caisse ». Emile Ilboudo, SG du SYNTSHA Comoé, explique que l’opération caisse vide a commencé le 11 juin 2018 et se poursuivra jusqu’au 18 juin.  A l’entendre, c’est une forme de lutte que le SYNTSHA utilise de temps en temps et si sa mémoire lui est fidèle, la dernière fois qu’elle a été utilisée remonte à 2014. «Si nous revenons sur ça après plusieurs années, c’est parce que nous avons un certain nombre d’objectifs. Actuellement, la population peut ne pas comprendre le SYNTSHA parce que nous sommes dans un secteur très sensible. Cette lutte n’a pas pour objectif de vider les caisses de l’Etat, mais c’est une forme de sensibilisation que nous voulons envers la population pour que celle-ci comprenne que ce que nous poursuivons c’est pour le bien de tout le monde», a  expliqué M. Ilboudo. Et de poursuivre que «si les travailleurs sont dans de bonnes conditions matérielles de travail, c’est pour le bonheur de la population puisque les soins seront de qualité. A travers cette lutte, nous voulons amener le gouvernement à la table pour des négociations franches. Il faut se dire qu’actuellement, le gouvernement ne veut plus négocier. Et pourtant, tout le monde peut constater que le syndicat a été très patient. Mais à chaque fois que nous cherchons à rencontrer le gouvernement, la négociation n’est pas franche, il nous tourne en rond sans pouvoir donner d’échéance quant à la mise en œuvre des accords auxquels nous sommes parvenus». Selon le SG du SYNTSHA qui s’exprimait ainsi, ce mot d’ordre est très bien suivi. «Hors mis le sit-in de ce 12 juin qui a duré de 8h à 11h, les agents sont à leurs postes et travaillent sans relâche sauf que l’ensemble des actes qui sont posés sont gratuits. On ne fait pas payer quelqu’un à la caisse et nous avons prévenu les éventuels agents indélicats qui se feront prendre en train, de racketter les patients», a précisé Emile Ilboudo.

« Notre établissement est touché par l’opération caisse vide »

 

De son côté, le DG du CHR de Banfora, Désiré Ky, que nous avons rencontré à son bureau, relate que les effets du mot d’ordre se font certes sentir, mais il rassure tout de même que des mesures sont prises pour parer à certaines insuffisances occasionnées. «Il faut dire que notre établissement est touché par l’opération caisse vide. Mais en interne, nous avons trouvé un mécanisme pour que les actes qui entraînent une consommation d’intrants soient effectivement payés. Cela a bien fonctionné au premier jour mais aujourd’hui en raison du sit-in décrété par les organisations syndicales qui s’est déroulé de 8h à 11h, nous avons senti un peu plus les effets de cette lutte», a confié Désiré Ky qui  espère que la tendance observée au premier jour se maintienne durant toute la semaine. Du côté des patients et des accompagnants, cette situation peu fréquente est jugée dangereuse même si pour l’heure, certains se frottent les mains.  Yassia Sagnon qui a accompagné son frère souffrant depuis le village de Tiéfora 3 atteste qu’ils sont arrivés aux urgences médicales du CHR sur le coup de midi. «Dès notre arrivée, nous n’avons pas trouvé grand monde. Très rapidement, la prise en charge de mon frère par les agents de santé a commencé sans que le moindre sous ne nous ait été demandé. Je reviens même du laboratoire où ils ont effectué des examens de sang. Là également, je n’ai rien payé. Avant, quand tu venais avec tes bulletins d’examen, c’est après présentation des reçus de paiement à la caisse que tu obtiens les résultats. Mais aujourd’hui, il n’en est rien. En tout cas, c’est une opération qui m’a soulagé aujourd’hui mais je m’interroge pour les jours à venir. Si le gouvernement ne récupère pas ce qu’il a injecté dans l’achat des réactifs, comment allons faire si le stock fini ?», s’est interrogé Yassia Sagnon.

 

Mamoudou TRAORE (Correspondant)

 

 


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